Barack Obama lance une offensive contre les armes à feu

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SEUL CONTRE TOUS – Sachant que le Congrès américain ne votera pas un nouvel encadrement du port d’arme, le président américain opte pour un "executive order".

Barack Obama passe à l'action sur le contrôle des armes à feu. Le président des Etats-Unis présente mardi, depuis la Maison-Blanche, une série de décisions sur le port d’armes à feu.

Un décret plutôt que le Congrès. Après sept années durant lesquelles, fusillade après fusillade, il n'a pu qu'exprimer sa frustration, le président démocrate a décidé d'agir seul en choisissant la voie du "executive order" - l’équivalent du décret présidentiel – pour faire passer ses décisions. "Il sait très bien que la voie législative, notamment depuis que le Sénat est républicain,  est une voie fermée", souligne François Durpaire, spécialiste des Etats-Unis. "Mais l’"executive order" ne lui permet pas d’aller aussi loin qu’il le souhaiterait", temporise l’expert.

La vérification du profil de l’acheteur. Néanmoins, Barack Obama devrait annoncer une série de mesures concrètes mardi. La principale décision devrait porter sur une généralisation de l'obligation de contrôles d'antécédents judiciaires et psychiatriques avant toute vente d'arme. Dans les foires itinérantes, mais aussi sur internet, il reste aisé aux Etats-Unis d'acquérir une arme sans aucun des contrôles exigés des armuriers homologués par les autorités fédérales.

"Il faut être très clair : cela ne va pas empêcher tous les crimes violents, toutes les fusillades", a reconnu Barack Obama. "Mais cela permettra, potentiellement, de sauver des vies dans ce pays". Plus de 30.000 Américains meurent tués par balle chaque année. L'exécutif cite une étude réalisée par une organisation de l'ancien maire de New York Michael Bloomberg, "Every town for gun safety", selon laquelle sept enfants ou adolescents meurent en moyenne chaque jour par arme à feu.

L’ire des républicains. Sans connaître la teneur exacte des propositions présidentielles, les républicains ont d'ores et déjà dénoncé avec virulence l'initiative présidentielle. "Nous ne serons bientôt plus en mesure d'acquérir des armes", a lancé dans son style lapidaire le milliardaire Donald Trump, qui fait la course en tête dans le "Grand Old Party".

L'argument de son camp est bien rôdé : les mesures envisagées par Barack Obama n'auraient pas empêché les récentes fusillades qui ont ensanglanté l'Amérique. La priorité, selon les républicains, doit être donnée à la réponse aux personnes souffrant de troubles psychiatriques et à une application plus stricte des lois existantes.

De son côté, la Maison-Blanche souligne qu'en dépit des failles existantes, le système actuel de vérification des antécédents a permis, au cours des 15 dernières années, de bloquer la vente de quelque 2 millions de ventes d'armes à feu qui auraient pu tomber dans de "mauvaises mains". Et juge donc cohérent de le renforcer.

Le deuxième amendement. Autre argument de l’opposition : le deuxième amendement de la Constitution américaine. Le texte stipule qu'"il ne pourra être porté atteinte au droit du peuple de détenir et de porter des armes". Mais ce paragraphe, ratifié en 1791, donne lieu à de multiples interprétations et est au coeur d'innombrables procédures judiciaires. Les opposants au durcissement des lois sur les armes l’invoquent inlassablement.

Conscient qu'il existe une "forte tradition de possession d'armes" aux Etats-Unis, Barack  Obama, de son côté, répète qu'il n'entend pas toucher au célèbre "Second Amendement". Et assure que les mesures qu'il présentera, scrutées à la loupe par les juristes de la Maison-Blanche, sont, en tout point, conformes à la Constitution et entrent pleinement dans le cadre de ses pouvoirs présidentiels.

Les armes dans le débat présidentiel. En signant ces nouvelles mesures, Barack Obama a placé le sujet des armes à feu au cœur du débat de la campagne présidentielle en cours. "Il s’agit à la fois d’une manière, pour lui, d’améliorer son bilan, mais aussi de maintenir le débat ouvert à travers la campagne pour la Maison-Blanche", analyse François Durpaire, qui rappelle que la réforme de la législation sur les armes à feu était une des promesses du président démocrate en 2008.