Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 211ème jour du conflit

Un référendum d'annexion doit se tenir vendredi dans la région de Kherson.
Un référendum d'annexion doit se tenir vendredi dans la région de Kherson. © Maciek Musialek / NurPhoto / NurPhoto via AFP
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avec AFP , modifié à
Sous le feu des critiques internationales, la Russie préparait jeudi des votes d'annexion prévu à partir de vendredi dans quatre régions d'Ukraine, tandis que de nombreux Russes quittaient leur pays pour échapper à une éventuelle mobilisation sur le front ukrainien. Europe 1 fait le point sur la situation.
L'ESSENTIEL

Au lendemain de l'annonce de la mobilisation de 300.000 soldats supplémentaires, et des menaces de recours à l'arme nucléaire proférées par Vladimir Poutine, la Russie, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, devrait défendre au Conseil de sécurité de l'ONU son projet d'annexion et son invasion de l'Ukraine, alors que l'offensive entre dans son 211e jour. Les territoires d'Ukraine sous contrôle russe et Moscou ont affirmé que les votes d'annexion par la Russie prévus à partir de vendredi auraient bien lieu malgré le tollé international qu'ils suscitent.

Les informations à retenir :

- Des référendums d'annexions organisés dans quatre régions ukrainiennes à partir de vendredi

- Poutine prêt à utiliser "tous les moyens" dans son arsenal

- La Russie devrait défendre son invasion de l'Ukraine au Conseil de l'ONU

- Des manifestations en Russie après l'annonce de la mobilisation partielle

Volodymyr Zelensky appelle les Russes à la mobilisation

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exhorté jeudi les Russies à "protester" contre la mobilisation sur le front ukrainien annoncée par le Kremlin ou à "se rendre" aux forces de Kiev.

"55.000 soldats russes ont été tués dans cette guerre en six mois (...) Vous en voulez davantage? Non? Alors protestez! Luttez! Fuyez! Ou rendez-vous" à l'armée ukrainienne, a-t-il lancé en russe dans son adresse vidéo traditionnelle.

Les quatre régions de l'Ukraine soumises à des référendums d'annexions

De vendredi à mardi, quatre régions du sud et de l'est de l'Ukraine sous contrôle total ou partiel de Moscou voteront dans des scrutins organisés dans l'urgence pour être annexés par la Russie, des "simulacres" de référendums dénoncés en Occident. Même la Chine, proche de Moscou, a émis des critiques, appelant au respect de l'intégrité territoriale des Etats. Les autorités prorusses installées dans ces territoires et Moscou ont néanmoins promis que la procédure irait de l'avant.

"Le vote commence demain et rien ne pourra l'empêcher", a souligné à la télévision russe le chef de l'administration d'occupation de la région de Kherson, dans le sud de l'Ukraine, Vladimir Saldo. L'instance électorale des séparatistes prorusses de Donetsk, dans l'est, a elle indiqué que "par souci de sécurité" le scrutin serait organisé quasiment en porte-à-porte, "devant les habitations" durant quatre jours, les bureaux de vote n'ouvrant "que le dernier jour", soit le 27 septembre.

L'ex-président russe et numéro deux du Conseil de sécurité du pays, Dmitri Medvedev, a lui affirmé sur Telegram que les régions séparatistes de Lougansk et Donetsk (est), qui forment le bassin du Donbass, ainsi que Kherson et Zaporijjia (sud), "intègreront la Russie". Il a ajouté que son pays est prêt à une frappe nucléaire sur l'Occident si nécessaire : les missiles "hypersoniques russes sont capables d'atteindre leurs buts en Europe et aux Etats-Unis bien plus vite" que les armes occidentales.

Des Russes tentent de quitter le pays

En Russie, l'annonce de la mobilisation a provoqué un afflux de Russes souhaitant quitter le pays, avec des files d'attente rapportées aux frontières terrestres avec plusieurs pays. Aucune estimation du nombre n'était disponible. Une personne, passée en Mongolie, a ainsi raconté à l'AFP sous couvert d'anonymat avoir dû attendre "pendant douze heures" pour passer la frontière en voiture. Les gardes-frontières finlandais ont dit observer une hausse des passages, qui reste cependant modérée. Les Russes ont besoin de visas pour s'y rendre.

