Attaque du Hamas : ce qu'il faut retenir au dixième jour du conflit

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avec AFP/Crédit photo : Menahem KAHANA / AFP , modifié à
Dix jours après l'attaque du Hamas, Israël prépare ses troupes pour une offensive terrestre imminente contre le Hamas palestinien. L'État hébreu a également annoncé évacuer des habitants le long de sa frontière nord avec le Liban, après avoir fermé la zone à la suite d'échanges de tirs.

Israël a annoncé lundi évacuer des habitants le long de sa frontière nord avec le Liban, après avoir fermé la zone à la suite d'échanges de tirs. Dans un communiqué conjoint, le ministère de la Défense et l'armée israélienne ont annoncé "la mise en œuvre d'un plan d'évacuation des habitants du nord d'Israël qui vivent dans un secteur de deux kilomètres de la frontière libanaise vers des hébergements financés par l'État".

Ce lundi également, plus d'un million de personnes ont fui dans la panique le nord de la bande de Gaza, aux abords de laquelle Israël poursuit la mobilisation de ses troupes en vue d'une offensive terrestre imminente contre le Hamas palestinien.

Les informations à retenir :

  • Israël évacue sa frontière nord avec le Liban
  • Plus de 1.400 personnes tuées en Israël, et 2.750 personnes tuées dans la bande de Gaza
  • Plus d'un million de personnes ont fui le nord de la bande de Gaza
  • Israël poursuit sa mobilisation des troupes avant une offensive terrestre imminente contre le Hamas
  • Poutine s'entretient lundi avec les dirigeants israélien, iranien, égyptien, syrien et de l'Autorité palestinienne

La guerre entre Israël et le Hamas a été déclenchée après une attaque sanglante et sans précédent lancée le 7 octobre par le Hamas contre le territoire israélien. Plus de 1.400 personnes ont été tuées en Israël, en majorité des civils, selon un dernier bilan israélien. Les représailles israéliennes ont tué au moins 2.670 personnes à Gaza, en majorité des civils palestiniens, dont des centaines d'enfants, selon les autorités locales.

Des manifestants exhortent la BBC de qualifier le Hamas de "terroristes"

Environ 250 personnes ont manifesté lundi soir devant le siège de la BBC à Londres, reprochant au groupe audiovisuel public de ne pas qualifier lui-même le Hamas de "terroristes", a constaté un photographe de l'AFP.

Dans une nuée de drapeaux israéliens, les manifestants brandissaient des pancartes comme "BBC, le Hamas sont des terroristes, pas des militants", ou "si le roi peut qualifier le Hamas de terroristes, vous aussi", et des pancartes montrant des enfants israéliens enlevés par le Hamas.

Israël: des familles d'otages rencontrent des politiciens français

Une délégation d'hommes politiques français, dont l'ancien Premier ministre Manuel Valls, a rencontré lundi à Tel-Aviv des familles d'otages israéliens et franco-israéliens retenus à Gaza depuis l'attaque du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre. "Nous avons entendu avec beaucoup d'émotion les témoignages des familles françaises", a déclaré à des journalistes Benjamin Haddad, député Renaissance de Paris, siégeant à la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale.

Les 10 députés, issus des partis Renaissance et LR, sont venus pour "exprimer une solidarité avec les Israéliens", d'après Benjamin Haddad, membre du groupe d'amitié France-Israël.

Olaf Scholz, premier chef de gouvernement à se rendre en Israël depuis l'attaque du Hamas

Le chancelier allemand annoncé lundi qu'il allait se rendre en Israël cette semaine pour montrer sa "solidarité", devenant ainsi le premier chef de gouvernement à agir de la sorte depuis l'attaque sanglante du Hamas. "Il m'importe de montrer concrètement ma solidarité (à Israël, ndlr) à travers ma visite", a déclaré Olaf Scholz lors d'une conférence de presse à Tirana, après un sommet des Balkans occidentaux.

Olaf Scholz n'a pas précisé de date mais selon plusieurs médias allemands et israéliens le déplacement dans l'Etat hébreu est prévu mardi. "C'est très important précisément en ce moment pour la population israélienne et pour le pays", a-t-il dit, réaffirmant qu'à ses yeux Israël avait "tout à fait le droit de défendre".

Poutine évoque pour la première fois avec Netanyahu le conflit avec le Hamas

Le président russe Vladimir Poutine a évoqué lundi pour la première fois au téléphone avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu le conflit avec le Hamas et l'a informé de ses échanges avec plusieurs dirigeants régionaux et de l'Autorité palestinienne.

"La partie israélienne a notamment été informée des points essentiels des contacts téléphoniques qui ont eu lieu aujourd'hui avec les dirigeants de la Palestine, de l'Egypte, de l'Iran et de la Syrie", a indiqué le Kremlin dans un communiqué.

