Russie 1:26
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Martin Lange et Antoine Bienvault / Crédit photo : HANDOUT / RUSSIAN INVESTIGATIVE COMMITTEE / AFP , modifié à
Près de deux jours après l'attaque qui a visé une salle de concert à Moscou, le bilan humain est dramatique avec au moins 133 morts. Samedi, la télévision russe a diffusé les interrogatoires des quatre assaillants interpellés appartenant à l'État islamique. Mais alors, quel est le véritable profil des auteurs de l'attentat ?

Au moins 133 morts. Un peu plus de 24 heures après le tragique attentat ayant touché une salle de concert à Moscou, le bilan s'alourdit. Selon les autorités russes, onze personnes ont été interpellées dont quatre assaillants qui appartiendraient au groupe Etat Islamique. Mais alors, quel est le profil des auteurs de l'attaque ?

Des interrogatoires diffusés à la télévision russe

Le groupe terroriste qui a revendiqué l’attaque a même publié une photo de ces quatre assaillants. Ils sont d’origines étrangères, tadjiks selon certaines sources, ont été arrêtés dans la région de Briansk, frontalière de l’Ukraine et de la Biélorussie, et ont ensuite été interrogés. Ces interrogatoires ont même été diffusés, samedi, par la télévision russe. Oreille ensanglantée, bandage sur le visage, l’un des assaillants présumés dit avoir agi pour de l’argent. En revanche, l’État islamique n’est jamais mentionné.

Est-ce une mise en scène ? Pour l’ancien ambassadeur russe à Paris, Alexandre Orlov, c’est surtout la preuve que le groupe terroriste n’est pas impliqué. "Je me demande quel est l’intérêt pour Daech de commettre ce crime aujourd’hui. C’est une explication un peu trop facile. Qui a intérêt à déstabiliser le régime à Moscou, à déstabiliser Vladimir Poutine ? Ce n’est pas Daech", assure-t-il. "Ce sont des gens qui ont reçu des coups de téléphone. On leur a proposé de l'argent pour commettre des provocations. Ils ont d'ailleurs filmé ce qu'ils ont fait. Ça, c'est une signature qui nous amène plutôt vers l'Ukraine et l'Occident que vers Daech." 

Vladimir Poutine "saisit cette occasion pour tenter de faire une nouvelle opération en Ukraine"

Pourtant, selon de nombreux spécialistes, le principal suspect est bien l’EI, notamment sa branche afghane, l’EI-K. Elle dispose de puissants réseaux au Tadjikistan et elle avait déjà ciblé l’ambassade russe à Kaboul en 2022. Pour Patrick Martin-Genier, spécialiste des questions internationales, cette communication de Vladimir Poutine visant l'Ukraine est clairement opportuniste. "Il n'en a rien à faire de l'État islamique. La seule chose qui l'intéresse est de poursuivre son aventure criminelle en Ukraine. Il cherchait une occasion pour le faire. Il y a une occasion extraordinaire qui est ce terrible attentat. Bien naturellement, il saisit cette occasion pour tenter de faire une nouvelle opération en Ukraine, qui serait responsable de cet attentat."

Depuis samedi, les messages de la communauté internationale se multiplient pour éviter tout embrasement sur le front ukrainien après cet attentat à Moscou.