Crise au Gabon : où en est-on ?

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La contestation du scrutin présidentiel à un tour du 27 août a plongé le pays dans la crise. 

Le bras de fer entre le pouvoir et l’opposition se poursuit au Gabon. Le camp du président sortant Ali Bongo et celui de son rival Jean Ping, qui s’est proclamé lui aussi élu, n’entendent pas renoncer au fauteuil présidentiel, entraînant une crise sans précédent. L’Union européenne et la France font pression et dénoncent des anomalies dans les résultats alors que les arrestations se sont multipliées. Ali Bongo a lui déclaré mercredi matin sur Europe 1 qu’il y n’aurait un recomptage qu’en cas de saisie de la cour constitutionnelle.

Où en sont les troubles ? Le 31 août, la Commission électorale nationale autonome et permanente avait proclamé une victoire à l’arraché du président sortant -49,8% contre 48,23% en faveur de Jean Ping-, provoquant la colère de l’opposition. Des violences avaient immédiatement éclaté faisant trois morts et 105 blessés, selon le ministre de l’Intérieur, Pacôme Moubelet-Boubeya. Ces chiffres qui sont contestés par le camp de Jean Ping qui déplore lui entre "50 et 100 morts". L’Agence France Presse a elle recensé sept morts.

Aucun trouble majeur n’a eu lieu depuis le début de semaine mais les violences ont fait place aux arrestations. Au lendemain de la présidentielle, on dénombrait ainsi un millier d’arrestations. Lundi, le ministre des Affaires étrangères françaises, Jean-Marc Ayrault, a exprimé "sa vive préoccupation" concernant le sort d’une dizaine de franco-gabonais. Sur Europe 1, Ali Bongo a expliqué que selon ses informations, cela concerne six personnes qui ont été "arrêtés avec tout le lot de manifestants, de casseurs, pilleurs, braqueurs que nous avons arrêtés". Ils seront jugés au Gabon, a-t-il indiqué. 

Quelle est la position de la France et de la communauté internationale ? Pour l’Union européenne, le doute n’est pas permis : l’analyse des résultats définitifs révèle "une évidente anomalie". Ce qui pose problème, selon la mission d’observation électorale de l’UE, ce sont les résultats du Haut-Ogooué. Cette province, fief de Bongo, a officiellement enregistré un taux de participation de 99,98%, ce qui a permis au président sortant d’être réélu d’une courte tête.

De son côté, la France, après avoir fait part de son inquiétude concernant certains de ses ressortissants, a demandé mardi un nouveau décompte, par l’intermédiaire de son Premier ministre Manuel Valls. "La sagesse commanderait de faire un nouveau décompte des résultats", a déclaré le chef du gouvernement sur RTL.

Que disent Ali Bongo et Jean Ping ? Alors que son adversaire Jean Ping dénonce depuis le début une fraude évidente, Ali Bongo lui a  répliqué mercredi sur Europe 1. "Je dis que M.Ping a fraudé", a-t-il contre-attaqué. Évoquant "un complot", il ajoute : "nous pensons qu’il y a eu des fraudes électorales dans son fief et dans d’autres régions de son territoire". Concernant les appels à un nouveau décompte, Ali Bongo ne se pliera qu’à la cour constitutionnelle. "Je suis un démocrate. Je suis pour que nous allions devant la cour constitutionnelle et qu’elle confirme mon élection. C’est ce que j’attends", a-t-il expliqué.  

Jean Ping lui a répondu sur Europe 1 expliquant que "le monde entier sait que j’ai gagné les élections". "Lui, il parle de complot, c’est lui qui a les armes, c’est lui qui tue, c’est lui qui pille", a-t-il ajouté, avant de lancer un appel à la communauté internationale "pour que la vérité des urnes soit connue et reconnue". Le dialogue de sourd des deux adversaires ne présage pas une sortie de crise rapide.