Un handicap qui coûte trop cher

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avec AFP , modifié à
Un couple de Français, installés au Canada, est menacé de renvoi à cause du handicap de leur fille.

Ses soins coûtent trop cher pour le Canada. Un couple de Français établis depuis six ans à Montréal, David et Sophie Barlagne, parents d'une petite fille atteinte de paralysie cérébrale légère, se battent contre les autorités canadiennes. La petite fille ne peut rester dans le pays en raison du prix de ses soins médicaux.

Les parents viennent de déposer une demande humanitaire auprès du ministère canadien de l'immigration pour éviter leur renvoi du Canada à cause du handicap d'une de leurs filles. "Ce que nous demandons aujourd'hui au ministre (de l'Immigration Jason Kenney) pour des raisons humanitaires, c'est de relever Rachel de l'interdiction du territoire qui la frappe en raison de son handicap", a déclaré l'avocat de la famille, Me Stéphane Minson, en conférence de presse.

"Fardeau excessif"

L'examen d'une demande humanitaire prend jusqu'à deux ans pour obtenir une décision finale, tandis que le permis temporaire des Barlagne expire en juillet prochain. Rachel, huit ans, est la plus jeune des filles du couple Barlagne. La jeune fille a été qualifiée de "fardeau excessif" pour le Canada car son traitement dépasse de 5.259 dollars canadiens par an le coût moyen des services de santé dont bénéficie un Canadien. Du coup la demande de permis de résidence permanente a été refusée à toute la famille.

"Il est important de noter que Rachel n'est pas malade", a insisté l'avocat de la famille. "Elle ne requiert aucun soin ou traitement médical, mais seulement des soins en réadaptation". Le couple Barlagne a fait valoir à plusieurs reprises par le passé qu'il avait été mal informé et mal orienté par l'ambassade du Canada à Paris.

Le couple "a été mal informé"

En 2004, David Barlagne avait signalé aux fonctionnaires canadiens la condition de Rachel, mais jamais le handicap de sa fille n'avait été soulevé comme pouvant être un motif de refus de la résidence permanente. Le délégué commercial de l'ambassade "m'a demandé si elle était malade. J'ai répondu que Rachel avait un retard psychomoteur et qu'elle ne requérait aucun traitement, aucune médication", a expliqué l'informaticien. "Il m'a alors répondu qu'il n'y avait pas de problème, si elle n'est pas malade, il n'y a rien à mentionner sur le formulaire."

"A la lumière de tous les documents et notamment d'une note diplomatique que j'ai examinée, David Barlagne a été mal informé par le délégué en investissement de l'ambassade du Canada à Paris. J'ai la preuve que cette rencontre a eu lieu et elle est confirmée par son supérieur hiérarchique dans une note de l'ambassade obtenue en vertu de la loi d'accès à l'information", a insisté l'avocat Stéphane Minson.

"Un véritable cauchemar"

"Notre famille vit aujourd'hui et depuis bientôt trois ans un véritable cauchemar", a déclaré Sophie Barlagne. "Notre famille est physiquement, psychologiquement épuisée", a-t-elle ajouté. Leur fille, Rachel, n'était pas présente à la conférence de presse: "Je n'ai pas envie d'expliquer à ma fille que nous sommes considérés comme indésirables à cause de son état", a expliqué sa mère. Son mari, lui, a le sentiment d'avoir été "trompé" par le Canada, "en tant que chef d'entreprise" et "comme père, chef de famille."

Pour leur permettre de rester au Canada, des amis ont proposé au couple d'adopter Rachel, ce qu'il a refusé. Lara Barlagne, l'aînée des filles du couple, a remis au député du Nouveau parti démocratique Thomas Mulcair, candidat aux élections fédérales, une copie de la demande humanitaire envoyée à Ottawa.