Élections américaines : ce que Républicains et Démocrates ont à gagner

Les élections de mi-mandat ont lieu le 6 novembre.
Les élections de mi-mandat ont lieu le 6 novembre. © Jessica McGowan / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
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Les élections de mi-mandat, le 6 novembre prochain, s’annoncent cruciales pour la majorité républicaine et pour Donald Trump. Les Démocrates, en reconstruction, se prennent à rêver d’une "vague bleue".
ON DÉCRYPTE

Donald Trump peut-il échapper au vote sanction ? Les élections de mi-mandat aux États-Unis, le 6 novembre prochain, auront valeur de test majeur pour le président américain. Depuis l’élection surprise du milliardaire en 2016, les Républicains bénéficient d’une confortable majorité à la Chambre des représentants et d’une courte avance au Sénat (51 sièges contre 49). Mais historiquement, les "midterms" ont presque toujours tourné à l’avantage de l’opposition. Les Démocrates se prennent même à rêver d’une "vague bleue" qui leur permettrait de reprendre le contrôle du Congrès.

A 24 heures du scrutin, quelles sont les forces en présence ? Europe 1 a posé la question à Jean-Eric Branaa, maître de conférences à Paris 2 et chercheur à l’Iris (Institut de relations internationales et stratégiques), et Marie-Cécile Naves, docteur en science politique et chercheuse à l’Iris.

  • Europe 1 : Les derniers sondages donnent les Démocrates vainqueurs à la Chambre des représentants (six chances sur sept selon le site de référence FiveThirtyEight) et les dépublicains gagnants au Sénat (six chances sur sept). Croyez-vous qu’une "vague" démocrate est encore possible ?

Jean-Eric Branaa : "Je n’y crois pas un instant. Les Démocrates ne devraient pas gagner au Sénat, mais ils devraient même perdre trois à quatre sièges."

Marie-Cécile Naves : "Il faut être très prudent. La participation devrait être plus forte du côté démocrate, comme du côté républicain, mais on n’en est pas sûr. Il y a le précédent de 2016, où tous les sondages disaient qu’Hillary Clinton allait gagner, et on sait tous ce qui est arrivé (une victoire totalement inattendue de Donald Trump face à la candidate démocrate)."

  • Europe 1 : Quelles peuvent être les conséquences pour Donald Trump si la Chambre des représentants bascule du côté démocrate ?

Jean-Eric Branaa :"La perte d’une chambre, ou de deux chambres, mettrait un coup d’arrêt à l’agenda de Donald Trump. Il ne pourra plus faire passer une seule loi sans avoir de compromis avec les Démocrates, puisqu’il faut l’accord du Congrès. Mais ce qui l’attend, ce sera surtout une opposition très forte à la Chambre des répresentants. Il risque d’y avoir suffisamment d’élus pour lancer une procédure de destitution (impeachement) contre lui, qui ne pourrait cependant pas aboutir puisque c’est le Sénat qui a le dernier mot. La Chambre devrait aussi en profiter pour multiplier les enquêtes contre lui, ce qui pourrait empoisonner sa présidence.

Mais il y a un troisième volet dans ces élections, dont on parle très peu en France, qui se joue au niveau des États. Les gouverneurs sont renouvelés, tout comme les chambres législatives et de nombreux autres postes. Il devrait y avoir un rééquilibrage au niveau des États, puisqu’il y a actuellement 33 gouverneurs républicains. Les Démocrates pourraient gagner 6 à 7 postes de gouverneurs, ce qui va compliquer la tâche de Donald Trump."

  • Europe 1 : Justement, quels sont les enjeux pour les Démocrates ?

Jean-Eric Branaa : "Les Démocrates espèrent conjurer le sort de 2016. Le choc de la défaite lors de l’élection présidentielle n’est pas passé. Le parti, qui a totalement implosé, cherche d’abord à se reconstruire. En deux ans, les Démocrates n’ont pas réussi à mettre en place un programme, ni à faire monter des leaders. Une victoire aux midterms pourrait permettre de se projeter dans l’avenir."

Marie-Cécile Naves : "C’est un très gros test pour voir qui peut devenir leader du côté démocrate, et quelle direction va prendre le parti. Les Démocrates vont-ils être contraints de glisser vers la gauche avec l’arrivée de nouveaux élus, notamment des femmes ? Est-ce que l’électorat démocrate va se remobiliser, alors qu’en 2016 il y a eu une forte abstention chez leurs électeurs traditionnels ?"

  • Europe 1 : Ces élections peuvent-elles être décisives pour la prochaine présidentielle, en 2020 ?

Jean-Eric Branaa : "Il y a une configuration différente des autres élections de mi-mandat. Un parti devrait gagner le Sénat, et un autre la Chambre, ce qui n’est plus arrivé depuis les années Reagan. On se dit qu’il n’y a pas de mouvement marqué en direction d’un parti et que cela ne servira donc pas de tremplin pour 2020. Traditionnellement, les midterms servent également à faire monter des leaders pour les échéances futures. Mais aucune personnalité n’a émergé au sein du parti démocrate. Ce ne sont que les anciens leaders, comme Joe Biden, Bernie Sanders, Hillary Clinton, qui prennent le devant de la scène et empêchent les autres de monter."