Portugal : les raisons de la crise

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Le gouvernement a proposé un plan d’austérité qui a été refusé, il a donc annoncé sa démission.

 

Le Portugal a sombré mercredi soir dans une crise politique, après que le gouvernement n’a pas réussi à faire adopter un plan d’austérité pour faire face à des déficits croissants. Après la Grèce et l’Irlande, c’est donc au tour du Portugal de plonger dans une zone de turbulences. Europe1.fr fait le point sur la situation.

 

Pourquoi le gouvernement a-t-il démissionné ? Le Premier ministre socialiste José Socrates proposait au Parlement un nouveau programme d'austérité. Pour forcer la main aux députés, le gouvernement avait menacé de démissionner en cas de refus. Mais les cinq partis d'opposition, de la droite à l'extrême-gauche, ont voté à l'unisson pour rejeter ce quatrième plan d'austérité en moins d'un an, censé "garantir" la réduction des déficits publics et éviter un recours à l'aide extérieure.

 

Quelle est la situation économique du Portugal ? Depuis des mois, le Portugal est considéré par les marchés financiers comme le prochain candidat à un soutien financier de l'Union européenne (UE), voire du Fonds monétaire international (FMI). Prochaine échéance importante : il doit rembourser d'ici la mi-juin plus de 9 milliards d'euros qu’il avait emprunté.

 

Pourquoi fait-on un parallèle avec la Grèce ? Le pays est confronté à des problèmes similaires à ceux de la Grèce et de l'Irlande : une dette très élevée, d’importants déficits, une croissance économique molle et une grande difficulté à emprunter de l’argent. Le Portugal est donc dans un cercle vicieux : ses "fondamentaux" économiques ne sont pas reluisants et n’inspirent pas la confiance des investisseurs, il doit donc emprunter de l’argent à des taux très élevés, ce qui renforce encore un peu plus ses déficits.

 

Pourquoi le Portugal refuse une aide extérieure ? Le gouvernement portugais "continuera à lutter de toutes ses forces contre l'éventualité d'un recours à une aide extérieure", dixit son porte-parole. Et pour cause : accepter un plan d’aide de l’UE serait un aveu d’échec et un mauvais signal envoyé aux marchés financiers : ces derniers pourraient considérer que le pays est mal géré et que lui prêter de l’argent est très risqué, renforçant encore un peu plus le cercle vicieux.

 

L’Europe, seul moyen pour sortir de la crise ? Les scénarios de sorties de crise possibles sont limités : un rebond de la croissance (improbable), un nouveau plan d’austérité (rejeté mercredi) ou le recours à une aide extérieure. C’est donc une intervention de l’UE qui se profile : le Premier ministre s’est rendu jeudi à Bruxelles pour un sommet européen, dont l'ordre du jour a été modifié pour l’occasion.

L’Europe pourrait apporter de 50 à 100 milliards d’euros au Portugal pour lui permettre de faire face à se échéances les plus proches. Problème : cette aide s’accompagnera de sévères mesures d'austérité, comme l’a annoncé mercredi le chef de file des ministres des finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker. Seul avantage de ce traitement choc : il permet au Portugal d’emprunter de l’argent à des taux compétitifs et de stopper la dynamique dans laquelle le pays est empêtré.

Pourquoi parle-t-on aussi de l’Espagne ? Pour être les plus rentables, les marchés ne cessent d’anticiper : dès qu’un pays est tombé, ils cherchent aussitôt à savoir quel sera le prochain maillon faible. C’est donc au tour de l’Espagne d’attirer tous les regards : le pays est confronté à une crise du crédit après l’effondrement de son marché immobilier et son économie est en plus très liée à celle du Portugal.