Pourquoi l'Inde crie sa colère

L'Inde est en émoi après le viol collectif et le passage à tabac d'une jeune étudiante.
L'Inde est en émoi après le viol collectif et le passage à tabac d'une jeune étudiante. © REUTERS
  • Copié
, modifié à
LE POINT DE VUE DE - Pour le blogueur Anant Rangaswami, les Indiens sont furieux contre leur classe politique.

Depuis une semaine, l'Inde est en émoi. Le viol collectif d'une jeune étudiante, également passée à tabac par ses six agresseurs dans un bus de New Delhi, le 16 décembre dernier, a déclenché un vaste mouvement de protestation, surtout dans cette ville où les crimes sexuels sont fréquents. Lundi, le Premier ministre, Manmohan Singh, a appelé au calme et promis qu'il allait "tout faire pour assurer la sécurité de toutes les femmes de ce pays". Son appel sera-t-il entendu ? Europe1.fr a posé la question à Anant Rangaswami, ex-publicitaire, blogueur prolifique pour le site d'information Firstpost.

>> A lire aussi : Le viol qui met l'Inde en ébullition

23.12 Inde viol manifestations

© Reuters

Quelle est la cause de cette colère ? Le fait que ce viol ait été particulièrement violent n'est peut-être que la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Penser que la fureur n'est due qu'à ce viol serait une simplification abusive : les manifestations sont aussi un déversement de colère sur le manque d'action constant de la police et de la classe politique, qui a eu pour effet de rendre les viols de plus en plus fréquents.

Comment est perçue la réponse des autorités ? Comme on pouvait s'y attendre, la police et le gouvernement ont réagi en assurant qu'ils allaient "prendre des mesures". Pour la première fois, le peuple refuse d'accepter cette promesse et demande des détails sur les mesures qui vont être prises et sur le calendrier, non seulement sur ce crime en particulier, mais aussi sur la question du viol en général. La réaction a été rejetée et je pense que les citoyens vont faire pression pendant un certain temps.

manmohan singh

© CAPTURE D'ECRAN YOUTUBE

Quelle pourrait être la suite ? C'est compliqué. Si la victime survit, ce qui est actuellement difficile à dire, la colère va s'atténuer un peu. Si elle succombe rapidement à ses blessures, la colère va au contraire prendre une plus grande ampleur et pourrait prendre un tour violent dans certains quartiers de Delhi. En revanche, si elle décède, mais dans un mois ou deux, il y aura certes des manifestations, mais qui ne devraient pas être violentes. La suite dépend aussi de ce que le gouvernement va faire dans les prochains jours. S'il met en place des cours de justice rapides pour examiner les cas de viols immédiatement, comme il l'a promis, la colère va s'atténuer un peu. S'il ne le fait pas, les manifestations vont continuer.