Colombie: le ministre des Affaires étrangères exhorte l'ambassadeur d'Israël à "quitter" le pays

Le ministre colombien des Affaires étrangères, Alvaro Leyva, a demandé lundi à l'ambassadeur d'Israël dans le pays de "s'excuser et partir", après les réactions de la diplomatie israélienne aux commentaires du président Gustavo Petro sur le conflit entre Israël et le Hamas.

Alvaro  Leyva a qualifié de "grossièreté insensée" sur son compte X (ex-Twitter) les propos de l'ambassadeur Gali Dagan envers le président de gauche Gustavo Petro, qui a publié de nombreux messages depuis les attaques du Hamas le 7 octobre contre Israël, comparant notamment les représailles d'Israël contre Gaza à la persécution des juifs par les nazis.

Poutine s'inquiète d'une "augmentation catastrophique" du nombre de victimes civiles à Gaza

Le président russe Vladimir Poutine s'est inquiété lundi de l'"augmentation catastrophique" du nombre de victimes civiles à Gaza et d'une éventuelle escalade du conflit entre Israël et le Hamas palestinien en une "guerre régionale".

Selon le Kremlin, Vladimir Poutine a exprimé une "inquiétude extrême face à l'escalade à grande échelle des hostilités, accompagnée d'une augmentation catastrophique du nombre de victimes civiles et d'une aggravation de la crise humanitaire dans la bande de Gaza", lors d'une conversation téléphonique avec ses homologues iranien, égyptien, syrien et le président de l'Autorité palestinienne.

Gaza : l'UE va ouvrir un couloir aérien humanitaire via l'Égypte 

L'Europe va ouvrir un couloir aérien humanitaire vers la bande de Gaza, a annoncé lundi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. "Les Palestiniens à Gaza ont besoin d'aide humanitaire", c'est pourquoi "nous lançons un couloir humanitaire via l'Egypte. Les deux premiers vols vont partir cette semaines, et ils apporteront du matériel humanitaire à Gaza", a précisé Ursula Von der Leyen depuis Tirana, en Albanie.

Nouvelle frappe dans la zone du point de passage avec l'Égypte

Une nouvelle frappe a touché le secteur du point de passage de Rafah entre la bande de Gaza et l'Egypte lundi, au dixième jour de la guerre entre Israël et le Hamas au pouvoir dans le territoire palestinien, ont constaté des journalistes de l'AFP. Trois frappes israéliennes avaient déjà touché cette zone, où des centaines de Palestiniens attendaient lundi en espérant une ouverture. La bande de Gaza, pilonnée sans relâche par l'armée israélienne depuis l'attaque sanglante du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, a été placée en état de siège complet depuis une semaine.

Poutine s'entretient avec les dirigeants israélien, iranien, égyptien, syrien et de l'Autorité palestinienne

Vladimir Poutine doit s'entretenir lundi par téléphone avec le président égyptien Al-Sissi, celui de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, après avoir appelé dans la journée les dirigeants iranien Ebrahim Raïssi et syrien Bachar al-Assad.

"Le président (russe) a déjà parlé avec les présidents syrien et iranien", a indiqué le conseiller diplomatique du Kremlin, Iouri Ouchakov, cité par les agences de presse russes. "Pendant la journée, il y aura encore des contacts téléphoniques avec (...) Al-Sissi et (...) Abbas, ainsi qu'avec le Premier ministre israélien", a-t-il ajouté.

Israël affirme que 199 otages ont été capturés par le Hamas

L'armée israélienne a affirmé lundi que 199 personnes avaient été capturées par le mouvement islamiste palestinien Hamas lors de l'attaque sanglante du 7 octobre, d'après un bilan actualisé. Un précédent bilan, diffusé dimanche, faisait état de 155 otages. "Nous avons informé les familles de 199 otages", a déclaré lundi Daniel Hagari, un porte-parole militaire, lors d'un point presse.

Le possible embrasement de la région inquiète la communauté internationale

À la manœuvre depuis plusieurs jours, le secrétaire d'État américain Antony Blinken doit retourner en Israël lundi, pour une deuxième visite en une semaine, après une tournée dans plusieurs pays arabes. Dimanche, au neuvième jour du conflit, l'armée de l'air israélienne a bombardé sans relâche des cibles dans la bande de Gaza, alors que le Hamas a continué de tirer des roquettes en direction d'Israël.

L'armée israélienne a mené des dizaines de frappes contre les quartiers de Tal al-Hawa et Sheikh Radwan ainsi que des raids aériens contre des immeubles de Khan Younès, de Rafah et du camp de Nuseirat, selon le ministère de l'Intérieur gazaoui. Face aux frappes aériennes et après les appels de l'armée à évacuer le nord de la bande de Gaza, plus d'un million de personnes ont été déplacées en une semaine dans ce territoire de 362 km2, qui compte au total 2,4 millions d'habitants, selon l'ONU.

L'armée israélienne a confirmé qu'elle se préparait à une "prochaine étape" de son opération de représailles contre le Hamas, responsable de l'attaque la plus meurtrière depuis la création d'Israël, se disant dans l'attente d'une "décision politique". Ces préparatifs inquiètent au plus haut point la communauté internationale, qui redoute que le conflit embrase la région. Au Caire, Antony Blinken a assuré que les alliés arabes des États-Unis ne voulaient pas de débordement du conflit. 

