Wikileaks : portrait d’une taupe

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Europe1.fr (avec AFP)
Bradley Manning, un soldat de 23 ans, est soupçonné d'être la source de WikiLeaks.

 

Il serait "la source" de Wikileaks. Bradley Manning, un jeune soldat de 23 ans, mal dans sa peau, a été arrêté en mai après la diffusion par WikiLeaks d'une vidéo montrant une bavure de l'armée américaine en Irak. Ce jeune homme est un spécialiste du renseignement, dont l'idéalisme et le militantisme homosexuel l'ont placé en rupture de ban de l'armée.

 

Les responsables du site internet Wikileaks n'ont jamais précisé comment ils avaient obtenu les 250.000 notes diplomatiques du département d'Etat révélées depuis dimanche. Mais les soupçons se portent sur ce simple soldat.

 

 

Dénoncé par son "haker"

 

Dans des conversations sur internet avec un célèbre pirate informatique, Adrian Lamo, révélées par le magazine Wired, le jeune Manning s'épanche, affirmant que "quelqu'un" qu'il connaissait très bien avait "transféré des données de réseaux classifiés" et les avait transmises à "un Australien aux cheveux blancs", Julian Assange, cofondateur de Wikileaks.

 

Ce "quelqu'un" en question n'était autre que Bradley Manning lui-même, qui transférait ces données sur des CD qui contenaient auparavant des chansons de la chanteuse pop Lady Gaga. "Hillary Clinton et des dizaines de milliers de diplomates dans le monde vont avoir une crise cardiaque un matin quand ils se réveilleront et découvriront qu'un répertoire complet de documents classifiés sur la politique étrangère est accessible" à tous, écrit-il à Lamo, qui le dénoncera aux autorités.

 

Il encourt 52 ans de prison

 

Début juillet, Bradley Manning a été inculpé de huit chefs d'inculpation criminels et de quatre violations du règlement militaire. Il lui est reproché d'avoir "transféré des données confidentielles sur son ordinateur et ajouté un logiciel non autorisé sur un système informatique classé secret" et d'avoir illégalement récupéré "plus de 150.000 notes diplomatiques", selon l'acte d'inculpation. S'il est reconnu coupable, il encourt 52 ans de prison.

 

Natif de l'Oklahoma, Bradley Manning a rejoint les rangs de l'armée en 2007 après une enfance passée à subir les quolibets de ses camarades, en raison de son côté "intello" et de son homosexualité. Mais très vite, sur sa base des environs de Bagdad, le première classe découvre la rudesse des règles du Pentagone, en particulier la loi "don't ask, don't tell", (ne rien demander, ne rien dire), qui oblige les homosexuels à taire leur orientation sexuelle, sous peine de devoir quitter l'armée.

 

Rejeté pour son côté "intello"

 

Bradley s'opposait ouvertement à cette loi et en parlait à ses amis, a expliqué Jeff Paterson, membre dirigeant du comité de soutien au jeune homme, peu après son transfèrement en juillet dans une prison américaine de Virginie. Selon lui, Bradley Manning "pourrait s'être identifié aux peuples d'Irak et d'Afghanistan qui ont souffert de la politique guerrière du gouvernement" américain. "En partie car il ressent lui-même les mêmes choses, en tant que membre d'une minorité injustement traitée au sein de l'armée américaine et de la société américaine en général".

 

"Son désespoir de se faire accepter"

 

Pour certains de ses proches interrogés cet été par leNew York Times, Bradley Manning pourrait avoir été motivé par "son désespoir de se faire accepter". En tant qu'analyste de renseignement, il avait accès à quantité de données via un réseau protégé, le SIPRNet (Secret Internet Protocol Router Network), un système destiné à un meilleur partage des informations entre les différentes branches du gouvernement américain.