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avec AFP , modifié à
Au 23e jour de l'invasion russe, les habitants de Marioupol, ville stratégique d'Ukraine assiégée par les forces russes, s'activaient dans les décombres d'un théâtre bombardé mercredi qui n'a finalement fait qu'un blessé. Le président américain Joe Biden a lui dressé une mise en garde à son homologue chinois Xi Jinping contre tout soutien à Moscou.
L'ESSENTIEL

Le conseil municipal de Marioupol a indiqué vendredi que le bombardement d'un théâtre, mercredi, n'avait finalement pas fait de mort, alors que se déroule le 23e jour de l'invasion russe en Ukraine. Les présidents russe et français, Vladimir Poutine et Emmanuel Macron, ont échangé dans l'après-midi par téléphone, alors que les chefs d'État américain et chinois Joe Biden et Xi Jinping se sont également entretenu. Des combats avaient encore lieu sur place, notamment à Marioupol et près de Lviv.

Les principales informations : 

  • Des rescapés du théâtre de Marioupol
  • Un bombardement près de l'aéroport de Lviv, à l'ouest de l'Ukraine
  • Un "rapprochement" des positions entre Moscou et Kiev
  • L'armée russe combat dans le centre-ville de Marioupol
  • Joe Biden traite Vladimir Poutine de "voyou" et de "dictateur sanguinaire"
  • Poutine martèle que l'offensive militaire est un "succès"

Des rescapés dans le théâtre de Marioupol

Le bombardement mercredi d'un théâtre de Marioupol par des troupes russes, selon Kiev, a fait au moins un blessé grave mais pas de morts, a indiqué vendredi le conseil municipal dans un premier bilan. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait auparavant évoqué des "centaines" de personnes toujours sous les décombres et plus de 130 personnes sauvées.

La Russie a avancé que le théâtre, dans lequel s'étaient réfugiés des centaines d'habitants de ce port ukrainien stratégique assiégé dans le sud-est du pays, avait été détruit par le bataillon nationaliste ukrainien Azov. L'armée russe et ses alliés séparatistes "combattent désormais les nationalistes" dans le centre-ville de Marioupol, a par ailleurs annoncé le ministère russe de la Défense. Il a assuré que les forces russes et les séparatistes de Lougansk contrôlaient désormais 90% de ce territoire qui fait partie avec Donetsk de la région du Donbass et dont Moscou a reconnu l'indépendance.

Un bombardement près de l'aéroport de Lviv

Des "missiles" russes ont détruit vendredi une usine aéronautique dans le quartier de l'aéroport de Lviv, grande ville ukrainienne près de la frontière polonaise, sans faire de victime, selon son maire Andriy Sadovy.

Un "rapprochement" entre Moscou et Kiev

Le chef de la délégation russe aux pourparlers avec Kiev a annoncé vendredi avoir constaté un "rapprochement" des positions sur la question d'un statut neutre de l'Ukraine et des progrès sur celle de la démilitarisation du pays. "Le sujet du statut de neutralité de l'Ukraine et de sa non-adhésion à l'Otan est l'un des points clés des négociations, c'est le point sur lequel les parties ont rapproché le plus possible leurs positions", a déclaré Vladimir Medinski, cité par les agences russes. Il a toutefois relevé des "nuances" à propos des "garanties de sécurité" réclamées par l'Ukraine.

"En ce qui concerne la démilitarisation, je dirais 50/50", a-t-il poursuivi, disant ne pas pouvoir révéler les détails des négociations mais que les délégations sont "à mi-chemin" d'un accord sur la question. L'un des membres de la délégation ukrainienne, le conseiller de la présidence Mikhaïlo Podoliak a, lui, indiqué sur Twitter que les "déclarations de la partie russe ne sont que leurs demandes de départ". "Notre position n'a pas changé: cessez-le-feu, retrait des troupes (russes) et garanties de sécurité fortes avec des formules concrètes", a-t-il écrit.

Poutine dénonce des "crimes de guerre" auprès de Macron

Vladimir Poutine a accusé vendredi l'Ukraine, lors d'un appel téléphonique avec son homologue français Emmanuel Macron, de "nombreux crimes de guerre", assurant que les forces dirigées par Moscou faisaient "tout leur possible" pour ne pas cibler les civils, selon le Kremlin. Le président français a de son côté exprimé sa "préoccupation extrême" concernant la situation à Marioupol et réclamé "la levée du siège et l'accès humanitaire", selon l'Elysée.

Biden met en garde Xi Jinping

Le président américain Joe Biden a "décrit les implications et conséquences si la Chine fournissait un soutien matériel à la Russie alors qu'elle mène une attaque brutale contre les villes et civils ukrainiens", dans un entretien vidéo avec son homologue chinois Xi Jinping, a fait savoir vendredi la Maison Blanche. Les deux dirigeants ont signalé leur volonté de "garder des canaux de communication ouverts" lors de cet entretien qui a duré près de deux heures, selon un communiqué.

