François Cornut-Gentille, spécialiste des questions de défense et membre honoraire du Parlement est l'invité d'Europe 1 ce vendredi matin. 5:25
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Après plus d'un an d'invasion russe en Ukraine, la question d'une escalade du conflit à l'échelle mondiale inquiète toujours les dirigeants. François Cornut-Gentille, spécialiste des questions de défense et membre honoraire du Parlement, pointe sur Europe 1 les faiblesses de l'armée française et la nécessité d'une adaptation rapide des méthodes de combat.
INTERVIEW

La France serait-elle apte à entrer en guerre si nécessaire ? Avec l'intensité des combats en Ukraine, un an après l'invasion russe, la question d'une implication française revient régulièrement si la situation venait à s'envenimer. Pour François Cornut-Gentille, spécialiste des questions de défense et membre honoraire du Parlement, si la France possède une belle armée, le pays "n'est pas prêt à un conflit sérieux et de haute intensité".

La France ne tiendrait que "quelques jours" face à une invasion russe

"C'est le paradoxe : on a de bons militaires, on a des équipements de bons niveaux mais on n'est quand même pas prêt. Comme on ne voyait pas de menaces ces dernières années on a baissé la garde", confie-t-il sur Europe 1. Et selon le think tank américain Rand Corporation, les forces françaises ne seraient pas en état de faire face plus de quelques jours à une méga offensive russe à cause de la faiblesse de ses stocks.

Un constat qui n'est pas nouveau pour le spécialiste. "C'est déjà ce que disait le général De Villiers au moment de quitter son poste. Les militaires tirent la sonnette d'alarme depuis un certain temps. Ce qui me frappe c'est qu'avec le conflit en Ukraine, le grand public a compris que la guerre n'est pas que dans les livres d'Histoire, que ça peut nous concerner car on ne sait pas comment celle-ci va s'arrêter", souligne-t-il, même si pour lui, la prise de conscience n'est pas totale du fait de la distance des combats.

Quelles leçons à tirer ?

Le conflit en Ukraine s'illustre par une utilisation sans précédent de hautes technologies comme les drones. Mais pour François Cornut-Gentille, il ne faut pas pour autant oublier l'essence de la guerre : le terrain. "C'est un mélange très complexe. Mais effectivement, selon les traditions militaires, vous en avez qui sont plus tournés vers la recherche technologique, l'innovation à tout prix et d'autres qui sont plutôt sur la rusticité. Mais en fait, à chaque époque, en fonction de la menace, en fonction de l'ennemi potentiel, il faut voir quel est le bon dosage", analyse le spécialiste.

Et même si les armées françaises bénéficieront d'un budget de 400 milliards d'euros sur la période 2024-2030, dans le cadre de la future loi de programmation militaire, l'effort reste "très insuffisant". "Le gap entre les forces françaises, anglaises et allemandes - qui se tiennent actuellement - va s'accroître et il y a un risque de décrochage", prévient-il. "On paie le prix de ne pas connaître nos priorités".