Syrie : l'ombre des armes chimiques plane

"Le gouvernement syrien avait utilisé des armes lourdes contre son propre peuple de façon disproportionnée et injustifiable", selon la Grande-Bretagne.
"Le gouvernement syrien avait utilisé des armes lourdes contre son propre peuple de façon disproportionnée et injustifiable", selon la Grande-Bretagne. © Reuters
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Charles Carrasco avec agences , modifié à
Français, Britanniques et Américains vont demander à l'ONU de réaliser une enquête.

L'INFO. Rebelles et forces loyalistes au président Bachar al-Assad s'accusent mutuellement d'utiliser des armes chimiques dans les régions d'Alep et de Damas. Ce qui a toujours constitué une "ligne rouge" à ne pas franchir pour les Occidentaux. C'est dans ce contexte que la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis vont demander au secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, d'envoyer une mission d'enquête en Syrie pour vérifier ces accusations, affirment des diplomates.

Il s'agira de "faire une enquête sur l'ensemble du territoire (syrien) pour faire la lumière sur toutes les allégations" venant de Damas et de l'opposition, a assuré l'ambassadeur français Gérard Araud.

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Des accusations réciproques. S'il est impossible à l'heure actuelle pour l'ONU de savoir avec certitude si ce type d'armes a été utilisé, les deux camps se renvoient la balle. Selon l'opposition, le régime a eu recours à ces armes à Khan al-Assal, près d'Alep, et à Atayba, à l'est de Damas tandis que le régime accuse l'opposition de l'avoir fait mardi à Khan al-Assal. "Nous avons reçu des rapports inquiétants sur l'emploi d'armes chimiques en Syrie" de la part des deux camps, a confirmé Gérard Araud.

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La Russie s'en mêle. L'allié de Damas, qui a jusque-là bloqué toutes les résolutions onusiennes, s'est nettement démarqué de ses partenaires. La Russie a fortement insisté pour que seules les accusations portées contre l'opposition syrienne par le régime fassent l'objet d'une enquête, comme le demande le gouvernement syrien.

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Le gouvernement syrien a donc déposé mercredi une requête officielle en ce sens. "J'espère que le secrétaire général va répondre rapidement à cette demande", a insisté l'ambassadeur russe Vitali Tchourkine, qui préside en mars le Conseil de sécurité. Il a accusé à mots couverts les Occidentaux d'avoir voulu torpiller la demande syrienne.

Quelle enquête ? Il faudra pour cela envoyer sur le terrain une équipe d'experts, "ce qui veut dire un accès au terrain de la part du gouvernement et de l'opposition", a d'ores et déjà prévenu Gérard Araud. Sur la base du rapport des enquêteurs, "le Conseil (de sécurité) en tirera les conséquences" et l'emploi d'armes chimiques "serait une violation très grave du droit international", a-t-il ajouté.

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Le représentant permanent adjoint du Royaume-Uni, Philip Parham, a affirmé que cette initiative des Occidentaux était soutenue par "une vaste majorité" des 15 pays membres du Conseil, laissant entendre que la demande d'enquête pourrait être co-signée par plusieurs autres pays y compris par les Etats-Unis. Si l'emploi d'armes chimiques était avéré, "ce serait horrible, très grave et cela justifierait une réponse forte de la communauté internationale", a souligné Philip Parham. "Mais il faut auparavant clarifier les faits", a-t-il ajouté. Après plusieurs mois de conflit –qui ont fait entre 70.000 et 100.000 morts selon les différentes sources-, il a cependant fait valoir qu'il y avait déjà eu "de nombreux cas où le gouvernement syrien avait utilisé des armes lourdes contre son propre peuple de façon disproportionnée et injustifiable".

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