Marioupol 0:25
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avec AFP , modifié à
L'ONU a appelé dimanche à une trêve "immédiate" à Marioupol, pour permettre l'évacuation de quelque 100.000 civils encore coincés dans ce port ukrainien presque entièrement contrôlé par l'armée russe, alors que les chefs de la diplomatie et de la défense des États-Unis sont attendus ce dimanche à Kiev.
L'ESSENTIEL

Les chefs de la diplomatie et de la défense des États-Unis ont rencontré dimanche à Kiev le président ukrainien Volodymyr Zelensky, deux mois exactement après le début de l'invasion russe de l'Ukraine, qui a célébré tristement la Pâques orthodoxe. "Les Américains sont à Kiev aujourd'hui. Ils discutent en ce moment même avec le président", a déclaré en soirée sur Youtube un conseiller du président ukrainien, Oleksiï Arestovitch. La venue à Kiev du secrétaire d'Etat Antony Blinken et du ministre de la Défense Lloyd Austin est la première de dirigeants américains depuis le début du conflit. Elle intervient après celles de plusieurs dirigeants européens ces dernières semaines.

Les informations à retenir :

  • L'Ukraine propose à la Russie des pourparlers à côté du site d'Azovstal à Marioupol
  • L'ONU a appelé dimanche à une trêve "immédiate" à Marioupol
  • Pas de trêve pour Pâques
  • Des dirigeants américains à Kiev
  • Des bombardements toute la journée
  • Plus de 5,5 millions d'Ukrainiens déplacés

Le président Zelensky avait annoncé samedi qu'ils venaient discuter de livraisons d'armes américaines à l'Ukraine. "L'amitié et la collaboration entre l'Ukraine et les Etats-Unis sont plus fortes que jamais", s'est-il félicité dimanche en fin de soirée sur Twitter.

Oleksiï Arestovitch a répété sur Youtube l'envie de Kiev de se voir livrer "des armes offensives": "Tant qu'on ne pourra pas contre-attaquer, il y aura un 'nouveau Boutcha' tous les jours", a-t-il lancé, faisant allusion à cette ville de la banlieue nord-ouest de Kiev devenue symbole des atrocités commises lors de l'occupation russe de la région en mars.

Le secrétaire d'État Antony Blinken et le ministre de la Défense Llyod Austin doivent arriver dimanche à Kiev ont discuté des livraisons d'armes américaines à l'Ukraine, a annoncé samedi le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Le président les voudrait "encore plus lourdes et puissantes" face à l'armée russe, a-t-il dit lors d'une conférence de presse dans une station de métro du centre-ville de Kiev.

La Pologne a déjà pour sa part fourni pour 1.6 milliard de dollars d'armes à l'Ukraine, a précisé son Premier ministre Mateusz Morawiecki. Et les pays de l'OTAN commencent à fournir des lance-missiles S300 à Kiev pour ses défenses aériennes. Mais Kiev aura aussi besoin d'autres armes sophistiquées, notamment des obusiers Howitzer, selon des experts. La France a aussi annoncé livrer des missiles antichars Milan et des canons Caesar. Des militaires ukrainiens seront formés en France à leur maniement à partir de samedi.

L'Ukraine propose à la Russie des pourparlers à côté du site d'Azovstal à Marioupol

L'Ukraine a proposé à la Russie des pourparlers à côté du vaste complexe métallurgique Azovstal à Marioupol (sud-est), où sont toujours retranchés des combattants et des civils ukrainiens dans une ville en grande partie sous contrôle russe, a annoncé dimanche la présidence ukrainienne.

"Nous avons invité les Russes à tenir une session spéciale de pourparlers juste à côté du site d'Azovstal", a déclaré lors d'un briefing un conseiller de Volodymyr Zelensky, Oleksiï Arestovitch, indiquant "attendre la réponse" de la délégation russe.

L'ONU appelle à une trêve "immédiate" à Marioupol pour évacuer les civils

L'ONU a appelé dimanche à une trêve "immédiate" à Marioupol, pour permettre l'évacuation de quelque 100.000 civils encore coincés dans ce port ukrainien presque entièrement contrôlé par l'armée russe. "Il faut une pause dans les combats tout de suite pour sauver des vies. Plus nous attendons, plus les vies seront menacées. Ils doivent être autorisés à évacuer maintenant, aujourd'hui. Demain, ce sera trop tard", a affirmé le coordinateur de l'ONU en Ukraine Amin Awad dans un communiqué.

Kiev avait indiqué plus tôt dimanche que les forces russes continuaient à bombarder l'immense complexe métallurgique Azovstal, ultime poche de résistance des combattants ukrainiens où se sont réfugiés des civils.

Pas de trêve pour Pâques

Les appels à une trêve pour le week-end pascal des chrétiens orthodoxes s'étaient multipliés ces derniers jours, sans réussir à réduire les combats qui se sont poursuivis. À Athènes, en Grèce, où plus de 22.000 Ukrainiens se sont réfugiés depuis le début de la guerre, la priorité était donnée, dimanche, aux festivités religieuses. "Personne, ni Poutine, ni aucun autre dictateur, ni le diable, n'a le droit de nous enlever la joie de célébrer Pâques tous ensemble", a prêché le jeune prêtre ukrainien Roman Skripnyuk devant une centaine d'Ukrainiens de confession orthodoxe. La cérémonie a eu lieu dans l'Église catholique de la Sainte Trinité, dans le quartier athénien d'Aghios Nikolaos.

Ce pays partage les mêmes traditions orthodoxes, et pour les Ukrainiens présents à cette cérémonie rappelle l'environnement chaleureux des festivités d'avant-guerre. Mais certains visages paraissaient sombres et marqués. "Nous sommes tristes parce que nous ne sommes pas chez nous avec nos proches, comme nous le ferions d'habitude pour Pâques", a noté Maria Chuprina, 30 ans, arrivée d'Izmaïl dans la région d'Odessa avec son mari Oleksi et leurs enfants, Maxim et Milana.

