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avec AFP , modifié à
Face à une nouvelle flambée des cas de Covid-19 en Europe, l'inquiétude augmente. Certains pays choisissent de sévir, comme les Pays-Bas, ont décidé de revenir au "confinement partiel", le premier de l'hiver en Europe occidentale, ou encore l'Autriche qui veut confiner ses non-vaccinés. À l'approche de l'hiver, Europe 1 fait le point sur ce qui ressemble à un début de cinquième vague.

Belgique, Pologne, Pays-Bas, Bulgarie, Croatie, République Tchèque, Estonie, Grèce, Allemagne... En Europe, les contaminations de Covid-19 flambent de nouveau, au point que plusieurs pays rétablissent des restrictions. Les spécialistes espèrent que la courbe des hospitalisations ne suivra pas la même tendance, ce qui dépendra en premier lieu de la vaccination. Europe 1 fait le point sur la situation.

Quelle est la situation épidémique en Europe ?

Le nombre de cas hebdomadaires, reparti à la hausse début octobre, est au plus haut depuis le début de la pandémie, même si les modalités de tests ont beaucoup évolué depuis le printemps 2020. Durant les sept derniers jours, quelque 2.125.775 cas ont été recensés soit 303.682 par jour en moyenne, selon un bilan établi par l'AFP à partir de sources officielles. C'est 13% de plus que la semaine précédente. La hausse actuelle est portée notamment par cinq pays qui représentent à eux seuls plus de 50% des nouveaux cas hebdomadaires de la région : la Russie, le Royaume-Uni, l'Allemagne, la Turquie et l'Ukraine.

Avant cela, la semaine qui avait enregistré le plus de nouveaux cas hebdomadaires se situait entre le 2 et le 8 novembre 2020 : 1.988.507 cas en sept jours. La comparaison avec la première phase de la pandémie début 2020 est plus délicate, car on testait beaucoup moins à ce moment-là.

Cette hausse concerne-t-elle la région dans son ensemble ?

"Il faut distinguer les pays qui font face à une espèce de vague, de l'Irlande au Royaume-Uni en passant par les pays du Benelux, l'Allemagne, l'Autriche, la Roumanie et la Russie", détaille à l'AFP l'épidémiologiste à l'Université libre de Bruxelles (ULB), Yves Coppieters. Parmi ces pays, il y a ceux comme le Royaume-Uni, "où la courbe des hospitalisations ne suit pas celle des contaminations grâce à la vaccination", et les pays d'Europe de l'Est, peu vaccinés, où c'est moins le cas.

"Dans des pays comme l'Espagne et le Portugal, extrêmement bien vaccinés, ou encore l'Italie, qui a pris des mesures fortes, le rebond n'est pas encore très visible", indique-t-il. "La France est un peu entre deux : la reprise des contaminations est réelle, mais moins forte", poursuit l'épidémiologiste. Vendredi, l'agence européenne chargée des maladies, l'ECDC, a jugé que la situation continuait de se dégrader dans l'UE.

Parmi les 27, elle a placé la Belgique, la Pologne, les Pays-Bas, la Bulgarie, la Croatie, la République tchèque, l'Estonie, la Grèce, la Hongrie et la Slovénie dans la catégorie de préoccupation la plus élevée.

Quelles réponses les pays apportent-ils à cette flambée ?

La plupart veulent pousser la vaccination. La France vient par exemple d'annoncer que son pass sanitaire serait conditionné à une dose de rappel pour les plus de 65 ans. Mais certains vont plus loin, en rétablissant des contraintes connues au début de l'épidémie. La Russie s'apprête ainsi à réintroduire de stricts pass sanitaires. La Norvège, qui avait levé toutes ses restrictions fin septembre, va pour sa part réintroduire des mesures au niveau national : ainsi les personnels de santé non vaccinés devront se faire tester deux fois par semaine et porter le masque.

L'Autriche a de son côté annoncé attendre le feu vert du Parlement dimanche pour un confinement des personnes non vaccinées ou non guéries du coronavirus. De leur côté, les pays-Bas ont décidé de revenir au "confinement partiel", le premier de l'hiver en Europe occidentale, avec des restrictions sanitaires "sévères" pendant trois semaines.

Doit-on craindre un grand nombre de décès ?

"Si nous restons sur cette trajectoire, nous pourrions voir un autre demi-million de décès dus au Covid-19 dans la région d'ici à février", s'est alarmé la semaine dernière le directeur Europe de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Ces sept derniers jours, le continent a enregistré 28.216 décès, soit 4.031 en moyenne par jour (+10% par rapport à la semaine précédente, +18% par rapport à il y a deux semaines).

Par comparaison, il y a un an, la région enregistrait 3.785 décès en moyenne par jour au 8 novembre, soit une hausse de 41% par rapport à la semaine précédente et +109% par rapport à la semaine d'encore avant. Le rythme de progression est donc moins rapide que l'an dernier à la même époque. "On assiste à une vague de contaminations due au variant Delta et aux températures plus basses, mais la vaccination devrait éviter qu'on observe une corrélation avec les hospitalisations", estime Yves Coppieters. "Tout l'enjeu de ce nouveau rebond est qu'on ait bien une dissociation entre les indicateurs ; mais on va forcément connaître de grandes hétérogénéités entre les pays en fonction des couvertures vaccinales".

Vacciner davantage sera-t-il suffisant ?

Non, répond Yves Coppieters. "La clé, c'est bien sûr de vacciner les plus à risque pour parvenir à une immunité de groupe". "Pour le reste de la population, il faut surtout maintenir les gestes barrières, la ventilation en intérieur et une politique de tests", estime-t-il. Pour lutter contre la pandémie, l'OMS avait appelé la semaine dernière à poursuivre la vaccination, à utiliser massivement les masques et à pratiquer les mesures de distanciation sociale.