 

Alors que la Pologne et les pays baltes ont pris ces dernières semaines des mesures pour restreindre drastiquement l'entrée des Russes sur leur territoire, l'Allemagne s'est de son côté dit jeudi prête à accueillir des déserteurs de l'armée russe "menacés de grave répression". "Celui qui s'oppose courageusement à Poutine et se met ainsi en grand danger peut demander l'asile politique en Allemagne", a déclaré la ministre allemande de l'Intérieur Nancy Faeser.

Aux arrivées de l'aéroport de Erevan en Arménie, des Russes interrogés par l'AFP ont admis avoir fui la mobilisation. Dmitri, 45 ans et un petit sac à la main, dit avoir laissé femme et enfants au pays. "Je ne veux pas mourir dans cette guerre insensée. C'est une guerre fratricide", a-t-il confié, préservant son anonymat.

Poutine prêt à utiliser "tous les moyens" dans son arsenal

Dans une adresse à la nation, le président russe s'était dit mercredi prêt à utiliser "tous les moyens" dans son arsenal face à l'Occident qu'il a accusé de vouloir "détruire" la Russie. "Ce n'est pas du bluff", a-t-il assuré. La doctrine militaire russe prévoit la possibilité de recourir à des frappes nucléaires si des territoires considérés comme russes par Moscou sont attaqués, ce qui pourrait être le cas avec les zones annexées.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a lui estimé que du fait de l'aide militaire occidentale à l'Ukraine, la Russie est "de facto confrontée au bloc de l'Otan".

La Russie sourde aux critiques internationales

Moscou reste donc sans surprise sourd aux critiques, à commencer par celles de l'Américain Joe Biden qui, à la tribune de l'Assemblée générale des Nations Unies, a martelé mercredi que la guerre de Poutine "anéantit le droit de l'Ukraine à exister". Après lui, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé le monde à "châtier" la Russie.

Le Français Emmanuel Macron a lui appelé à résister au "chantage" de Vladimir Poutine : "Notre devoir c'est de tenir notre ligne". En marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York, le chef de l'État a appelé la communauté internationale à "mettre le maximum de pression" sur le président russe. "Je regrette profondément le choix du président Poutine d'entraîner son pays, en particulier la jeunesse, dans la guerre", a-t-il ajouté.

Neuf missiles touchent la ville de Zaporijjia, selon les autorités locales

Sur le terrain, les missiles continuaient de pleuvoir, alors que Vladimir Poutine semble avoir accéléré son projet d'annexion et annoncé la mobilisation de 300.000 réservistes après avoir essuyé en septembre de cinglants revers face à une contre-offensive dans les régions de Kharkiv (nord-est), dans le Donbass (est) et à Kherson (sud).

Entre autres frappes, la ville de Zaporijjia (sud), sous contrôle ukrainien, a été touchée par neuf missiles, selon les autorités locales, qui ont atteint notamment un hôtel, faisant au moins un mort. Les séparatistes prorusses de Donetsk ont eux accusé Kiev d'avoir tiré sur un marché, faisant six morts, des médias locaux diffusant des images d'un bus calciné et d'un cadavre ensanglanté sur la route. Par ailleurs, la Russie a confirmé un très important échange de prisonniers avec l'Ukraine, et l'arrivée en Russie des 55 militaires russes concernés.

Libération de 215 Ukrainiens

La veille, le président Zelensky avait célébré la libération de 215 Ukrainiens, dont des chefs de la défense de l'aciérie d'Azovstal de Marioupol (sud-est), symbole de la résistance ukrainienne, et que Moscou qualifie de "néonazis". Le chef séparatiste de la région de Donetsk, Denis Pouchiline, a lui confirmé la libération d'un richissime politicien ukrainien proche de Vladimir Poutine, Viktor Medvedtchouk. Cet ancien député avait été arrêté mi-avril en Ukraine, soupçonné de trahison en faveur de Moscou.

Alors que l'annonce de la mobilisation des 300.000 réservistes a déclenché une ruée sur les billets d'avion pour quitter le pays selon de nombreux médias, le Kremlin a démenti l'ampleur du phénomène. "Les informations sur une agitation dans les aéroports sont grandement exagérées", a balayé Dmitri Peskov.

Aux arrivées de l'aéroport de Erevan en Arménie, des Russes admettent avoir fui la mobilisation. Dmitri, 45 ans et un petit sac seulement à la main, dit avoir laissé femme et enfants au pays. "Je ne veux pas mourir dans cette guerre insensée. C'est une guerre fratricide", a-t-il confié, préservant son anonymat. A travers la Russie, l'annonce de la mobilisation a déclenché des manifestations improvisées et au moins 1.332 personnes ont été arrêtées mercredi.