San Francisco : le pilote était en formation

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Charles Carrasco avec Ariane Lavrilleux et Benoît Clair, correspondant aux Etats-Unis , modifié à
Après le crash du Boeing 777, les premières analyses signalent que le Boeing volait à trop basse altitude.

C’est presque un miracle que le bilan ne soit pas plus lourd. Le crash, dimanche à San Francisco, du Boeing 777-200 de la compagnie Asiana Airlines a coûté la vie à deux adolescentes chinoises et fait 182 blessés sur les 307 personnes à bord, dont six sont encore dans un état "critique". Au lendemain de cet accident, les regards se tournent vers les pilotes du vol après leur tentative tardive de remettre les gaz pour éviter leur atterrissage raté. Explications.

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Un pilote en cours de formation. Le pilote aux commandes du Boeing 777 d'Asiana Airlines était expérimenté mais toujours en cours de formation sur ce genre d'appareils, a annoncé lundi la compagnie sud-coréenne. Lee Kang-Kuk, 46 ans, affiche plus de 9.000 heures de vol mais il n'a navigué que 43 heures sur ce modèle, un des plus gros porteurs au monde. "Il est exact que (M.) Lee était en formation sur Boeing 777", a déclaré une porte-parole d'Asiana. Le pilote était sous la supervision d'un formateur chevronné qui faisait office de co-pilote.

Examen des boîtes noires. Les experts de l'agence américaine de sécurité des transports (NTSB) ont livré dimanche à San Francisco les premiers résultats de leur enquête. Les deux boîtes noires, retrouvées dans la nuit et immédiatement expédiées à Washington, ont été analysées et ont fourni de "bonnes données", a déclaré Deborah Hersman, présidente de la l'agence américaine de sécurité des transports (NTSB).

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Une altitude trop basse. D'après les conversations du cockpit, le vol s'est déroulé normalement et les problèmes n'ont surgi que dans les dernières minutes, lorsque l'équipage a tenté de remettre les gaz juste avant l'atterrissage. Il a demandé à la tour de contrôle l'autorisation de reprendre de l'altitude. "La requête de l'un des membres d'équipage pour accélérer a été lancée environ sept secondes avant l'impact", a affirmé le NTSB. A quatre secondes, l’alerte altitude s’est déclenchée. "L'appel (à la tour de contrôle) pour reprendre de l'altitude est arrivé une seconde et demie" mais selon plusieurs analystes cités par les médias américains, la demande des pilotes est intervenue beaucoup trop tard.

Une vitesse trop lente. Les données de la boîte noire enregistrant les paramètres techniques ont confirmé qu'à l'approche de la piste, "l'appareil avait ralenti et que la vitesse était inférieure à la vitesse optimale", a expliqué Deborah Hersman. Les gaz ont été remis quelques secondes avant l'impact. "La vitesse de vol était sensiblement en-dessous de la cible" de 137 nœuds, a déclaré Deborah Hersman, ajoutant que "les moteurs semblent répondre normalement" quand l'équipage a tenté de faire reprendre de l'altitude à l'appareil.

Une vidéo tournée par un témoin, diffusée dimanche sur CNN, confirme que la queue de l'avion a heurté une digue séparant la piste des plans d'eau voisins, sur la baie de San Francisco, avant que l'appareil n'atterrisse sur le ventre.

"L’atterrissage a été pire que raté puisque l’avion a laissé sa queue avant la piste. La queue a touché en premier, ce qui n’est pas du tout la manière dont on pose un avion normalement", analyse Bernard Chabbert, expert aéronautique d’Europe 1. La compagnie va également devoir prendre en compte "les facteurs humains". "L’équipage était peut être fatigué parce qu’il venait de traverser tout le Pacifique", poursuit ce spécialiste.

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Aucune avarie mécanique ? Asiana a par ailleurs admis que l'avion, acheté en mars 2006, avait subi des réparations en juin pour des fuites d'huile sur un moteur. Mais son PDG, Yoon Young-Doo, a d'emblée récusé l'hypothèse d'une avarie technique, affirmant qu'il n'y avait eu "aucun problème mécanique" au moment du crash.

Une victime écrasée par les secours ? L'une des deux adolescentes chinoises tuées dans l'accident aurait été écrasée par un camion de pompier sur le lieu du crash, rapporte le San Francisco Chronicle. "C'est une chose qui a pu se produire dans le chaos [après l'accident]", a reconnu la chef des pompiers de San Francisco.