Les Etats-Unis bloquent à l'ONU l'appel à un cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza
Les États-Unis ont mis leur véto vendredi à une résolution, préparé par les Émirats arabes unis, appelant à un "cessez-le-feu humanitaire immédiat" à Gaza. Il s'agit du 35e véto américain à une résolution sur le dossier israélo-palestinien depuis 1970, sur les 39 prononcés au total.
Les États-Unis ont mis leur véto vendredi à une résolution du Conseil de sécurité appelant à un "cessez-le-feu humanitaire immédiat" à Gaza, malgré la pression du secrétaire général qui a dénoncé la "punition collective" infligée aux Palestiniens.
35e veto américain sur une résolution sur le dossier israélo-palestinien
Le projet de résolution qui a recueilli 13 voix en faveur, une contre (États-Unis) et une abstention (Royaume-Uni) avait été préparé par les Émirats arabes unis après l'invocation sans précédent par Antonio Guterres mercredi de l'article 99 de la Charte des Nations unies permettant au secrétaire général d'attirer l'attention du Conseil sur un dossier qui "pourrait mettre en danger le maintien de la paix et de la sécurité internationales" et soulignant le risque "d'effondrement total de l'ordre public".
Mais les Américains, alliés d'Israël qui ont vendredi mis leur véto pour la 35e fois depuis 1970 à une résolution sur le dossier israélo-palestinien (sur 39 au total), ont répété vendredi leur hostilité à un cessez-le-feu. "Nous ne soutenons pas une résolution qui appelle à un cessez-le-feu non durable qui va simplement planter les graines de la prochaine guerre", a justifié l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood, dénonçant également l'"échec moral" de l'absence dans le texte de condamnation des attaques du Hamas du 7 octobre .
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L'ambassadeur israélien à l'ONU Gilad Erdan a lui estimé que "le vrai chemin vers la paix est seulement de soutenir la mission d'Israël, absolument pas un appel à un cessez-le-feu". Le projet de résolution, soutenu par près de 100 pays, exigeait "un cessez-le-feu humanitaire immédiat", la libération des otages et l'accès humanitaire. "Alors que la crise à Gaza s'aggrave et qu'elle menace de s'étendre, il (le Conseil) ne se montre pas à la hauteur de la mission fondamentale que lui confie la Charte", a déploré l'ambassadeur français Nicolas de Rivière. Une déception partagée par de nombreux membres du Conseil.
"Les États-Unis risquent de se rendre complices de crimes de guerre
"Nos collègues américains ont devant nos yeux condamnés à mort des milliers, voire des dizaines de milliers de civils palestiniens et israéliens, y compris des femmes et des enfants", a fustigé l'ambassadeur russe adjoint à l'ONU Dmitry Polyanskiy. "En continuant à fournir des armes et une protection diplomatique à Israël qui commet des atrocités (...), les États-Unis risquent de se rendre complices de crimes de guerre", a réagi dans un communiqué Louis Charbonneau, de Human Rights Watch.
"Je condamne sans réserve" les attaques du Hamas du 7 octobre, mais "les violences perpétrées par le Hamas ne peuvent en aucun cas justifier la punition collective du peuple palestinien", a déclaré Antonio Guterres. "Si les tirs sans discernement de roquettes du Hamas vers Israël, et l'utilisation de civils comme boucliers humains sont des violations du droit de la guerre, un tel comportement n'absout pas Israël de ses propres violations", a-t-il insisté.
À Washington, les ministres des Affaires étrangères de plusieurs pays arabes et de la Turquie ont appelé aussi à une fin "immédiate" de la guerre . Après l'attaque sans précédent contre Israël menée le 7 octobre par le mouvement islamiste palestinien Hamas, qui a fait selon les autorités israéliennes environ 1.200 morts, majoritairement civils, Israël a imposé un "siège complet" et pilonné massivement la bande de Gaza, réduisant en ruines de vastes zones.
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Nourriture, eau, carburant et médicaments n'y entrent qu'au compte-gouttes, alors qu'environ 1,9 million de personnes, soit 85% de la population, ont dû quitter leur logement selon l'ONU depuis le début des hostilités, qui ont fait plus de 17.000 morts selon le ministère de la Santé du Hamas. Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, c'est le cinquième projet de résolution rejeté par le Conseil, largement divisé depuis des années sur le dossier israélo-Palestinien.
Quatre projets avaient déjà été rejetés dans les semaines suivant le 7 octobre, par faute de voix suffisantes, ou en raison de vétos russe, chinois ou américain. Le Conseil était finalement sorti de son silence mi-novembre, réussissant à adopter une résolution qui appelait à des "pauses et couloirs humanitaires" dans la bande de Gaza, pas à un "cessez-le-feu" ni même une "trêve".