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avec AFP , modifié à
Le secrétaire général de l'ONU a averti jeudi que tout dégât à la centrale nucléaire de Zaporijjia en Ukraine serait un "suicide", alors que le président turc Recep Tayyip Erdogan a dit craindre un "nouveau Tchernobyl", lors d'une rencontre à Lviv avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Europe 1 fait le point sur l'évolution de la situation.
L'ESSENTIEL

Au 176e jour de l'invasion russe de l'Ukraine, les présidents ukrainien Volodymyr Zelensky et turc Recep Tayyip Erdogan et le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres se sont rencontrés à Lviv, dans l'ouest du territoire ukrainien. "Nous devons dire les choses telles qu'elles sont : tout dégât potentiel à Zaporijjia serait un suicide", a déclaré Antonio Guterres, appelant une nouvelle fois à "démilitariser" la centrale, occupée par l'armée russe. Se disant "gravement préoccupé" par la situation dans la plus grande centrale nucléaire d'Europe, il a appelé à ne pas l'utiliser "pour quelque opération militaire que ce soit".

Les informations à retenir :

- Guterres, Zelensky et Erdogan se sont rencontrés à Lviv, dans l'ouest

- Six morts dans de nouveaux bombardements russes à Kharkiv

- Un 25e navire chargé de céréales a quitté l'Ukraine

Éviter un nouveau Tchernobyl, lance Erdogan

De son côté, le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé le soutien de la Turquie à l'Ukraine et s'est alarmé du danger d'un "nouveau Tchernobyl", en référence au plus important accident nucléaire civil. Le réacteur numéro 4 de la centrale de Tchernobyl avait explosé le 26 avril 1986, dégageant un nuage radioactif qui s'est propagé sur toute l'Europe. "Alors qu'on poursuit nos efforts pour une solution, nous avons été et continuons d'être du côté de nos amis ukrainiens", a affirmé Recep Tayyip Erdogan avant d'ajouter qu'il ne veut pas d'un "nouveau Tchernobyl".

Occupée depuis début mars, cette centrale dans le sud du pays est la proie depuis fin juillet de bombardements dont Moscou et Kiev s'accusent mutuellement. Le président Zelensky a estimé jeudi que la visite à Lviv de son homologue turc Recep Tayyip Erdogan était un "message puissant de soutien" pour son pays. Il a exclu toute négociation de paix avec Moscou sans le retrait préalable des troupes russes du territoire de l'Ukraine.

"Des gens qui tuent, violent, frappent nos villes civiles avec des missiles de croisière chaque jour ne peuvent pas vouloir la paix. Ils devraient d'abord quitter notre territoire, ensuite on verra", a déclaré Volodymyr Zelensky lors d'une conférence de presse à Lviv, disant "ne pas faire confiance à la Russie".

Russie et Ukraine s'accusent mutuellement sur Zaporijjia

Dans la matinée, l'armée russe a assuré n'avoir pas déployé d'"armes lourdes" dans et autour de la centrale de Zaporijjia, contrairement à ce qu'affirme Kiev. L'Ukraine reproche également à la Russie d'utiliser la centrale comme base de tir sur les positions ukrainiennes, ce que Moscou dément.

A l'inverse, la Russie dit que les militaires ukrainiens veulent tirer avec leur artillerie sur la centrale pour ensuite l'accuser d'avoir causé un accident nucléaire. De son côté, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, a annoncé sur Twitter que le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, lui a dit être "prêt" à se rendre à la centrale à la tête d'une délégation. La veille, le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, avait jugé "urgent" une telle inspection de l'AIEA.

Six morts jeudi dans des bombardements russes à Kharkiv

Les combats se poursuivent pendant ce temps dans la région de Kharkiv (nord-est), où les Ukrainiens ont accusé les Russes d'avoir bombardé des quartiers d'habitation, y faisant six morts jeudi, après 13 la veille au soir, et des dizaines de blessés au total. "La nuit dernière et ce matin ont été les moments les plus tragiques à Kharkiv depuis le début de la guerre", a déclaré son maire Igor Terekhov, signalant que vendredi serait une journée de deuil en hommage aux victimes.

Située à une quarantaine de kilomètres de la frontière russe, cette cité, la deuxième plus grande d'Ukraine, est régulièrement pilonnée par les soldats russes, qui n'ont jamais réussi à s'en emparer. Des centaines de civils ont été tués dans cette région, selon les autorités. Dans le sud, une personne et morte et deux autres ont été blessées et hospitalisées après une frappe à Mykolaïv, a annoncé son maire, Oleksandr Senkevytch.

Les exportations de céréales se poursuivent

Sur le front diplomatique, Antonio Guterres est arrivé mercredi en Ukraine, a déclaré dans la soirée Volodymyr Zelensky. "Nous travaillerons ensemble pour parvenir aux résultats nécessaires pour l'Ukraine", a ajouté le président ukrainien, qui réclame plus d'aide financière et matérielle pour son pays et des sanctions plus sévères envers Moscou.

La rencontre Zelensky-Erdogan-Guterres intervient sur fond de multiplication des tractations pour permettre la reprise des exportations de céréales d'Ukraine, un de leurs principaux producteurs et exportateurs mondiaux. Elles ont été totalement bloquées pendant plusieurs mois à la suite de l'invasion russe, faisant planer le spectre d'une crise alimentaire mondiale. En juillet, un accord signé par la Russie et l'Ukraine et validé par les Nations unies et la Turquie, a permis de recommencer ces exportations.

Erdogan, qui se pose en médiateur sur ce sujet, est allé début août en parler en Russie avec le président Vladimir Poutine. Un premier navire humanitaire affrété par l'ONU, chargé de 23.000 tonnes de blé, a à cet égard quitté mardi l'Ukraine - en direction de l'Ethiopie -. Jeudi, un bâtiment chargé de céréales a appareillé de ce pays, le 25e depuis la signature de l'accord, ont annoncé les autorités portuaires ukrainiennes.

Au total, "plus de 600.000 tonnes de produits agricoles ukrainiens" ont depuis transité par le "corridor céréalier" à partir des ports d'Odessa, de Pivdenny et de Tchornomorsk, ont-elles ajouté. Vendredi, Antonio Guterres prévoit d'aller à Odessa, puis en Turquie pour visiter le Centre de coordination conjointe (CCC) qui supervise l'application de l'accord.

Situation toujours tendue autour de Zaporijjia

Dans le sud, la situation restait tendue autour de la centrale de Zaporijjia. Jeudi, l'armée russe a martelé que "seules des unités assurant la sécurité" se trouvaient là-bas. L'Ukraine, qui évoque de son côté la présence d'"armes lourdes" russes, reproche également à la Russie d'utiliser la centrale comme base de tir sur les positions ukrainiennes, ce que Moscou dément. A l'inverse, la Russie dit que les militaires ukrainiens veulent tirer avec leur artillerie sur la centrale pour ensuite l'accuser d'avoir causé un accident nucléaire, alors que "les forces armées russes prennent toutes les mesures nécessaires" pour y assurer la sécurité.

Il y a une semaine, Antonio Guterres et les Etats-Unis avaient appelé à la mise en place d'une zone démilitarisée autour du site pour garantir sa sécurité. Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a qunt à lui jugé mercredi "urgent" que "toutes les forces russes" s'en retirent et qu'une "inspection" de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) y ait lieu.

La Russie a par ailleurs annoncé avoir déployé jeudi des avions équipés de missiles hypersoniques dernier cri à Kaliningrad, une enclave russe entourée de pays de l'Otan où le conflit en Ukraine a exacerbé les tensions.