Turquie-UE : pourquoi la porte restera fermée

Un vendeur de rue accroche un drapeau turc pendant les manifestations du mois de juin 2013.
Un vendeur de rue accroche un drapeau turc pendant les manifestations du mois de juin 2013. © REUTERS
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DECRYPTAGE - Après trois ans de pause, Ankara et l’UE vont reprendre leurs discussions sur une adhésion de la Turquie.

L’info. Voilà 18 ans que la Turquie tape à la porte de l’Europe. Après trois ans de pause, les discussions vont reprendre le 5 novembre prochain entre l’Union européenne et Ankara. Mais l’espoir de voir les 28 Etats membres et la Turquie ratifier un traité d’adhésion sont toujours quasiment nuls.

Où en sont les discussions ? Les négociations devaient reprendre, après trois ans de pause, au mois de juin dernier. Mais les émeutes et la répression violente des évènements de la place Taksim, par le Premier ministre Erdogan, ont stoppé net les projets de reprise des discussions. L’Allemagne, notamment, s’était opposée à une reprise du débat. Elle est avec la France, l'un des pays les plus opposés à l'entrée dans l'union de la Turquie. Finalement le rendez-vous a été fixé au 5 novembre prochain.

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Qui décide de discuter ou pas ? Ce sont les dirigeants de l'Union européenne qui se réunissent au sein de la Commission européenne pour décider ou non de la reprise des discussions. Il existe également un responsable des questions d'élargissement au sein de l'UE : Stefan Füle. Ce dernier a estimé, mardi, que les négociations devaient s'accélérer pour encourager la mise en oeuvre de réformes démocratiques en Turquie.

Peut-on s’attendre à une issue surprenante ? "Non", dit Philippe Moreau-Defarges, chercheur à l'Institut français des relations internationales (Ifri) et auteur de L’histoire de l'Europe pour les nuls. "Cette reprise des discussions n’est pas un évènement capital puisqu’il s’agit d’une énième reprise. Et les chances de voir un accord trouvé sont quasiment nulles", estime-t-il, interrogé par Europe1.fr.

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Qu’est-ce qui bloque ? Au total, il a 35 chapitres de négociations au menu, mais trois dossiers particulièrement délicats vont être abordés par les dirigeants de l’UE. Tout d’abord, se pose le problème de la libre circulation des personnes : Bruxelles craint un flux migratoire venu d’Asie centrale. Autre dossier délicat, le poids politique et économique de la Turquie une fois que celle-ci sera dans l’UE. Avec ses 74 millions d’habitants, la Turquie sera parmi les pays les plus peuplés de l’Union européenne, et aura donc un pouvoir de décision important au sein des instances européennes. Et enfin, la question kurde pose un problème majeur pour l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne.

Que faut-il pour que la Turquie devienne membre de l’UE ? Comme pour n’importe quel autre pays candidat à une entrée dans l’UE, pour que la Turquie devienne membre il faudrait que les 28 pays déjà membres et la Turquie se mettent d’accord sur un traité et que ces 29 Etats le ratifient à l’unanimité.

La Turquie a-t-elle encore envie d’entrer dans l’Union européenne ? Même si le ministre turc des Affaires européennes Egemen Bagis a salué la décision d'ouvrir un nouveau chapitre des négociations d'adhésion, les Turcs sont las des années d’attente et de négociation. "Mais le pays ne peut se permettre de tourner le dos à l’Union européenne", rappelle Philippe Moreau-Defarges, "car la Turquie est un pays assez isolé dans le monde, qui ne peut pas se tourner vers les pays du Moyen orient". Ankara devra donc, une fois de plus, faire preuve de patience.