Algérie : Aqmi revendique une attaque meurtrière contre l'armée

soldats algériens 1280
Des soldats algériens en faction dans le désert. (Photo d'illustration) © AFP PHOTO/ENNAHAR TV
  • Copié
C.P.-R. avec AFP , modifié à
Le groupe Al-Qaïda au Maghreb islamique a revendiqué la mort de 14 soldats de l'armée algérienne dans une embuscade au sud-ouest d'Alger, dans un communiqué non authentifié diffusé samedi soir sur internet. L'armée algérienne, elle, annonce 9 morts.

"Les cavaliers de l'islam ont pu, au soir du premier jour de l'Aïd (fête couronnant la fin du ramadan, samedi ; ndlr) tuer 14 soldats lors d'une embuscade tendue à une section de l'armée dans la zone de Djebel Louh", annonce le communiqué à l'en-tête d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). L'attaque a eu lieu dans la préfecture d'Ain-Defla, située 140 km au sud-ouest d'Alger, la capitale de l'Algérie. Les assaillants ont réussi à s'échapper "sains et saufs après avoir pris les armes" des soldats tués, ajoute le texte, accompagné de deux photos. La première montre des soldats patrouillant à pied sur une route de montagne avant l'attaque, la seconde dévoile des armes présentées comme le "butin". 

Un bilan flou. Mais alors qu'Aqmi revendique avoir fait 14 victimes, l'armée algérienne a annoncé, elle, dimanche, que neuf soldats avaient été tués dans cette embuscade. "On déplore le décès en martyr de neuf soldats et des blessures pour deux autres", indique le ministère de la défense dans un communiqué. Les journaux algériens avaient évoqué, eux, des bilans de 11 à 13 morts, à l'instar du quotidien El-Khabar qui avait annoncé, samedi après-midi, la mort de 11 militaires tués dans un piège tendu par un "groupe terroriste", une expression désignant les groupes armés islamistes qui endeuillent le pays depuis près d'un quart de siècle.

Guet-apens. Selon le quotidien El Watan, trois soldats ont d'abord été tués, à la veille de la fête de la fin du ramadan, et leurs cadavres piégés et laissés sur un chemin. C'est en allant récupérer les corps de ces compagnons qu'une unité de l'armée, conduite par un jeune lieutenant, est tombée sous un déluge de feu qui a fait onze morts, selon le journal. L'embuscade de samedi s'est produite sur la route de Tifrane, une zone fortement boisée au sud d'Ain-Defla. Un détachement de l'armée a été pris pour cible par "un groupe terroriste" alors qu'il effectuait "une opération de recherche et de ratissage dans la zone", a précisé l'armée dans son communiqué. 

L'information a été très rapidement relayée sur les réseaux sociaux et des photos des victimes présumées ont été publiées sur Facebook où s'est exprimé un élan de soutien à l'armée. Une affiche noire adoptée comme page de couverture proclame : "Je suis un soldat algérien martyr le jour de l'Aïd".

L'attaque la plus meurtrière depuis un an. La région d'Ain-Defla fut, dans les années 90, l'un des principaux fiefs des groupes armés islamistes, mais avait retrouvé le calme depuis une décennie. Cette attaque est la plus sanglante contre des soldats de l'Armée nationale populaire algérienne (ANP) depuis plus d'un an. En avril 2014, une quinzaine de soldats avaient été tués dans une autre embuscade en Kabylie, région montagneuse à l'est d'Alger. 

102 islamistes tués ou arrêtés depuis le début de l'année. Les violences impliquant les islamistes armés ont considérablement baissé d'intensité ces dernières années en Algérie. Certaines régions, notamment Boumerdès, Tizi Ouzou, en Kabylie, à l'est de la capitale, continuent cependant d'enregistrer des attaques attribuées à des groupes se réclamant d'Aqmi ou de l'organisation jihadiste Etat islamique (EI).

Selon le ministère de la Défense, 102 islamistes armés ont été tués, capturés ou se sont rendus aux forces de sécurité durant le premier semestre de 2015. Fin mai, l'armée a notamment tué 25 islamistes près de Bouira, à 120 km au sud-est d'Alger, dans une zone où opère l'EI. L'organisation avait notamment revendiqué l'enlèvement suivi de la décapitation d'un randonneur français, Hervé Gourdel, en septembre dernier au cœur des montagnes du Djurdjura, en Kabylie.