Tiananmen : Pékin pointe la minorité ouïghoure

Cinq personnes dont une touriste philippine sont mortes sur cette place, la plus connue de Chine, et 38 autres y ont été blessées lundi quand un 4x4 a foncé sur la foule, puis a pris feu.
Cinq personnes dont une touriste philippine sont mortes sur cette place, la plus connue de Chine, et 38 autres y ont été blessées lundi quand un 4x4 a foncé sur la foule, puis a pris feu. © Reuters
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Charles Carrasco avec AFP
Les autorités chinoises accusent invariablement de "terrorisme" les militants du Xinjiang.

L'INFO. La thèse du geste intentionnel est la plus probable. Après qu'un 4x4 ait foncé sur la foule puis explosé place Tiananmen à Pékin lundi matin, faisant 5 morts et des dizaines de blessés, la police est, mardi, sur la piste de militants musulmans, originaires de la région du Xinjiang, les Ouïghours. Cette minorité est régulièrement la cible des autorités chinoises.

Où en est l'enquête ? L'attaque a visé le cœur névralgique du pouvoir en Chine. L'événement a immédiatement déclenché lundi une importante opération des forces de l'ordre et une vaste censure sur Internet, signe que l'affaire est sensible. Au lendemain de cette attaque, le parti communiste communique donc par petites touches. Ce que l'on sait, malgré l'opacité de ce type d'enquête qui est remontée jusqu'au sommet de l'Etat, c'est que le Bureau de la sécurité publique a envoyé lundi soir un message à des hôtels de la capitale leur demandant s'ils avaient remarqué des "clients suspects" depuis le 1er octobre, indique le quotidien Global Times. La police a également indiqué être en quête d'informations sur des "véhicules suspects", a ajouté ce journal directement contrôlé par le Parti communiste chinois.

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A la recherche de deux Ouïghours. Sans utiliser le mot d'"attentat", ni relier explicitement les faits de Tiananmen à ses investigations en cours, la police a affirmé dans son message : "une affaire majeure s'est produite lundi". Selon cet avis de recherche publié par le site 64 Tian Wang, fondé par le dissident Huang Qi, les enquêteurs sont plus précisément sur la piste de deux Ouïghours, domiciliés dans deux districts distincts du Xinjiang. La police a identifié les deux hommes par les noms de Youssouf Oumarniaz et Youssouf Arputi, d'après une retranscription phonétique. L'un des deux suspects est, selon ses papiers d'identité, originaire de Lukeqin, région où des affrontements entre la police et des émeutiers avaient fait des dizaines de morts fin juin.

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Qui sont les Ouïghours ? Ces musulmans turcophones, composent l'ethnie majoritaire du Xinjiang. Cette immense région autonome située aux confins occidentaux de la Chine est régulièrement secouée par des troubles en raison des fortes tensions entre Han, l'ethnie majoritaire en Chine, et Ouïghours. Les autorités chinoises n'hésitent pas à accuser invariablement de "terrorisme" les militants ouïghours. Le professeur Ilham Tohti, un intellectuel ouïghour respecté, a cependant mis en garde contre la tentation d'accuser sans preuves ou de stigmatiser les  Ouïghours après les faits survenus lundi à Tiananmen, a rapporté le site Uighurbiz.net.

Une répression féroce. Déjà au début du mois d'octobre, près de 400 internautes au Xinjiang avaient été interpellés par la police. "Des forces étrangères" non identifiées "infiltrent sans relâche (la région) et incitent les habitants à adopter des idées religieuses extrêmes via l'internet", posant "une grave menace pour l'unité ethnique et la stabilité" au Xinjiang, avait affirmé la police de Kashgar, deuxième ville du Xinjiang, citée par le Global Times. Avec cette nouvelle affaire de la place Tiananmen, le régime chinois n'a donc pas l'intention de baisser la garde.

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