Kiev 2:03
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Marion Gauthier, édité par Solène Delinger , modifié à
La tension continue de grimper autour du dossier ukrainien. Joe Biden a insisté mardi sur les sanctions économiques que subirait la Russie en cas d'invasion de l'Ukraine. Le Kremlin a réagi en qualifiant de "destructive" cette potentielle riposte des Etats-Unis. A Kiev, les habitants ont confié à Marion Gauthier, notre envoyée spéciale Europe 1, leur colère et leur lassitude face à cette crise qui n'en finit plus. 
REPORTAGE

La "désescalade" souhaitée par Emmanuel Macron dans le dossier ukrainien est loin d'être à l'ordre du jour. Joe Bien a menacé la Russie de sanctions économiques en cas d'invasion de l'Ukraine. Et, la réponse de Vladimir Poutine ne s'est pas fait attendre. Le président russe a qualifié de "destructive" cette potentielle riposte des Etats-Unis. A Kiev, les habitants ont exprimé leur lassitude et leur incompréhension face à cette crise qui n'en finit plus au micro de Marion Gauthier, notre envoyée spéciale. 

"Une triste habitude"

A Maïdan, place de l'Indépendance, centre des manifestations pro-européennes de 2014, l'atmosphère est particulièrement calme. Les touristes baladent leur appareil photo et les riverains, imperturbables, passent leur chemin. Les regains de tension et les mouvements de troupes à la frontière sont devenus une triste habitude, explique Dimas. Ce trentenaire a été mobilisé deux ans sur le front. Il se dit prêt à y retourner si nécessaire. 

"Il n'y aura rien de nouveau. Rien ne va changer. Ça recommence", déplore-t-il au micro d'Europe 1. "Je n'arrive pas à comprendre ce que cherche vraiment Poutine. Il veut le territoire ukrainien. Et s'il a l'Ukraine, il se passera quoi ensuite ? Il se prend pour un roi". 

Sergueï, lui, s'était porté volontaire pour aller combattre en 2014. Il avait alors 17 ans. Comme Dimas, il est prêt à reprendre les armes. "Tout cela est devenu un jeu politique", observe-t-il sur Europe 1. "Les gens le savent et attendent. Ils essaient de prendre leurs distances. Moi, je ne croirai au conflit que quand il éclatera". 

"Personne n'abandonnera l'Ukraine"

La question "pourquoi ?" est sur toutes les lèvres. Olga se résigne et fustige les querelles de politiciens. "La seule tension qu'il y a, c'est surtout par ce qu'on voit à la télévision", explique-t-elle sur Europe 1. "Mais au quotidien, je ne ressens rien de particulier. Je vis comme je vis d'habitude. Tout est normal. Les gens sont plutôt optimistes. Mais si c'est nécessaire, les gens iront défendre leur patrie. Personne n'abandonnera l'Ukraine comme ça". 

Alexeï et Tatiana, gardent un œil sur leur fils et répètent, comme pour s'en convaincre, qu'il n'y aura pas d'invasion. "Je pense que c'est juste une provocation des Russes. Il ne va rien se passer", affirme Alexeï. "Ils veulent nous enfermer dans la peur. Nous, nous voulons croire que tout va bien se passer. Nous avons peur pour nos enfants. Tellement d'innocents sont déjà morts". 

Même éloignée de la frontière, sous l'apparent calme des rues, la ville porte bien les blessures du conflit. Le mémorial de Maïdan rappelle que des dizaines de personnes sont tombées lors des manifestations pro-européennes;