À l’ONU, Emmanuel Macron appelle à un nouvel ordre mondial

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À la tribune de l'ONU, Emmanuel Macron a terminé son discours par une tirade insurgée. © LUDOVIC MARIN / AFP
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Mathilde Belin , modifié à
Défendant à la fois la souveraineté des peuples et le multilatéralisme, le chef de l’État a appelé mardi à la tribune de l’ONU à mettre en œuvre un "nouvel équilibre mondial". 

Emmanuel Macron s’est posé en défenseur du multilatéralisme : à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU, à New York, mardi, le chef de l’État s’est insurgé contre la "loi du plus fort" et a appelé à renouveler les formes de coopération internationale pour régler les crises et les conflits. "Nous vivons aujourd’hui une crise profonde de l’ordre international (…) Et nul besoin de chercher les responsabilités de ce délitement : ils sont ici, dans cette assemblée, ils prennent la parole aujourd’hui. Les responsables, ce sont les dirigeants que nous sommes", a accusé Emmanuel Macron, en préambule de son discours de près de 45 minutes.

Appel au multilatéralisme. Partant de cet amer constat, le président a condamné d'abord la "loi du plus fort". "Cette voie, qui serait celle de la loi du plus fort, celle de l’unilatéralisme, nous conduit directement au repli et au conflit (…) La loi du plus fort ne protège aucun peuple", a prévenu Emmanuel Macron. En évoquant la situation iranienne, le chef de l’État a semblé répondre à Donald Trump, qui s’est exprimé un peu plus tôt à cette même tribune et appelé à isoler le régime iranien. "Nous savions que l’Iran était sur la voie du nucléaire militaire, et qu’est-ce qui l’a stoppé ? L’accord de Vienne de 2015. Nous devons aujourd’hui non pas exacerber les tensions régionales, mais proposer un agenda plus large, dans le dialogue et le multilatéralisme", a prôné le président français dans une allusion implicite à la décision américaine de se retirer de cet accord sur le nucléaire iranien.

Vers "un nouvel équilibre mondial". Emmanuel Macron a également appelé les pays de l’Assemblée générale de l’ONU à "trouver ensemble un nouveau modèle, un nouvel équilibre mondial". "Ce nouvel équilibre mondial doit reposer sur des forces de coopération internationale et régionale, qui se structureront autour de trois principes : respect des souverainetés, renforcement de nos coopérations régionales et apport d’une garantie internationale plus robuste qui se joue ici", a détaillé le président français, en soulignant l'importance du rôle de l'ONU. "Autour de ces trois principes, nous devons veiller à régler les situations de crises contemporaines."

" Le combat de la paix nous incombe toujours "

Évoquant le terrorisme au Sahel ou encore la crise libyenne, le président fait valoir que "sur chacune de ces crises, la réponse (a été de) savoir articuler le principe de la souveraineté des peuples, de la coopération régionale et d’un vrai engagement de la communauté internationale". Une équation, selon Emmanuel Macron, qui permettrait aussi de régler les crises migratoires ou encore le défi numérique. "Le grand combat de nos aînés a été celui de la paix, et il nous incombe toujours, nous le gagnerons au 21ème siècle qu’en restaurant un multilatéralisme fort capable de régler les conflits", a-t-il martelé.

Lutte contre les inégalités. Dans son discours, le président a par ailleurs fait de la lutte contre les inégalités son nouveau cheval de bataille. "Nous devons nous attaquer aux causes profondes de nos déséquilibres, regarder ensemble en face les faiblesses de notre ordre international, et regarder les inégalités profondes qui se sont installées (…) Les inégalités que nous n’avons pas su régler." 

Répartition des richesses, accès à l’éducation ou à la contraception, égalité de salaires…. : Emmanuel Macron a énuméré les sujets sur lesquels il estime que la communauté internationale a failli, en l’absence d’actions pour contrer le creusement des inégalités. "Nous devons une réponse à tous ces citoyens, à tous ceux dont le destin dépend de ce que nous pouvons faire ici, dans cette assemblée", a-t-il plaidé. Ainsi, Emmanuel Macron a annoncé que le prochain G7, qui se tiendra à Biarritz en septembre 2019, sous la présidence française, sera consacré à la "lutte contre les inégalités contemporaines".