Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 209e jour de l'invasion russe

Donetsk
Dans la région de Donetsk, les combats se poursuivent. © Juan BARRETO / AFP
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avec AFP , modifié à
Les autorités installées par Moscou dans quatre régions d'Ukraine ont annoncé mardi la tenue dans l'urgence du 23 et 27 septembre de "référendums" d'annexion par la Russie, en pleine contre-offensive ukrainienne au 209e jour de l'invasion russe. Europe 1 fait le point sur l'évolution de la situation.
L'ESSENTIEL

Au 209e jour de l'invasion russe de l'Ukraine, la présidence ukrainienne a juré elle de "liquider" la menace russe, alors que les autorités installées par Moscou dans quatre régions du pays ont annoncé mardi la tenue dans l'urgence du 23 et 27 septembre de "référendums" d'annexion par la Russie, en pleine contre-offensive ukrainienne. Le ministère de la Défense a comparé ces votes à "l'Anschluss" nazi de l'Autriche en 1938.

Les informations à retenir :

- Des référendums d'annexion dans des régions prorusses du 23 au 27 septembre

- Emmanuel Macron qualifie les référendums annoncés de "parodie"

- "Des référendums fictifs pas acceptables", dénonce Olaf Scholz

- Kiev promet de liquider la "menace" russe dans le Donbass

Des votes à Lougansk, Donestk, Kherson et Zaporijjia

Le président russe Vladimir Poutine a rencontré dans la journée des diplomates étrangers et des responsables de l'industrie de l'armement, signifiant qu'il garderait son cap. Les pouvoirs séparatistes des régions de Lougansk et Donetsk ont annoncé ces votes, tout comme les autorités d'occupation russe de Kherson et Zaporijjia (sud). Ces scrutins, prévus dès cette semaine, interviendront alors que l'Ukraine entrera dans son 8e mois de guerre et que toutes ces zones font l'objet de combats.

Le chancelier allemand Olaf Scholz a jugé que "ces référendums fictifs ne sont pas acceptables". Les Etats-Unis ont dénoncé des "simulacres" électoraux. Le président français Emmanuel Macron a lui fustigé devant l'Assemblée générale des Nations unies "un retour à l'âge des impérialismes et des colonies", peu après avoir qualifié les scrutins annoncés de "parodie".

Des préparatifs depuis plusieurs mois

Ces votes, sur le modèle de celui qui a formalisé l'annexion de la péninsule de Crimée (sud) par la Russie en 2014, dénoncée par Kiev et les Occidentaux, font l'objet de préparatifs depuis plusieurs mois. Le calendrier semble s'être accéléré avec la contre-offensive ukrainienne qui a forcé l'armée russe à la retraite dans le nord-est du pays. Des responsables russes évoquaient jusqu'alors la date du 4 novembre, jour de l'unité nationale russe.

Les dirigeants séparatistes de Lougansk ont annoncé les premiers que le scrutin aurait lieu cette semaine, sur quatre jours à partir de vendredi. Ils ont été suivis du dirigeant séparatiste de Donetsk et des chefs de l'occupation de Kherson et de Zaporijjia. Tous ont demandé à Vladimir Poutine de reconnaître les résultats du vote.

La menace russe sera "liquidée", prévient l'Ukraine

L'Ukraine a prévenu mardi que la menace russe serait "liquidée", le chef de l'administration présidentielle ukrainienne, Andriï Iermak, dénonçant un "chantage" russe motivé par "la peur de la défaite". Dans un tweet, le ministère ukrainien de la Défense a estimé que Moscou répétait le référendum d'annexion de l'Autriche par les nazis en 1938, et qu'elle connaîtrait "le sort d'Hitler de 1945". Le chef de la diplomatie Dmytro Kouleba a assuré que l'Ukraine allait "continuer de libérer ses terres".

Ces annonces interviennent alors que Moscou a subi des revers cuisants début septembre, se retirant de la région de Kharkiv face à la pression des forces de Kiev, fortes des approvisionnements d'armes et équipements occidentaux. L'armée ukrainienne a aussi lancé une contre-offensive sur la région de Kherson dans le sud. Celle-ci est moins fulgurante, mais Kiev y enregistre également des gains. Elle est aussi à l'offensive dans la région de Lougansk (est), que Moscou avait conquise dans sa totalité au printemps au prix de mois de combats meurtriers.

Poutine réclame "d'accélérer les capacités de production" d'armement

Kiev espère ainsi reprendre le village de Bilogorivka, dont la conquête avait coûté cher à la Russie en mai, ses troupes et équipements ayant été décimées en voulant y traverser la rivière Siverskiï Donets. Les images des blindés détruits avaient fait le tour du monde. Vladimir Poutine a lui rencontré mardi les industriels de l'armement et des responsables sécuritaires, réclamant "d'accélérer les capacités de production" pour "au plus vite permettre de livrer les armements nécessaires" à l'armée.

Recevant les lettres de créances de nouveaux ambassadeurs, il a insisté sur le bien-fondé de sa politique étrangère "souveraine", avant l'Assemblée générale des Nations unies qui s'ouvre mardi. Parallèlement la chambre basse du Parlement russe, la Douma, a voté un texte durcissant considérablement les peines de prison encourues par les soldats qui se rendent à l'ennemi, désertent ou commettent des pillages.

Erdogan appelle à une sortie "digne" du conflit

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé mardi devant les Nations unies à trouver une sortie "digne" pour toutes les parties à la guerre en Ukraine. "Ensemble, nous devons trouver une solution diplomatique raisonnable qui offrira aux deux parties une sortie digne de la crise", a déclaré le chef de l'Etat à la tribune de l'Assemblée générale de l'ONU, à New York. "Nous continuerons d'intensifier nos efforts pour mettre fin à la guerre (...) sur la base de l'intégrité territoriale et de l'indépendance de l'Ukraine", a-t-il ajouté.

Le président turc a dit espérer que "la guerre ne puisse l'emporter" et qu'un "processus de paix équitable puisse triompher", en rappelant que par deux fois depuis le début de la guerre, le 24 février, la Turquie avait réussi à réunir les représentants de la Russie et de l'Ukraine à Antalya (sud) et à Istanbul.

Les peines de prison des soldats russes qui se rendent durcies

Parallèlement, la chambre basse du Parlement russe a voté un texte durcissant considérablement les peines de prison encourues par les soldats qui se rendent à l'ennemi, désertent ou commettent des pillages. Mardi matin, l'ex-président Dmitri Medvedev et actuel numéro deux du Conseil de sécurité russe avait jugé que les "référendums" d'annexion rétabliraient une "justice historique", le Kremlin considérant l'Ukraine comme historiquement russe.

"Empiéter sur le territoire de la Russie est un crime et s'il est commis, cela vous permet d'utiliser toutes les forces de légitime défense", a-t-il menacé. Pour l'analyste russe indépendante Tatiana Stanovaïa, la tenue de ces votes signifie que Poutine veut s'arroger "le droit d'utiliser l'arme atomique pour défendre le territoire russe". Margarita Simonian, la patronne de la chaîne télévisée russe RT, a elle jugé que cette semaine sera soit "l'antichambre de notre victoire imminente" soit celle "de la guerre nucléaire".