La Biélorussie a détourné dimanche un vol RyanAir. (Image d'illustration) 1:15
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Marion Gauthier, édité par Romain David , modifié à
Au micro de la matinale d'Europe 1, lundi, le consultant aéronautique Xavier Tytelman estime que l'argument d'une alerte à la bombe, invoqué par Minsk pour justifier le déroutage d'un avion de ligne parti dimanche d'Athènes pour Vilnius, "n'est absolument pas crédible".
INTERVIEW

Un "acte abject" pour la Lituanie, du "terrorisme d’Etat" pour la Pologne, "inacceptable" pour la France et l’Irlande… Une première, en tout cas, dans le ciel biélorusse. Un avion de ligne de la compagnie Ryanair a été dérouté dimanche : il devait rejoindre Vilnius, en Lituanie, depuis Athènes, en Grèce. L'appareil a été contraint par des avions de chasse de se poser à Minsk. Raison officielle : la présence d’un engin explosif à bord. Mais selon Nexta, un média biélorusse, son co-fondateur Roman Protassevitch, également militant d'opposition, se trouvait à bord.

"L'avion était plus proche de sa destination, Vilnius, que de Minsk, donc lui ordonner de faire un détour pour aller se poser plus loin, sous prétexte d'une alerte à la bombe, personne n'y croit dans les règles de l'air", estime auprès d'Europe 1 Xavier Tytelman, consultant aéronautique chez Starburst. "Ça n'est absolument pas crédible, et en termes de sécurité aérienne, c'est à l'opposé de tout ce que l'on peut attendre d'une police du ciel."

"C'est clairement une agression de la part de la Biélorussie"

"La seule option pour que des avions de chasse viennent intercepter un avion de ligne, c'est en général lorsqu'il y a une panne radio, ce qui est assez rare pour les avions de ligne classique. La seconde option, ce serait qu'un avion ne suive pas sa route normale, vole trop bas, trop haut ou suive une destination qui n'est pas prévue", relève ce spécialiste.

Le rédacteur en chef de Nexta, Tadeusz Giczan, assure que des agents du KGB bélarusse se trouvaient à bord de l'appareil. "Quand l'avion est entré dans l'espace aérien bélarusse, les officiers du KGB ont déclenché une bagarre avec le personnel de Ryanair", a-t-il déclaré, les agents invoquant une alerte à la bombe. Contactée par l'AFP, une porte-parole des aéroports lituaniens a expliqué avoir reçu comme première explication de la part de Minsk un conflit entre des passagers et l'équipage. Non seulement Roman Protassevitch mais aussi deux Biélorusses et quatre Russes seraient descendus du Boeing de Ryanair pour rester à Minsk. Selon l’opposition, ils auraient pu contribuer au détournement de l’avion.

"C'est un détournement d'avion par la contrainte. Il a été forcé de se poser où il ne voulait pas se poser. C'est clairement une agression de la part de la Biélorussie envers des compagnies aériennes classiques et des civils", conclut Xavier Tytelman.