Environ 2.750 personnes tuées dans des frappes israéliennes à Gaza

Environ 2.750 personnes ont été tuées par des frappes israéliennes dans la bande de Gaza, d'après un bilan actualisé diffusé lundi par le ministère de la Santé du Hamas, mouvement islamiste au pouvoir dans le micro-territoire palestinien.

Les frappes israéliennes, en représailles à l'attaque sanglante du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, se poursuivent sur Gaza. Elles ont également fait "plus de 9.700 blessés", d'après le ministère du Hamas.

"Risque très grave"

La tension monte dangereusement à la frontière entre le Liban et Israël, où les accrochages meurtriers se multiplient entre le Hezbollah et l'armée israélienne. Dimanche, un civil israélien a été tué et plusieurs autres blessés à Shtula, dans le nord d'Israël, par un tir de missile du Hezbollah. L'armée israélienne a riposté en frappant des infrastructures militaires du mouvement chiite libanais.

Le siège des Casques bleus de l'ONU dans le sud du Liban a lui été touché par une roquette. Le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a affirmé que son pays ne voulait pas d'une guerre à sa frontière avec le Liban, mais "si le Hezbollah choisit la voie de la guerre, il en paiera un très lourd tribut".

"Catastrophe humanitaire"

Outre les milliers de morts israéliens, quelque 155 personnes ont été enlevées par le Hamas, selon Israël qui a annoncé avoir retrouvé lors d'incursions à Gaza "des cadavres" d'otages. Le Hamas a fait état de 22 otages tués dans les raids israéliens. Dans l'attente d'une opération terrestre à Gaza où il a juré d'en finir avec le Hamas, Israël n'a cessé depuis vendredi d'exhorter les Gazaouis à fuir le nord de la bande de Gaza vers le sud. 

L'armée affirme cibler la ville de Gaza, dans le nord de l'enclave, pour y détruire le centre des opérations du mouvement palestinien, classé organisation "terroriste" par les Etats-Unis et l'Union européenne. Elle a annoncé dimanche la mort dans des frappes d'un troisième chef militaire du Hamas, responsables selon elle de l'attaque du 7 octobre.

À Gaza, une "catastrophe humanitaire inédite" est en cours, a affirmé l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa). "Pas une goutte d'eau, pas un grain de blé, pas un litre de carburant n'a été autorisé à entrer à Gaza ces huit derniers jours", a affirmé Philippe Lazzarini, le chef de l'Unrwa. La coordonnatrice humanitaire de l'ONU pour le Territoire palestinien occupé, Lynn Hastings, a regretté qu'Israël "associe l'aide humanitaire à Gaza à la libération des otages". "Ils (Israël, NDLR) ont dit qu'ils voulaient détruire le Hamas, mais leur trajectoire actuelle va détruire Gaza", s'est-elle alarmée.

Seule lueur d'espoir, l'eau est revenue dans certaines localités du sud du territoire palestinien où s'entassent des dizaines de milliers de personnes. Toutefois, la situation y reste très difficile pour ces milliers de réfugiés.

Aide humanitaire bloquée

Dans le sud de la bande de Gaza, où les déplacés affluent par dizaines de milliers, manquant de tout, les frappes israéliennes se poursuivent, selon des habitants. "Regardez les destructions massives. Ils prétendent qu'il y a du terrorisme ici", crie Alaa al-Hams en montrant les décombres d'une habitation bombardée dimanche à Rafah. "Où est l'humanité dont ils parlent ? Ici, tous sont des civils, sans lien avec aucun groupe, mais ils sont tous morts". 

Au poste-frontière de Rafah, entre l'Égypte et Gaza, l'aide humanitaire afflue de plusieurs capitales, mais ne passe toujours pas. Ce seul passage entre Gaza et l'extérieur qui ne soit pas sous contrôle israélien reste fermé, bombardé à plusieurs reprises par la chasse israélienne.  De l'autre côté de la barrière israélienne clôturant la bande de Gaza, les habitants de la ville israélienne de Sdérot sont aussi évacués. "C'est dur (...) la peur à chaque alerte, il faut partir, c'est mieux pour les enfants", dit Helen Afteker, 50 ans.

"Les dirigeants du monde doivent s'unir contre ce fléau. Les pays comme le Qatar et la Turquie qui peuvent nous aider devraient s'unir et venir nous aider", a déclaré Merav Leshem Gonen, mère d'une fille enlevée au festival de musique Supernova, où 250 jeunes ont été tués, après une rencontre avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. 

Le 7 octobre à l'aube, en plein Shabbat, le repos juif hebdomadaire, des centaines de membres du Hamas ont infiltré Israël par la terre et les airs, tuant plus d'un millier de civils et semant la terreur sous un déluge de roquettes. Environ 270 personnes, d'après les autorités, ont été abattues ou brûlées dans leur voiture dans un festival de musique.