Syrie : les observateurs arabes à Homs

La ville de Homs est, depuis la mi-mars, un haut-lieu de la contestation en Syrie. Photo prise le 17 décembre dernier.
La ville de Homs est, depuis la mi-mars, un haut-lieu de la contestation en Syrie. Photo prise le 17 décembre dernier. © REUTERS
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avec agences et François Clauss , modifié à
Au même moment, dans ce bastion de la révolte, 70.000 manifestants défilaient contre le régime.

C'est à Homs, ville emblématique de la révolte contre le régime Bachar Al Assad, qu'a débuté mardi la mission des observateurs de la Ligue arabe en Syrie. Une première visite que le général Moustafa Dabi, chef des observateurs, a jugée "très bonne". L'officier soudanais s'est ainsi déclaré satisfait que toutes les parties aient fait preuve de coopération. "Je retourne à Damas pour des entretiens et je reviendrai à Homs demain", a-t-il également précisé.

"Au moins 70.000 manifestants"

Fidèle à sa réputation de haut-lieu de la contestation syrienne, la ville était, le même jour, en proie à de nombreuses manifestations. "Il y a au moins 70.000 manifestants. Ils marchent vers le centre-ville et les forces de sécurité essayent de les arrêter. Ils tirent des grenades lacrymogènes", a déclaré Rami Abdelrahman, au nom de l'Observatoire syrien des droits de l'homme.

Troisième ville du pays avec près d'un million d'habitants, c'est "un quotidien de terreur que subissent les habitants depuis maintenant huit mois", a raconté sur Europe 1 François Clauss, l'un des rares journalistes étrangers à avoir pu entrer dans Homs. Il y a deux semaines, François Clauss avait pu assister à des manifestations mais en catimini, à la tombée de la nuit et en général de 20 à 30 minutes avant que l'armée ne tire sur la foule.

Le journaliste d'Europe 1 avait alors observé des miliciens organisant des rafles et des snipers positionnés sur les toits tirant sur les passants. Pendant ce temps-là, "un réseau de l'ombre" s'organisait, les habitants se transmettant les informations sur la présence ou non des militaires via leur portable.

Les blindés se sont retirés

Quelques heures avant la visite de la délégation arabe, des blindés s'étaient retirés de la ville. Lundi, selon des habitants, au moins 34 personnes ont péri dans des tirs de blindés contre des immeubles de la ville. Sur des vidéos amateur tournées ce jour-là par des opposants et diffusées sur Internet, on voit des chars manoeuvrant et ouvrant le feu. D'autres vidéos montrent des corps mutilés et les ruines d'un bâtiment bombardé.         

Les observateurs de la Ligue arabe ont commencé leur visite à Homs par une rencontre avec le gouverneur, selon la chaîne de télévision syrienne Dounia qui n'a diffusé aucune image. Une vidéo amateur relayée par Reuters montre toutefois une discussion animée entre des observateurs des habitants les invitant à pénétrer plus profondément dans le quartier de Baba Amr :

La télévision privée Dounia a, de son côté, affirmé que les observateurs s'étaient rendus dans le quartier de Bab Sebaa, où ils "ont évalué les dégâts faits par les groupes terroristes". Les autorités syriennes affirment que les violences que connaît la Syrie depuis la mi-mars sont le fait de groupes "terroristes armés" alors que l'opposition accuse le régime de réprimer dans le sang un mouvement de contestation pacifique.

L'ONU pressée d'adopter le plan de la Ligue arabe

La mission des observateurs fait partie d'un plan de sortie de crise de la Ligue arabe qui prévoit l'arrêt des violences, la libération des détenus, le retrait de l'armée des villes et la libre circulation dans le pays pour les observateurs arabes et la presse. Le CNS a exhorté lundi le Conseil de sécurité de l'ONU à "adopter" le plan de la Ligue arabe et à "le faire appliquer"