La tension monte d'un cran dans Kaboul, en Afghanistan, à l'approche de la date fatidique du 31 août. Ce mardi, les trois cents derniers soldats américains sur place devraient avoir quitté l'aéroport. Autour de la structure, la situation reste instable : des tirs de roquettes ont été entendus ce matin, confirmés ensuite par Washington. Depuis leur reconquête du pouvoir, les talibans gèrent désormais la capitale. Sur place, dans les rues de la ville, derrière le calme apparent, la population vit dans la peur, comme l'a constaté notre correspondante.
Les commerces ont rouvert et l'ordre règne, mais le calme des rues de la ville est artificiel : de nombreuses personnes se cachent, craignant d'être assassinées ou menacées par les nouveaux maîtres de l'Afghanistan. D'autres ne sont pas directement menacés, mais savent que les talibans peuvent commettre des abus sur la population civile et se méfient.
Certains chefs harcèlent la population
Il y a quelques jours, alors que nous marchions dans la capitale avec son traducteur munie d'une lettre officielle signée par un responsable des talibans autorisant ce déplacement professionnel, ils ont été malmenés à un checkpoint. Le traducteur afghan a été roué de coup, et ils ont dû prendre la fuite face à ce comportement hostile. Il y a toutes sortes de petits chefs de checkpoints, de petits commandants talibans qui profitent de leur pouvoir pour harceler la population.
Les talibans ont rejetés l'idée d'une "zone sécurisée" à Kaboul pour continuer les opérations humanitaires, montrant encore des signes d'ouverture et assurant que les Afghans pourraient voyager librement. La France et le Royaume-Uni comptent néanmoins plaider pour une telle initiative ce lundi à l'ONU.