"Sauvez tous les Ukrainiens!"

"Sauvez tous les Ukrainiens!" a lancé dimanche Volodymyr Zelensky dans un message pour la fête de Pâques. Il en a appelé au jugement de Dieu, énumérant une longue liste de localités, dont Boutcha, Irpin et Borodianka, où Kiev accuse les Russes d'avoir commis des atrocités contre des civils. "Nos âmes sont remplies d'une haine ardente pour les envahisseurs et tout ce qu'ils ont fait", a-t-il poursuivi. "Transformez-la en force bénéfique pour défaire les forces du mal."

La visite de messieurs Blinken et Austin intervient alors que la poursuite des combats a assombri les cérémonies de Pâques, malgré les multiples appels à une trêve. Le pape François a renouvelé dimanche son appel à une trêve et à l'arrêt des attaques contre "des populations épuisées". Dans la petite église de Lyman (est), sous le feu régulier des obus russes, une cinquantaine de civils s'étaient regroupés dès l'aube, alors que le grondement de l'artillerie se faisait entendre.

"Si nous faisons les mauvais choix, les ténèbres nous ruineront, comme les ténèbres nous détruisent pendant cette guerre", a déclamé le prêtre dans son sermon.

Des bombardements toute la journée

Dans l'est et le sud de l'Ukraine, occupés en grande partie par les forces russes, de violents combats se poursuivent. Samedi matin, l'armée russe a dit avoir procédé durant les dernières 24 heures à 1.098 frappes avec de l'artillerie et des roquettes. "Ils bombardent littéralement tout (...) tout le temps, H24", a écrit sur sa chaîne Telegram le gouverneur de la région de Lougansk (est), Serguiï Gaidai, appelant la population à évacuer. Il a ensuite annoncé deux morts à Zolote après des tirs d'artillerie russe.

Et dans la région de Lougansk, dans l'est de l'Ukraine, six civils ont trouvé la mort, victimes de frappes russes près du village de Guirské. Selon Volodymyr Zelensky, "sept missiles ont visé Odessa" samedi, dont un qui "a touché un immeuble d'habitations" et "deux qui ont été abattus" par le système de défense antiaérienne ukrainienne.

Au moins huit personnes ont été tuées dans des frappes russes sur la ville portuaire du sud, selon un bilan fourni par la présidence ukrainienne. L'armée russe a affirmé pour sa part avoir visé avec des "missiles de haute précision" un terminal logistique de l'aérodrome militaire près d'Odessa abritant des armes livrées aux forces ukrainiennes par les États-Unis et des pays européens.

Guterres à Ankara

En parallèle, les négociations de paix restent à un stade embryonnaire, d'autant que la Russie semble, pour l'instant, n'avoir pas atteint ses objectifs militaires. Volodymyr Zelensky a tout de même de nouveau appelé à rencontrer son homologue russe Vladimir Poutine "pour mettre fin à la guerre".

Concernant le sort de combattants ukrainiens retranchés depuis plusieurs semaines dans le complexe métallurgique Azovstal de Marioupol, port stratégique quasi rayé de la carte après l'offensive russe, Volodymyr Zelensky a prévenu que Kiev abandonnerait les négociations avec Moscou si ces derniers étaient tués par l'armée russe.

Il s'est aussi dit "prêt" à "un échange de nos militaires qui défendent Marioupol", sous "n'importe quel format", pour sortir "ces gens qui se trouvent dans une situation horrible, encerclés". Lundi, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres ira en Turquie, important médiateur dans le conflit en Ukraine, avant de se rendre à Moscou et à Kiev, a indiqué dimanche l'organisation.

Plus de 5,5 millions d'Ukrainiens ont été déplacés

Une chronologie dénoncée par le président ukrainien qui a critiqué la décision d'Antonio Guterres de se rendre d'abord à Moscou et ensuite seulement à Kiev, déclarant qu'il n'y avait "aucune justice et aucune logique dans cet ordre". "La guerre est en Ukraine, il n'y a pas de cadavres dans les rues de Moscou. Il serait logique d'aller d'abord en Ukraine, pour voir les gens là-bas, les conséquences de l'occupation", a déclaré le président ukrainien.

L'ONU a également répertorié, vendredi, une série d'actions des militaires russes "pouvant relever de crimes de guerre". Ankara tente actuellement d'organiser un sommet à Istanbul entre Volodymyr Zelensky et Poutine, bien que les responsables turcs admettent que les perspectives de tels pourparlers restent actuellement faibles.

Les troupes russes, qui se sont retirées fin mars de la région de Kiev et du nord de l'Ukraine, cherchent à "établir un contrôle total sur le Donbass et le sud de l'Ukraine", a affirmé un haut responsable militaire russe. Le nombre de réfugiés fuyant l'invasion russe approche des 5,2 millions, selon l'ONU. Plus de 7.7 millions de personnes ont quitté leur foyer, mais se trouvent toujours en Ukraine.

L'OSCE inquiète pour ses membres

L'OSCE s'est dite dimanche "extrêmement inquiète" après l'arrestation en Ukraine, dans les territoires séparatistes prorusses, de certains des membres de sa mission.

Peu après l'invasion russe le 24 février, l'organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) avait évacué plusieurs centaines d'observateurs issus de dizaines de pays qui surveillaient le cessez-le-feu depuis 2014. Mais restaient sur place des employés ukrainiens, dont "un certain nombre sont détenus à Donetsk et Lougansk", a indiqué l'OSCE, disant "utiliser tous les canaux disponibles pour faciliter leur libération".