Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 274e jour de l'invasion russe

Coupure électricité Ukraine
Des milliers de personnes sont privées de courant après de nouvelles frappes russes. © Metin Aktas / ANADOLU AGENCY / Anadolu Agency via AFP
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Europe 1 avec AFP , modifié à
Au 274e jour de la guerre, de nouvelles frappes russes ont provoqué d'importantes coupures de courant et d'eau, notamment dans Kiev. De son côté, le Parlement européen a qualifié la Russie "d'Etat promoteur du terrorisme" au cours d'un vote, quasiment neuf mois après le début du conflit. 
L'ESSENTIEL

Des frappes russes sur les infrastructures ukrainiennes ont entraîné des coupures massives d'électricité et d'eau notamment dans la capitale Kiev, faisant au moins six morts, décriées mercredi par Volodymyr Zelensky comme des "crimes contre l'humanité" devant le Conseil de sécurité de l'ONU. Selon l'armée de l'air ukrainienne, la Russie a tiré environ 70 missiles de croisière sur l'Ukraine, dont 51 ont été abattus, et envoyé cinq drones kamikazes. Ils ont visé des infrastructures stratégiques, au moment où des températures hivernales s'installent en Ukraine.

Intervenant par visioconférence devant le Conseil de Sécurité de l'ONU, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé un "crime contre l'humanité". "Avec des températures en dessous de zéro, plusieurs millions de gens sans fourniture d'énergie, sans chauffage et sans eau, il s'agit évidemment d'un crime contre l'humanité", a fustigé Volodymyr Zelensky lors d'une brève déclaration, durant une réunion d'urgence qu'il avait lui-même réclamée.

Les principales informations :

  • Volodymyr Zelensky a dénoncé un "crime contre l'humanité" après des frappes russes sur des infrastructures ukrainiennes 
  • Plusieurs villes ukrainiennes dont Kiev privées d'électricité
  • Trois centrales nucléaires ukrainiennes ont été reconnectées au réseau électrique 
  • Le Parlement européen a qualifié la Russie d'"Etat promoteur du terrorisme"
  • Des échanges de prisonniers ukrainiens et russes ont eu lieu

L'ambassadeur français à l'ONU Nicolas Rivière a qualifié les frappes russes de "violation manifeste du droit international humanitaire" et réaffirmé le soutien de la France à l'Ukraine, lors de ce Conseil de sécurité. "Incapable de gagner dans un combat loyal avec l'armée ukrainienne, la Russie livre une guerre de terreur lâche contre les civils", a pour sa part dénoncé le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba. "La terreur russe échouera. L'Ukraine gagnera".

Le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a quant à lui dit mercredi que le Kremlin ne doutait pas du "succès" de son offensive en Ukraine, malgré les revers des derniers mois sur le terrain. Selon le chef de la police ukrainienne, Igor Klymenko, les bombardements russes de mercredi ont fait au moins six morts et 36 blessés. A Kiev, "trois personnes ont été tuées. Parmi elles figure une jeune fille de 17 ans", a indiqué le maire de la capitale, Vitaly Klitschko.

Il avait annoncé un peu plus tôt que des infrastructures avaient été touchées et que l'approvisionnement en eau avait été "suspendu dans tout Kiev" à cause des bombardements. Des travaux ont permis dans la soirée de rétablir le courant sur la rive droite de Kiev, selon les autorités régionales.

La Russie qualifiée d'"Etat promoteur du terrorisme" par le Parlement européen

A Lviv, dans l'ouest de l'Ukraine, l'électricité est partiellement revenue, mais avec des coupures périodiques, d'après les autorités. La deuxième ville du pays, Kharkiv, dans le nord-est, restait, pour sa part, sans courant dans la soirée. Autre conséquence directe de ces frappes russes, la Moldavie, déjà en proie à d'importants problèmes énergétiques causés par la guerre en Ukraine, était victime de "pannes d'électricité massives", a déploré son vice-Premier ministre, Andreï Spinu.

Sur le front diplomatique, le Parlement européen a qualifié mercredi la Russie d'"Etat promoteur du terrorisme", au cours d'un vote quasiment neuf mois jour pour jour après le début de l'invasion russe de l'Ukraine. Ce vote a été rapidement salué par le président Zelensky pour qui "la Russie doit être isolée à tous les niveaux et tenue pour responsable afin de mettre fin à sa politique terroriste".

Le Parlement européen a ensuite annoncé que son site internet avait été la cible d'une cyberattaque revendiquée par un "groupe pro-Kremlin". La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a de son côté proposé de qualifier le Parlement européen de "promoteur de l'idiotie".

Trois centrales nucléaires reconnectées au réseau électrique 

Les trois centrales nucléaires ukrainiennes sous contrôle de Kiev ont pu être reconnectées au réseau électrique, après en avoir été coupées la veille à la suite de frappes massives russes, a annoncé jeudi le ministère de l'Energie. "Après les bombardements massifs d'hier, les travailleurs du secteur énergétique ont pu (...) reconnecter trois centrales nucléaires au réseau électrique dans la matinée", a indiqué le ministère sur Telegram précisant que ces installations devraient commencer à livrer de l'électricité d'ici "ce soir".

