La police fédérale allemande contrôle fortement l'hôpital de la Charité à Berlin. 1:18
  • Copié
Hélène Kohl, édité par Jonathan Grelier avec AFP , modifié à
L'Allemagne a fait monter la pression lundi dans le cadre de l'affaire Alexeï Navalny, du nom de l'opposant russe qui est plongé dans le coma depuis un malaise à bord d'un avion la semaine dernière, vraisemblablement à cause d'un empoisonnement. La chancelière Angela Merkel a appelé "les autorités" russes "à résoudre cette affaire".

La police fédérale allemande a doublé ses effectifs lundi soir à Berlin devant l'hôpital de la Charité où se trouve l'opposant russe Alexeï Navalny, toujours plongé dans le coma. Transféré dans ce pays le week-end dernier, Alexeï Navalny avait subi un malaise à bord d'un avion dans le cadre d'un déplacement en Sibérie la semaine dernière. L'Allemagne a conclu lundi à un empoisonnement de l'opposant, sa chancelière n'hésitant pas à hausser le ton face aux dénégations des autorités russes. La protection est donc maximale aux abords de l'hôpital.

L'Allemagne appelle les autorités russes "à résoudre cette affaire"

Endossant les résultats des tests cliniques effectués dans plusieurs laboratoires, Angela Merkel a indiqué que ceux-ci "pointent en direction d'un empoisonnement". "Les autorités" en Russie "sont appelées de manière urgente à résoudre cette affaire jusque dans les moindres détails et en pleine transparence", a-t-elle exhorté dans un communiqué commun avec son chef de la diplomatie Heiko Maas. Le binôme demande que les responsables "soient traduits en justice" pour répondre de leurs actes.

Cette prise de position, d'une rare fermeté pour une chancelière aux prises de position d'ordinaire mesurées, est intervenue peu de temps après que l'hôpital où Alexeï Navalny a été admis a déclaré avoir trouvé des "traces d'empoisonnement".

"La certitude de l'empoisonnement est choquante" et reflète "une politique repoussante" des dirigeants russes, s'est pour sa part offusqué le président de la commission des Affaires étrangères au Bundestag Norbert Röttgen, interrogé par le magazine Der Spiegel.

De son côté, le chef de la diplomatie de l'Union européenne Josep Borrell a appelé Moscou à une "enquête indépendante et transparente sur l'empoisonnement" de l'opposant russe.

Les médecins russes estiment n'avoir subi "aucune pression"

Les médecins qui s'occupent d'Alexeï Navalny en Allemagne lui administrent un traitement, mais ils sont pessimistes : le poison a attaqué le système nerveux et neurologique, et il y aura peut-être des séquelles à long terme. "Les résultats cliniques indiquent une intoxication par une substance du groupe des inhibiteurs de la cholinestérase", révèle l'hôpital. 

Cette enzyme est susceptible d'être utilisée, à faible dose, contre la maladie d'Alzheimer. Mais en fonction du dosage, elle peut être très dangereuse et produire aussi des agents neurotoxiques puissants, du type de l'agent innervant Novitchok.

En mars 2018, l'ex-agent double russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia avaient été selon Londres empoisonnés en Grande-Bretagne avec cet agent de conception soviétique.

Face à la virulence des propos en provenance d'Allemagne, la réponse russe n’a pas tardé. Lundi soir, les médecins sibériens qui ont pris en charge Nawalny après son malaise la semaine dernière ont redit qu’ils n’avaient, eux, trouvé aucune trace d’empoisonnement. Ils ont également assuré à nouveau n'avoir subi "aucune pression" extérieure ou ingérence de la part de responsables officiels pour empêcher le transfert en Allemagne de d'Alexeï Navalny. 

Certains partisans de l'adversaire N°1 du Kremlin soupçonnent toutefois que le transfert a été retardé afin que le poison qu'il aurait ingéré devienne plus difficile à détecter.