Combats dans le centre-ville

L'armée russe et ses alliés séparatistes combattent désormais dans le centre-ville de Marioupol, un port ukrainien stratégique assiégé dans le sud-est du pays, a annoncé vendredi le ministère russe de la Défense.

"A Marioupol, les unités de la République populaire (autoproclamée, ndlr) de Donetsk, avec le soutien des forces armées russes, resserrent leur étau d'encerclement et combattent les nationalistes dans le centre de la ville", a indiqué le porte-parole du ministère, Igor Konachenkov.

"Dictateur sanguinaire"

Joe Biden n'a pas mâché ses mots à l'égard de Vladimir Poutine, le traitant de "voyou" et de "dictateur sanguinaire" après l'avoir qualifié la veille de "criminel de guerre".

Les auteurs de crimes de guerre en Ukraine devront "rendre des comptes" devant la justice internationale, ont de leur côté averti les ministres des Affaires étrangères du G7 dans une déclaration commune. "Cibler intentionnellement des civils est un crime de guerre. Après tant de destructions ces trois dernières semaines, je trouve difficile de conclure que les Russes font autre chose que cela", a relevé Antony Blinken.

"Aidez-nous !"

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a imploré jeudi les Occidentaux d'aider à "arrêter cette guerre", au moment où une frappe russe faisait au moins 27 morts dans l'est du pays.

Pour lui, "un peuple est en train d'être détruit en Europe". "Aidez-nous à arrêter cette guerre !", a-t-il ajouté, ovationné par les députés du Bundestag allemand auxquels il s'est adressé jeudi par visioconférence. Les regards étaient toujours tournés vers Marioupol, ville portuaire stratégique du sud-est assiégée et où Volodymyr Zelensky a accusé mercredi l'aviation russe d'avoir "sciemment" bombardé un théâtre où étaient réfugiés des centaines d'habitants.

"Le monde doit finalement admettre que la Russie est devenue un État terroriste", a-t-il ajouté.

Selon la mairie de Marioupol, "plus d'un millier" de personnes se trouvaient dans un abri antiaérien sous le théâtre lorsqu'il a été bombardé. Aucun bilan n'a été communiqué à ce stade.

L'émissaire ukrainienne aux droits humains Lioudmyla Denissova a indiqué que l'abri avait résisté au bombardement : "Nous pensons que tout le monde a survécu", a-t-elle déclaré à la télévision, précisant sur la messagerie Telegram, que des survivants avaient commencé à être extirpés des décombres.

80% du parc de logements détruit

La mairie de Marioupol a signalé que la situation était "critique" avec des bombardements russes "ininterrompus" et des destructions "colossales". Selon les premières estimations, environ 80% du parc de logements de la ville a été détruit. "Ils tirent tellement de roquettes, il y a beaucoup de corps de civils morts dans les rues", a raconté à l'AFP Tamara Kavounenko, 58 ans.

Les bombardements se poursuivent aussi à Kiev et à Kharkiv, deuxième ville du pays, où au moins 500 personnes ont été tuées depuis le début de la guerre. "J'ai entendu un sifflement et mon mari m'a appelée en criant. On habite au rez-de-chaussée, les fenêtres se brisaient. Le principal, c'est qu'on soit vivants", a dit à l'AFP Iryna Voïnovska, 55 ans, en sanglots. "Malheureusement, une femme est morte au 16e étage, écrasée par une gazinière".

La capitale a repris lentement vie jeudi après la levée d'un couvre-feu imposé depuis mardi soir. Elle s'est vidée d'au moins la moitié de ses 3,5 millions habitants.

Pas de répit

Aucun bilan global n'a été fourni, même si le président Zelensky a mentionné le 12 mars la mort d'"environ 1.300" militaires ukrainiens, tandis que Moscou a seulement rapporté près de 500 morts dans ses rangs le 2 mars. Cent-huit enfants ont été tués et 120 blessés dans le pays depuis l'invasion russe, a indiqué jeudi le Parquet général ukrainien.

Trois semaines après le début de l'invasion, Moscou ne donne aucun signe de répit dans son offensive malgré la poursuite de pourparlers entre les belligérants. Mais Antony Blinken a estimé que la Russie n'avait pas démontré jusqu'ici "d'effort significatif" dans ses tractations avec Kiev pour tenter de trouver une sortie de crise. "D'un côté, nous saluons l'Ukraine qui reste à la table des négociations alors qu'elle est sous les bombes, et de l'autre côté, je n'ai pas vu d'effort significatif de la part de la Russie pour mettre fin par la diplomatie à la guerre qu'elle mène", a-t-il dit.