Benjamin Netanyahu 1:18
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avec AFP / Crédits photo : Menahem KAHANA / POOL / AFP , modifié à
Ce mercredi, au 75e jour du conflit entre Israël et le Hamas, le chef du mouvement terroriste est arrivé en Égypte pour des discussions sur une trêve dans la guerre avec l'État hébreu. De son côté, Israël se dit "prêt à une nouvelle pause et à une aide humanitaire supplémentaire pour permettre la libération des otages".

Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, est arrivé mercredi en Egypte pour des discussions sur une trêve dans la guerre avec Israël, les deux camps semblant multiplier les signaux en faveur d'une nouvelle pause humanitaire qui permettrait notamment la libération d'otages retenus à Gaza. Après plus de deux mois de guerre et malgré la poursuite des bombardements et des opérations de l'armée israélienne dans le territoire palestinien assiégé, les tractations se sont multipliées ces derniers jours ainsi que les pressions internationales pour obtenir une seconde trêve qui permettrait aussi d'améliorer la situation humanitaire catastrophique à Gaza.

Les principales informations : 

  • Netanyahu exclut tout cessez-le-feu à Gaza avant "l'élimination" du Hamas
  • Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, est arrivé mercredi en Egypte pour des discussions sur une trêve dans la guerre avec Israël
  • Côté israélien, le président Isaac Herzog a déclaré mardi qu'Israël était "prêt à une nouvelle pause humanitaire et à une aide humanitaire supplémentaire pour permettre la libération des otages"
  • Des sources du gouvernement Hamas ont fait état mercredi de frappes israéliennes à Rafah, Khan Younès (sud), Deir el-Balah (centre), dans le secteur nord de la ville de Gaza, qui ont fait au moins 11 morts
  • 127 camions d'aide et de marchandises sont entrés dans le territoire mardi par les points de passage de Rafah, via l'Egypte, et de Kerem Shalom, dans le sud d'Israël

Le Hamas annonce un nouveau bilan de 20.000 morts

Le Hamas a annoncé mardi que les opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza avaient fait 20.000 morts depuis le début de la guerre le 7 octobre. Au moins 8.000 enfants et 6.200 femmes figurent parmi les morts, a précisé le mouvement terroriste au pouvoir à Gaza dans un communiqué, ajoutant que 52.600 personnes avaient été blessées.

Par ailleurs, le Hamas a annoncé mercredi qu'au moins 12 Palestiniens avaient été tués dans des frappes israéliennes visant selon lui des maisons et une mosquée à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. Dans un communiqué, le ministère de la Santé a rapporté que les frappes aériennes avaient fait "12 martyrs et des dizaines de blessés, dont des enfants et des femmes, qui ont été récupérés sous les décombres après que des maisons et une mosquée ont été ciblées, à quelques centaines de mètres de l'hôpital koweïtien" de Rafah.

Selon des journalistes de l'AFP sur place et des témoins, des dizaines de maisons ont été touchées. Des colonnes de fumée étaient visibles au-dessus de la ville de Rafah, d'après des images de l'AFPTV. Une grande partie des 1,9 million de déplacés palestiniens, selon l'ONU, se trouvent dans la région de Rafah, frontalière de l'Egypte, pour fuir les combats entre l'armée israélienne et le mouvement islamiste palestinien Hamas. Le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas, publié mardi, faisait état de 19.667 morts depuis le début de la guerre avec Israël le 7 octobre.

Netanyahu exclut tout cessez-le-feu à Gaza avant "l'élimination" du Hamas

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a exclu mercredi tout cessez-le-feu dans la guerre contre le Hamas avant "l'élimination" du mouvement islamiste palestinien qui exige l'arrêt des combats pour libérer des otages.

"Nous continuons la guerre jusqu'au bout. Elle se poursuivra jusqu'à l'élimination du Hamas, jusqu'à la victoire. Ceux qui pensent que nous allons nous arrêter sont déconnectés de la réalité", a déclaré Benjamin Netanyahu dans une vidéo diffusée par son bureau.

De nombreuses propositions 

Négociée par l'Egypte, le Qatar et les Etats-Unis, une précédente pause d'une semaine avait permis fin novembre la libération de 105 otages et 240 Palestiniens détenus dans des prisons israéliennes ainsi que l'entrée d'aides humanitaires au territoire palestinien soumis à un siège total depuis le 9 octobre. Basé au Qatar, le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, est ainsi arrivé mercredi en Egypte, selon le mouvement islamiste palestinien au pouvoir dans la bande de Gaza depuis 2007 et classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël.

A la tête d'une délégation "de haut niveau", il doit avoir notamment avec le chef du renseignement égyptien, Abbas Kamel, des discussions "sur l'arrêt de l'agression et de la guerre, pour préparer un accord de libération de prisonniers, la fin du siège imposé à la bande de Gaza", avait indiqué mardi à l'AFP une source au sein du Hamas. "Les discussions au Caire porteront sur de nombreuses propositions dont celle d'une trêve d'une semaine en échange de la libération par le Hamas de 40 otages israéliens", a affirmé mercredi à l'AFP une source proche du Hamas en allusion aux otages retenus à Gaza.

