L'opposant russe Alexeï Navalny a été victime d'une tentative d'empoisonnement. 1:41
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avec AFP , modifié à
L'hôpital allemand dans lequel l'opposant russe Alexeï Navalny a été transféré a confirmé, lundi, qu'il présentait des "traces d'empoisonnement". L'homme est toujours dans le coma et "l'issue de la maladie reste incertaine", a indiqué l'établissement dans un communiqué. 

L'opposant russe Alexeï Navalny, hospitalisé dans le coma à Berlin, présente des "traces d'empoisonnement", a annoncé lundi l'hôpital berlinois de la Charité où il a été admis ce week-end après son transfert de Sibérie. "Les résultats cliniques indiquent une intoxication par une substance du groupe des inhibiteurs de la cholinestérase", a-t-il indiqué dans un communiqué, lequel contredit la version officielle russe. Le poison spécifique "n'a pas encore été identifié et une nouvelle analyse de grande envergure a été lancée".

"L'issue de la maladie reste incertaine" et des séquelles à long terme, "en particulier dans le domaine du système nerveux, ne peuvent être exclues à ce stade", ajoute l'hôpital berlinois, l'un des plus réputés au monde. Alexeï Navalny a été évacué samedi matin vers Berlin dans un jet privé affrété par une ONG allemande, au terme d'une journée de bras de fer entre sa famille et les médecins russes, qui ont d'abord affirmé que son état était trop instable, avant de donner leur feu vert.

Un état de santé "grave" mais "sa vie n'est pas en danger"

L'opposant de 44 ans, "se trouve dans une unité de soins intensifs et il est toujours dans un coma artificiel", précise l'hôpital, "son état de santé est grave, mais sa vie n'est pas en danger". Les médecins berlinois ont examiné le patient "de manière approfondie". L'opposant numéro un au régime de Vladimir Poutine est traité avec un antidote, assure l'hôpital. Les médecins russes qui l'ont pris en charge en Sibérie jusqu'à samedi assuraient, eux, ne pas avoir trouvé de trace d'empoisonnement.

Après des examens approfondis, "les résultats cliniques indiquent une intoxication par une substance du groupe des inhibiteurs de la cholinestérase", révèle l'hôpital. Cette enzyme est susceptible d'être utilisée, à faible dose, contre la maladie d'Alzheimer. Mais en fonction des dosages la substance peut aussi devenir dangereuse.

Le "soupçon très sérieux" de l'Allemagne

Sans attendre que l'hôpital communique, le gouvernement allemand avait déjà fait part lundi matin de ses forts soupçons. "Il s'agit d'un patient qui de manière assez probable a été victime d'une attaque au poison", a ainsi déclaré à la presse Steffen Seibert, le porte-parole du cabinet de la chancelière Angela Merkel.

"Le soupçon ne porte pas sur le fait qu'Alexeï Navalny se soit empoisonné lui-même mais que quelqu'un a empoisonné Alexeï Navalny et le gouvernement allemand prend ce soupçon très au sérieux", a fait valoir le porte-parole. L'opposant bénéficie d'une protection policière dans la capitale allemande.

La Russie balaie les accusations

Les médecins russes de l'hôpital d'Omsk, en Sibérie occidentale, où il se trouvait au départ ont assuré eux à nouveau lundi n'avoir subi "aucune pression" extérieure ou ingérence de la part de responsables officiels pour balayer la thèse d'une tentative d'empoisonnement et empêcher le transfert en Allemagne d'Alexeï Navalny. "Avec de grands efforts, nous lui avons sauvé la vie", a assuré Alexandre Mourakhovski, le médecin en chef de cet établissement.

Anatoli Kalinitchenko, son directeur adjoint, a pour sa part déclaré que, selon deux laboratoires, à Omsk et à Moscou, "aucune substance pouvant être considérée comme du poison (...) n'a été identifiée".