Gymnastique américaine : Nassar condamné à une peine de 40 à 175 années de prison

Larry Nassar, JEFF KOWALSKY / AFP 1280
"Ce que je ressens n'est rien par rapport à la douleur, le traumatisme et la destruction émotionnelle que vous ressentez", a déclaré l'ostéopathe de 54 ans. © JEFF KOWALSKY / AFP
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avec AFP , modifié à
"Je viens de signer votre arrêt de mort", a déclaré la juge Rosemarie Aquilina, après avoir prononcé la peine.

L'ex-médecin sportif Larry Nassar, accusé de multiples abus sexuels sur des gymnastes, passera le reste de sa vie en prison après avoir été condamné à l'issue d'un procès historique où les victimes ont livré des témoignages poignants de leur vie brisée.

"Je viens de signer votre arrêt de mort", a lancé la juge Rosemarie Aquilina en prononçant une peine allant de 40 à 175 années de prison pour sept chefs d'inculpation. Cette sentence s'ajoute à une condamnation à 60 ans de réclusion pour pédopornographie, un autre volet de l'affaire qui a secoué le monde de la gymnastique américaine. La juge a remercié les "survivantes" qui se sont succédé pour témoigner lors de ce procès hors-norme tenu à Lansing.

Nassar s'excuse auprès des victimes. Au total, le tribunal a reçu près de 160 témoignages de victimes dont certaines, parmi les plus connues de la discipline, ont raconté à l'audience leur calvaire et la difficulté pour se reconstruire après avoir été "manipulées". Dans une courte déclaration, Larry Nassar s'est excusé pour "la douleur, le traumatisme et la destruction émotionnelle" qu'il a fait subir à ses victimes.

Le médecin, considéré comme un "faiseur de miracles", a agi en toute impunité pendant près de deux décennies, jusqu'aux premières révélations en 2016. L'affaire a fait tomber plusieurs têtes au sein de la Fédération américaine de gymnastique, USA Gymnastics, accusé d'avoir tardé à dénoncer les agissements de son médecin-chef. Et le comité national olympique, où Nassar officiait également, est désormais dans la ligne de mire.

L'instance dirigeante du sport universitaire, la NCAA, a aussi ouvert mardi une enquête sur la conduite de Larry Nassar au sein de l'équipe médicale de l'Université du Michigan (MSU), alors que plusieurs plaintes de gymnastes n'ont pas eu de suites. Taylor Livingston, une gymnaste, a raconté son "combat quotidien" contre le sentiment de culpabilité de n'avoir pas révélé les abus à son père, décédé l'an dernier.

Le Comité olympique américain lance une enquête indépendante

Le Comité olympique américain (Usoc) a annoncé qu'il allait lancer une enquête indépendante sur les abus sexuels commis par Larry Nassar. "Cette enquête menée par une troisième partie indépendante doit déterminer comment des abus d'une telle ampleur n'ont pas été détectés pendant aussi longtemps", a expliqué le directeur général de l'Usoc, Scott Blackmun. "Nous devons savoir qui savait quoi et quand", a-t-il poursuivi dans une lettre ouverte adressée à l'ensemble des sportifs américains.

Dans ce courrier, l'Usoc, critiqué avec virulence par les gymnastes qui ont témoigné durant le procès Nassar et par les stars de la discipline comme Simone Biles, a également présenté ses excuses. "Le but de ce message est de dire à toutes les victimes et survivantes de Nassar, directement, combien nous sommes désolés de ce qu'il s'est passé", a écrit Scott Blackmun.

"Nous sommes désolés du mal que vous a fait cet homme horrible, nous sommes désolés que vous n'avez pas pu évoluer dans un environnement sûr pour atteindre vos rêves sportifs, la famille olympique fait partie de ceux qui vous ont trahis", a admis le patron de l'Usoc. "Je sais que ces excuses ne sont pas suffisantes, aussi, nous avons pris des mesures au sein de l'Usoc et des fédérations nationales pour que cela ne se reproduise plus", a-t-il insisté.

Outre la mise en place d'une commission d'enquête indépendante, le Comité olympique américain veut changer "la culture" au sein de la gymnastique et de sa fédération en renouvelant sa direction, réclamant la démission de tous les dirigeants actuels alors que trois membres de la direction ont déjà démissionné lundi.