Avant son départ, Ismaïl Haniyeh s'est entretenu à Doha avec le ministre des Affaires étrangères iranien Hossein Amir Abdollahian, selon des images diffusées par Téhéran. Une source au sein du Jihad islamique palestinien a indiqué mercredi à l'AFP que le chef de ce mouvement armé, le second plus important de la bande de Gaza, Ziad al-Nakhala, se rendrait également au Caire au début de la semaine prochaine.

Israël "prêt à une nouvelle pause"

Côté israélien, le président Isaac Herzog a déclaré mardi qu'Israël était "prêt à une nouvelle pause humanitaire et à une aide humanitaire supplémentaire pour permettre la libération des otages". Lors d'une rencontre avec les familles des otages mardi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a de son côté expliqué avoir récemment envoyé "deux fois le chef du Mossad en Europe pour promouvoir un processus de libération".

Israël a promis de détruire le Hamas après l'attaque menée par le mouvement terroriste sur le sol israélien le 7 octobre qui a fait environ 1.140 morts, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir du dernier bilan israélien. Quelque 250 personnes ont été prises en otage lors de cette attaque, dont 129 sont toujours à Gaza, selon Israël. Dans le territoire palestinien, 19.667 personnes, en majorité des femmes, des enfants et des adolescents, ont été tuées par les bombardements israéliens, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.

Tractations en coulisses

D'autres tractations en faveur d'une trêve semblent avoir lieu en coulisses. Selon le site Axios, Israël a proposé par l'intermédiaire du Qatar une nouvelle pause d'au moins une semaine dans les combats à Gaza pour organiser la libération de plusieurs dizaines d'otages. Jusqu'à présent, le Hamas a posé l'arrêt des combats comme préalable à toute nouvelle négociation à ce sujet. Mardi, le Jihad islamique palestinien a accentué la pression en publiant une vidéo de deux otages en vie, plaidant pour un compromis qui leur permette de rentrer en Israël.

D'âpres négociations doivent également se poursuivre mercredi aux Nations unies : depuis lundi, le Conseil de sécurité est incapable d'adopter une résolution permettant d'accélérer l'acheminement de l'aide humanitaire à Gaza. Le vote a été reporté par deux fois et les membres cherchent la bonne formule pour éviter un veto des Etats-Unis, principal allié d'Israël. Le texte, qui réclamait initialement une "cessation urgente et durable des hostilités" à Gaza, évoque désormais une "suspension" des combats.

Crise humanitaire

Sur le terrain, les bombardements se poursuivent. Des sources du gouvernement Hamas ont fait état mercredi de frappes israéliennes à Rafah, Khan Younès (sud), Deir el-Balah (centre), dans le secteur nord de la ville de Gaza, qui ont fait au moins 11 morts, d'après de premières estimations. "Nous avons été réveillés par une énorme explosion", raconte à l'AFPTV une résidente du camp de réfugiés de Shaboura, à Rafah, Samar Abu Luli. "On a réussi par miracle à fuir (...). Mais où aller? Il n'y a aucun endroit, aucune école, aucune mosquée, aucune clinique, aucun hôpital, tout est détruit".

L'armée israélienne a dit mardi avoir intensifié ses opérations à Khan Younès et avoir découvert des explosifs dans un centre médical de Choujaiya, en banlieue de la ville de Gaza, détruit des tunnels du Hamas et tué des cadres du mouvement, lors de récentes opérations. Après la mort d'un nouveau soldat annoncée mercredi, le bilan des militaires israéliens tués depuis le début de son offensive terrestre à Gaza le 27 octobre a atteint 133.

La bande de Gaza est confrontée à une profonde crise humanitaire: la plupart des hôpitaux sont hors service et 85% de la population, soit 1,9 million de personnes, a fui les destructions pour se réfugier dans le sud. Selon un rapport du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU publié mercredi, la moitié de la population souffre de faim extrême ou sévère, et 90% est régulièrement privée de nourriture pendant une journée entière.

"Même pas un grain de farine"

Même si 127 camions d'aide et de marchandises sont encore entrés dans le territoire mardi par les points de passage de Rafah, via l'Egypte, et de Kerem Shalom, dans le sud d'Israël, ces ravitaillements sont très loin de répondre aux besoins les plus élémentaires de la population. "Sans l'eau potable, la nourriture et les installations sanitaires que seul un cessez-le-feu humanitaire peut apporter, les décès d'enfants dus à la maladie pourraient dépasser ceux qui ont été tués dans les bombardements", a averti mardi un porte-parole de l'Unicef.

A Deir el-Balah (centre), Youssef Journi se désespère devant les rayons vides des épiceries : "si la guerre continue, vous ne trouverez rien dans les magasins, les gens ne trouveront même pas un grain de farine à consommer". Outre la situation à Gaza, la communauté internationale redoute également une extension régionale du conflit. La situation reste très tendue à la frontière libano-israélienne et en mer Rouge, où les Houthis du Yémen, soutenus par l'Iran, ont dit être déterminés à poursuivre leurs attaques sur les navires commerciaux qu'ils estiment "liés à Israël".