Qui êtes-vous, Jean-Claude Juncker, nouveau président de la Commission ?

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Alexis Toulon , modifié à
PORTRAIT - Peu connu en France, celui qui a été désigné pour présider la Commission européenne a pourtant un long parcours politique, tant européen que national.

Comme attendu, Jean-Claude Juncker a été désigné vendredi par les chefs d'Etat et de gouvernement européens pour présider la Commission. Sa nomination doit désormais faire l'objet d'un vote par le Parlement européen.

L'ancien Premier ministre luxembourgeois va donc succéder à José Manuel Barroso, malgré l’opposition virulente du Britannique David Cameron. Sa mission : mettre plus de démocratie et de transparence dans les institutions européennes, suite à la montée des eurosceptiques au Parlement. Mais Jean-Claude Juncker est un habile politique, habitué aux rouages de Bruxelles. Europe 1 dresse son portrait.

Carte d’identité. Jean-Claude Juncker est né à Redange au Luxembourg. Il est âgé de 59 ans et a fait ses études entre la Belgique, le Luxembourg et la France. Il est avocat de formation mais n’a jamais exercé cette profession. Membre du Parti populaire chrétien social (CSV), affilié au PPE, ce conservateur a été nommé secrétaire d'État au Travail et à la Sécurité sociale à 28 ans. Il sera par la suite élu au Parlement luxembourgeois en 1984 puis deviendra Premier ministre en 1995.  

Le recordman de longévité. Une fois nommé premier ministre, Jean-Claude Juncker va réussir l’exploit de rester en poste pendant 18 ans, 10 mois et 14 jours, soit la plus grande longévité pour un chef de gouvernement européen. Il quittera son poste en décembre 2013, malgré la victoire de son parti aux élections législatives anticipées provoquée par un scandale sur les services de renseignement du pays.

Le premier président de l’Eurogroupe. L’Union européenne est avant tout une union économique. Et lorsque les ministres des Finances de la zone euro décident de faire présider leurs réunions par l’un de leurs pairs, ils choisissent Jean-Claude Juncker qui possède la double casquette : Premier ministre et ministre des Finances. Le Luxembourgeois est nommé une première fois en 2005 pour un an. Il est reconduit pour deux ans en 2006 et en 2008, puis pour deux ans et demi en 2010. Il quitte son poste en janvier 2013.

Jean-Claude Junker

© reuters

Un euro-programmatique. L’ex Premier ministre est un européen convaincu, à l’aise comme un poisson dans l’eau dans les rouages bruxellois, faits de compromis. Il est l’un des acteurs du maintien de la Grèce dans la zone euro et tente de réconcilier l’Europe du Nord et celle du Sud, mais il sait se montrer ferme : "Nous n'allons pas rouvrir les traités simplement pour accommoder nos amis britanniques".

Toutefois, il n’est pas le grand réformateur que certains attendent à la tête de l’Union : c’est un ardent défenseur du secret bancaire, cher à son pays, comme le rappelle La Tribune. Et il estime que "le programme de travail de la Commission se distingue des séminaires académiques par une dose supplémentaire de réalisme. Il n'est pas envisageable d'apporter des changements de taille aux traités et surtout pas en matière d'union économique et monétaire". Les réformes attendront.

Un politicien habile. Malgré la victoire des conservateurs lors des élections européennes, son siège à la tête de l’Union n’était pas assuré. Alors, Jean-Claude Juncker a joué une carte progressiste qui a pris de court son adversaire socialiste Martin Schulz : l’élu du PPE a défendu l’instauration d’un salaire minimum européen et souhaite la mise en place d’une "Union européenne de l'énergie", qui permettrait à l’Union de peser de tout son poids face à la Russie, son principal fournisseur de gaz.

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