Brexit : "Qu'une députée puisse être tuée fait monter la peur et favorise la sortie"

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A.D
Selon Flora Bolter, responsable du Parti travailliste à Paris, le meurtre de Jo Cox pourrait avoir un effet de repli sur soi et favoriserait le Brexit.
INTERVIEW

La député travailliste Jo Cox est morte jeudi devant la porte de sa permanence à Leads (Angleterre), après avoir été blessée par balles en pleine rue. L'étoile montante du parti militait pour le maintien de la Grande-Bretagne dans l'Union européenne et son décès a eu pour effet immédiat l'arrêt de la campagne pour ou contre le Brexit des partis travailliste et conservateur. Flora Bolter, responsable du parti travailliste à Paris et au Nord-Est de la France, était invitée samedi dans l'émission C'est arrivé cette semaine. Elle se demande si l'événement tragique peut être utilisé par l'un ou l'autre des camps et influencer l'opinion.

"Crise migratoire". Jusqu'alors, la campagne était partie d'arguments économiques pour dévier vers des arguments migratoires, à coup d'affiches violentes et de petites phrases piquantes. "L'agenda politique a été focalisé par le camp du 'leave' (ceux qui prônent la sortie) sur l'immigration". Boris Johnson, l'ancien maire de Londres et favorable au Brexit, indiquait lui-même que la sortie permettrait de "reprendre le contrôle aux frontières", souligne Flora Bolter. D'autres figures du camp du 'leave', comme Nigel Farage, "utilisent la peur de la crise migratoire des derniers mois".

Une volonté de "contrôle". Si la campagne a été suspendue depuis jeudi et ce jusqu'à lundi, l'événement tragique pourrait bien faire l'objet d'une politisation et profiter à l'un ou l'autre des camps. "Pour l'instant, nous n'avons pas de mesures. Une start-up a sorti un sondage sur un millier de personnes après le meurtre qui tendrait à indiquer bizarrement que ça a favorisé le camp du leave."

L'invitée fait le parallèle avec la Suède, qui devait se prononcer sur l'Euro quand Anna Lindh, une femme politique qui faisait campagne pour l'Euro, avait été assassinée et que la Suède s'était prononcée contre la monnaie européenne. "L'idée qu'une députée puisse être tuée fait monter un sentiment de peur, de volonté de contrôle et pour le coup favorise le 'leave'", analyse Flora Bolter qui aimerait que l'événement serve au moins à inciter les citoyens à aller voter.

 

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