Afghanistan: des femmes veulent manifester si les écoles pour filles ne rouvrent pas

En Afghanistan, les talibans ont fermé les écoles pour les jeunes filles (Illustration)
En Afghanistan, les talibans ont fermé les écoles pour les jeunes filles (Illustration) © SAYED KHODAIBERDI SADAT / ANADOLU AGENCY / ANADOLU AGENCY VIA AFP
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Europe 1 avec AFP
En Afghanistan, les talibans ont fermé les écoles pour les jeunes filles. Néanmoins, les femmes afghanes comptent organiser des manifestations. Une manifestation a déjà eu lieu le samedi 27 mars, mais elle a vite été dispersée par les talibans. 

Des associations de défense des droits des femmes en Afghanistan veulent organiser des manifestations si les talibans ne rouvrent pas la semaine prochaine les écoles secondaires pour filles, fermées mercredi après avoir rouvert, ont-elles annoncé dimanche.

"Nous appelons les autorités à rouvrir les écoles pour les filles du secondaire d'ici une semaine", a déclaré la militante Halima Nasari, lors d'une conférence de presse à Kaboul organisée par quatre associations afghanes de défense des droits des femmes.

 

"Si l'Emirat islamique (nom du régime taliban NDLR) ne le fait pas, nous allons rouvrir nous-mêmes les écoles et nous allons organiser des manifestations pacifiques dans le pays jusqu'à obtenir satisfaction", a-t-elle prévenu.

"Les gens ne peuvent plus accepter une telle oppression. Nous n'acceptons aucune justification des autorités" concernant la fermeture des écoles, a ajouté la militante. 

"Les femmes, les professeures et les filles doivent sortir dans la rue et manifester"

Samedi, une vingtaine de femmes et de filles ont manifesté dans la capitale aux cris "d'ouvrez les écoles !". La manifestation a duré moins d'une heure, avant d'être dispersée par des talibans armés.

"Les femmes, les professeures et les filles doivent sortir dans la rue et manifester", a déclaré Zarghuna Ibrahimi, une lycéenne présente à la conférence de presse. "La communauté internationale doit nous soutenir", a-t-elle ajouté.

 

Les fondamentalistes islamistes, au pouvoir depuis août 2021, sont revenus mercredi sur leur décision de permettre aux filles d'étudier dans le secondaire, quelques heures à peine après la réouverture qui avait été annoncée de longue date. L'annonce, aussi brutale qu'inattendue, a eu lieu alors que de nombreuses élèves étaient déjà revenues en cours.

Le ministère de l'Education n'a pas donné d'explication claire pour justifier sa volte-face. "Notre politique n'est pas contre l'éducation des filles", a assuré samedi à l'AFP un porte-parole des talibans, Suhail Shaheen. Selon lui, "il y a quelques problèmes d'ordre pratique" qui n'ont "pas été résolus avant la date limite prévue pour l'ouverture" mercredi.

Exclusion des femmes de l'espace public 

La rentrée des filles dans le secondaire suivait celle des garçons, ainsi que des filles mais uniquement dans le primaire, qui avaient été autorisés à reprendre les cours, deux mois après la prise de Kaboul par les talibans. En sept mois de gouvernance, les islamistes ont balayé 20 ans de liberté conquise par les femmes et leur ont imposé une multitude de restrictions.

Elles sont exclues de nombreux emplois publics, contrôlées sur la façon de s'habiller et interdites de voyager seules en dehors de leur ville. Ils ont aussi arrêté et détenu des militantes -certaines pendant plusieurs semaines- qui avaient manifesté pour les droits des femmes.

 

La manifestation de samedi était la première depuis de nombreuses semaines à avoir eu lieu dans la capitale. Dimanche, le redouté ministère de la Promotion de la vertu et de la Prévention du vice, qui a remplacé celui des Affaires féminines de l'ancien gouvernement, a ordonné la séparation des femmes et des hommes dans les parcs publics de Kaboul.

Les femmes pourront y aller les dimanches, lundis et mardis, et les hommes les autres jours, a-t-il précisé. "Ce n'est pas un ordre de l'Emirat islamique mais l'ordre de notre Dieu que les hommes et les femmes étrangers entre eux ne se réunissent pas au même endroit", a expliqué à l'AFP Mohammad Yahya Aref, un responsable du ministère.

"Ainsi, les femmes pourront profiter de leur temps et de leur liberté. Aucun homme ne sera là pour les déranger", a-t-il ajouté, précisant que la police religieuse veillait déjà au respect de cet ordre.