Kaboul aéroport attentat 1:09
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Didier François, édité par Margaux Baralon
L'attentat qui a visé l'aéroport de Kaboul jeudi soir, faisant plus de 160 blessés et au moins 85 morts, a été revendiqué par Daech. Le groupe terroriste montre ainsi sa volonté de reprendre le contrôle en Afghanistan, quitte à s'opposer aux talibans. Il faut dire que le pays est le berceau du jihad moderne.
ANALYSE

Jeudi soir, l'attentat qui a visé l’aéroport de Kaboul a fait plus de 160 blessés et au moins 85 morts. Il a ensuite été revendiqué par Daech. À première vue, cela pourrait surprendre, puisque l'Afghanistan vient de tomber aux mains d'un autre groupe terroriste islamiste, les talibans. En réalité, ces derniers et Daech se livrent une compétition féroce pour le contrôle du pays et cet attentat n'en est que la dernière conséquence. 

Car reprendre la main en Afghanistan serait un énorme succès pour Daesh. Le pays est en effet le berceau du jihad moderne. Il faut se souvenir que c'est en Afghanistan qu'Al-Qaïda est né dans les années 80, après l'invasion soviétique. C'est aussi là-bas qu'Oussama ben Laden a conçu et organisé les attentats du 11 septembre 2001 contre les Etats-Unis, d'ailleurs sous la protection des talibans.

Une région au pouvoir d'attraction extrêmement puissant

Dans l'imaginaire du combattant islamiste radical, cette région garde donc un pouvoir d'attraction extrêmement puissant. Dès que Daesh, en 2014, a proclamé son califat en Irak son califat, il a immédiatement exigé des talibans qu'ils lui prêtent allégeance, ce que les islamistes afghans ont refusé.

Les frictions se sont donc transformées en guerre ouverte entre d'un côté les talibans soutenus par Al-Qaïda, et de l'autre, les partisans de l'Etat islamique qui ont multiplié les attentats dans tout l'Afghanistan, y compris dans les zones contrôlées par les talibans. Et cette logique de surenchère permanente a évidemment été attisée par le retrait américain. 

Aujourd'hui, "il y a des cellules dormantes de Daech à Kaboul", indique Michel Duclos, diplomate et conseiller spécial à l'Institut Montaigne, sur Europe 1. Leur présence fait donc craindre de nouveaux attentats. "On l'a vu, ce sont des opérations de suicide qui ne demandent pas de très grand moyen." D'autant qu'"il est probable qu'elles disposent de complicités au sein des talibans, qui sont un mouvement pluriel", conclut Michel Duclos.