Pédophilie : des conservateurs face à la rumeur

David Cameron a été interpellé lors d'une émission de télévision.
David Cameron a été interpellé lors d'une émission de télévision. © Reuters
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Charles Carrasco avec AFP , modifié à
Des soupçons de pédophilie dans les années 70 et 80 au Pays de Galles secouent les "Tories".

Depuis plusieurs semaines, un nom retient toute l'attention en Angleterre : "Savile", ce présentateur vedette de la BBC, soupçonné de s'être livré pendant 40 ans à des agressions sexuelles sur de jeunes adolescentes. Cette fois, un nouveau scandale de pédophilie touche la classe politique et le parti conservateur de David Cameron. Cette affaire un pris un nouveau tournant lors d'une émission de télévision "This morning", diffusée sur ITV jeudi. Le présentateur Philip Schofield a tendu au Premier ministre une liste de noms de personnalités du parti conservateur, au centre de rumeurs circulant sur la Toile sur des sévices sexuels infligés à des mineurs. 

David Cameron est apparu déstabilisé. Il a pris la liste avant de mettre en garde contre les risques de se perdre en conjecture sur de telles allégations, notamment celles concernant un haut responsable politique dans les années 70-80, soupçonné d'être impliqué dans ce réseau de pédophiles.

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"Une chasse aux sorcières"

"Allez-vous parler à ces gens ?", lui a demandé le présentateur vedette de cette émission. "C'est très grave, Philip", a répondu le Premier ministre qui s'est dit notamment "inquiet" d'une possible "chasse aux sorcières" à l'encontre des "homosexuels". Passablement excédé, David Cameron poursuit : "je suis inquiet par rapport à ce que vous êtes en train de faire : récupérer une liste de noms sur Internet".

"Si quiconque a quelque information que ce soit sur quelqu'un qui est pédophile, quel que soit son rang dans la société", il doit s'adresser "à la police qui est là pour ça", a insisté David Cameron.

Philip Schofield, un ancien présentateur d'émission pour enfants, a ensuite présenté ses excuses pour cette mise en scène lors de laquelle une partie de la liste a été brièvement visible par les téléspectateurs.  "Si un téléspectateur a pu identifier quiconque sur la liste, je tiens à présenter mes excuses et insister sur le fait que ce n'était pas mon intention", a-t-il affirmé.

"Des allégations totalement fausses"

Ce nouveau "déballage" autour de soupçons de pédophilie fait suite à une annonce du gouvernement de l'ouverture de deux enquêtes séparées, l'une sur des allégations de sévices sexuels qui auraient été commis sur des enfants dans des foyers dans le nord du Pays de Galles et l'autre sur celles concernant un homme politique de l'époque de Margaret Thatcher.

Il s'agit de l'ancien trésorier du Parti conservateur, Alistair McAlpine. Vendredi, il a catégoriquement démenti ces allégations, les qualifiant de "totalement fausses". La semaine dernière, le Britannique Steve Messham avait accusé ce proche de la "Dame de fer" de l'avoir agressé sexuellement dans un foyer pour enfants gallois.

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"La folie des médias"

Depuis cette déclaration, les conjectures sont allées bon train au Royaume-Uni pour tenter d'identifier cet homme, et le nom d'Alistair McAlpine a largement circulé sur la Toile. "Je ne me suis jamais rendu dans aucun foyer pour enfants", a-t-il déclaré dans un communiqué vendredi. "Je n'ai pas fait subir de sévices sexuels à Steve Messham, ni à aucun autre pensionnaire au foyer d'enfants de Wrexham", au Pays de Galles, a-t-il ajouté, qualifiant d'"odieux" les abus sexuels sur les enfants. Ces allégations sont "gravement diffamatoires", a-t-il estimé, dénonçant la "folie des médias". "Je dois rétablir les faits", a encore dit ce membre de la Chambre des Lords.

Vendredi, le journal britannique, The Guardian, a pour la première fois cité le nom d'Alistair McAlpine. Toutefois, le quotidien proche de l'opposition travailliste suggère, à partir d'un témoignage, que l'ancien trésorier du Parti conservateur n'était en fait pas impliqué dans ce retentissant scandale d'abus sexuels.