Charles Michel est le président du Conseil européen. 2:30
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Isabelle Ory avec AFP, édité par Antoine Terrel , modifié à
Les 27 dirigeants de l'Union européenne se retrouvent lundi soir pour discuter d'éventuelles nouvelles mesures contre la Biélorussie, au lendemain du détournement d'un avion de ligne transportant un opposant politique par le régime de Minsk. Les pays baltes réclament notamment que l'espace aérien biélorusse soit interdit aux compagnies européennes.

Comment l'Union européenne va-t-elle réagir après le coup de force des autorités biélorusses ? Au lendemain du détournement par la Biélorussie d'un avion de ligne forcé à atterrir à Minsk et l'arrestation d'un opposant présent à son bord, les dirigeants de l'UE doivent discuter lundi soir d'éventuelles sanctions contre le régime d'Alexandre Loukachenko. 

Les pays baltes veulent des mesures strictes

Hasard du calendrier, les chefs d'État européens devaient en effet se réunir à Bruxelles pour un sommet des Vingt-Sept prévu jusqu'à mardi. Et les dirigeants ont bien conscience qu'ils doivent apporter une réponse à la hauteur de cet événement, car l'avion de Ryanair a été détourné alors qu'il volait entre deux villes de l'Union européenne, Athènes et Vilnius.

Les trois pays baltes, par exemple, demandent que l'espace aérien biélorusse soit interdit aux compagnies aériennes européennes. Ils réclament aussi l'interdiction de survol et d'atterrissage dans l'Union pour la compagnie nationale biélorusse. 

Dans les faits, plusieurs capitales européennes et des compagnies aériennes ont déjà annoncé mettre sur liste noire l'espace aérien de la Biélorussie. Le groupe allemand de transport aérien Lufthansa a dit "suspendre ses opérations" dans l'espace aérien du pays. S'il n'est plus membre de l'UE, le Royaume-Uni a également demandé à ses compagnies aériennes d'éviter l'espace aérien biélorusse.

"Il y aura une réponse très forte"

L'enjeu est de taille pour les dirigeants européens, qui doivent trouver la bonne réponse, car le régime de Loukachenko "teste les limites", fait remarquer un diplomate. "Ce qu'il s'est passé est tellement sans précédent et inacceptable qu'il faut du concret", explique-t-on aussi à Bruxelles.

Charles Michel, le président du Conseil européen, a lui d'ores et déjà prévenu : "Une réaction ferme doit intervenir."  "Ce qu'il s'est passé est un scandale international. Des vies de civils, et notamment de civils européens, ont été mises en danger. C'est une menace pour la sécurité internationale et une menace pour l'aviation civile", a-t-il déclaré. "Il y aura une réponse très forte" de l'UE, a quant à elle assuré Ursula von der Leyen, la présidente de la commission européenne. 

Avant cet incident, l'UE se préparait déjà à renforcer les sanctions déjà prises contre le régime biélorusse. Fin février, les Vingt-Sept avaient décidé de prolonger jusqu'en février 2022 les sanctions imposées au président Loukachenko ainsi qu'à des responsables du régime, après l'élection présidentielle d'août 2020 jugée "truquée" et la violente répression de la contestation qui avait suivi. 

Merkel juge "pas crédibles" les justifications biélorusses

Emmanuel Macron doit rencontrer le président lituanien avant l'ouverture du sommet. L'ambassadeur de Biélorussie auprès de l'Union européenne a lui été convoqué ce lundi après-midi, et Bruxelles a exigé la libération du journaliste Roman Protassevitch et de sa compagne. 

S'exprimant à son arrivée au sommet, la chancelière allemande Angela Merkel a jugé "pas crédibles" les justifications données par les autorités biélorusses. Roman Protassevitch "doit être libéré immédiatement. Toutes les autres explications pour cet atterrissage (de l'appareil) de Ryanair ne sont absolument pas crédibles", a-t-elle déclaré.