Il s'agit des centrales de Khmelnytsky et Rivné (Ouest) et de celle de Pivdennooukraïnsk (Sud), qui ont été déconnectées par le système de protection automatique à la suite des frappes russes ayant touché nombre d'installations électriques ukrainiennes. "S'il n'y a pas de nouvelles frappes, nous allons pouvoir réduire considérablement le manque (d'électricité) dans le système énergétique d'ici la fin de la journée", a estimé le ministre Guerman Galouchtchenko cité dans le communiqué de son ministère.

Dans l'ensemble du pays, "la situation est généralement difficile" mais dans certaines régions, "l'approvisionnement en électricité a déjà augmenté", a assuré Guerman Galouchtchenko selon lequel les "infrastructures critiques à travers le pays" ont pu être reconnectées au réseau électrique. Le maire de Kiev, Vitaly Klitschko, a de son côté annoncé sur Telegram qu'une proportion de "70% de la capitale restait sans électricité dans la matinée".

Echange de prisonniers entre Moscou et Kiev

Ailleurs en Ukraine, un bébé "né il y a deux jours" a été tué dans la nuit dans une frappe russe sur une maternité à Vilniansk, dans la région de Zaporijjia (sud), ont déclaré les secours à l'AFP. Malgré des combats toujours violents, dans l'est notamment, Moscou et Kiev continuent d'échanger des prisonniers de guerre. "Un autre échange a eu lieu aujourd'hui avec Kiev selon la formule 35 pour 35", a affirmé mercredi un haut dirigeant de l'autorité d'occupation russe, Denis Pouchiline.

Les prisonniers ukrainiens libérés sont "22 gardes nationaux, huit gardes-frontières, quatre soldats de la marine, un gars des forces armées" et également un civil "amputé" d'une jambe, a précisé le chef de cabinet de la présidence ukrainienne, Andriï Iermak. Le président français Emmanuel Macron a annoncé mercredi qu'il aurait "un contact direct" avec son homologue russe Vladimir Poutine "dans les prochains jours", en particulier sur le nucléaire civil ukrainien, source d'inquiétude.

Mais M. Peskov a dit qu'il n'y avait pour l'heure "aucun accord" ni aucune "proposition concrète" sur un tel entretien téléphonique. Les Etats-Unis ont quant à eux annoncé une nouvelle aide militaire de 400 millions de dollars à l'Ukraine pour des armes, des munitions et des équipements de défense antiaérienne supplémentaires. Le Royaume-Uni a envoyé un premier hélicoptère Sea King en Ukraine et prévoit d'en fournir deux autres.

Moscou a distribué 80.000 passeports russes 

La Russie a annoncé jeudi avoir distribué des passeports russes à plus de 80.000 habitants de quatre zones d'Ukraine qu'elle affirme avoir rattachées à son territoire, des annexions non reconnues par la communauté internationale. "Depuis que les quatre régions ont été ajoutées à la Fédération de Russie, et conformément à la loi, plus de 80.000 personnes ont reçu un passeport en tant que citoyens de la Fédération de Russie", a déclaré le ministère russe de l'Intérieur, cité par les agences de presse locales.

En septembre, la Russie a organisé des "référendums", dénoncés comme des "simulacres" par les pays occidentaux, visant à faire siennes les zones qu'elles contrôle en Ukraine dans les régions de Donetsk et Lougansk (est), ainsi que Zaporijjia et Kherson (sud). Ces annexions, entérinées par Moscou début octobre, ont été vivement condamnées par la communauté internationale, et ne sont pas reconnues. Depuis l'annonce de ces rattachements, les forces russes ont en outre cédé du terrain face à l'armée ukrainienne, se retirant par exemple de la capitale régionale de Kherson.

A l'ONU, Volodymyr Zelensky dénonce un "crime contre l'humanité" après des frappes russes

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé mercredi devant le Conseil de sécurité des Nations unies un "crime contre l'humanité" perpétré selon lui par la Russie qui s'est attaquée aux infrastructures énergétiques ukrainiennes. "Avec des températures en dessous de zéro, plusieurs millions de gens sans fourniture d'énergie, sans chauffage et sans eau, il s'agit évidemment d'un crime contre l'humanité", a fustigé M. Zelensky lors d'une brève déclaration devant le Conseil de sécurité via une liaison vidéo durant une réunion d'urgence qu'il avait lui-même réclamée.

Neuf mois après l'invasion russe de son pays le 24 février, le président Zelensky a dénoncé la "formule de terreur" imposée par les forces armées de Moscou. Face à un Conseil de sécurité de l'ONU impuissant, il a estimé que la communauté internationale ne pouvait "pas être l'otage d'un (Etat) terroriste international", en allusion au droit de veto de Moscou qui bloque toute résolution contre l'agression russe en Ukraine.

"Le meurtre de civils, la destruction d'infrastructures civiles sont des actions terroristes. L'Ukraine continue d'exiger une réponse déterminée de la communauté internationale à ces crimes", avait écrit plus tôt sur Twitter le chef de l'Etat ukrainien en réclamant une réunion d'urgence des 15 membres du Conseil de sécurité.