Massacre à Londres : elle ose s'interposer

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Charles Carrasco , modifié à
RECIT - Ingrid Loyau-Kennett, 48 ans, a fait face aux deux meurtriers qui ont tué le soldat britannique.

L'INFO. Sa photo circule depuis ce matin dans tous les médias anglais. Au lendemain du massacre d'un soldat en pleine rue à Londres, l'Angleterre tient peut être son "héroïne" : Ingrid Loyau-Kennett. Si cette chef scout de 48 ans et mère de deux enfants n'a pas pu éviter le drame, elle n'a pas hésité à défier les deux meurtriers qui se sont acharnés sur leurs victimes. Récit.

Elle voit un corps depuis le bus

Elle venait juste de rentrer après un voyage. Elle comptait rendre visite à ses enfants à Plumstead, un quartier de l'est de Londres. Ce mercredi après-midi, lorsqu'elle monte à bord du bus, celui-ci est stoppé dans son parcours. "Je pouvais voir un corps sur la route et une voiture accidentée. Alors j'ai demandé à quelqu'un de garder mes affaires puis je suis descendue pour voir si je pouvais aider", a raconté Ingrid Loyau-Kennett dans une interview au Guardian.

Son récit (en anglais) :

Au moment où beaucoup de passants auraient pris peur, elle a accouru auprès de la victime étendue sur le sol et a tenté de prendre son pouls. "Je n'avais pas de preuves suggérant que quelqu'un avait essayé de lui couper la tête. Et je ne savais pas qu'il était soldat", a-t-elle affirmé.

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 "Il n'était pas drogué"

Ingrid Loyau-Kennett londres 930

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Puis quelques instants plus tard, Ingrid Loyau-Kennett voit arriver un homme noir, un revolver dans une main et une machette dans l'autre. Mais elle a fait face à l'un des deux agresseurs qui avait les mains ensanglantés. "Il n'était pas drogué, n'était pas alcoolique ou saoul, il était juste ébranlé, bouleversé", a-t-elle raconté au Daily Telegraph.  Elle s'est mise alors à discuter avec lui pendant près de cinq minutes. Elle l'a écouté et a retenu qu'il voulait "démarrer une guerre à Londres ce soir". Ingrid Loyau-Kennett veut savoir pourquoi ces hommes avaient fait cela. "Il m'a dit : 'c'est un soldat britannique qui a tué des femmes et des enfants musulmans en Irak et en Afghanistan'", a poursuivi Ingrid Loyau-Kennett.

Puis le ton s'est fait plus menaçant. Elle a tenté de le raisonner. "J'ai dit 'maintenant c'est vous contre une multitude de gens, vous allez perdre, que voudriez-vous faire ?' et il a répondu 'Je voudrais rester et combattre'", a-t-elle encore témoigné.

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Des enfants qui quittaient l'école

Craignant qu'un des meurtriers prennent peur à cause de l’attroupement autour de la scène de crime, elle a approché le second suspect. La chef scout l'a tenu occupé et lui a demandé de rendre ses armes. "J'ai pensé que c'était mieux qu'elles soient pointées vers une personne comme moi plutôt que vers quiconque au moment où des enfants commençaient à quitter l'école", a-t-elle confié au Daily Telegraph.

Puis elle s'est rendue compte que son bus était en train de partir. Elle a ensuite demandé au meurtrier si elle pouvait faire quelque chose pour lui et il a répondu par la négative. Ingrid Loyau-Kennett a fini par remonter dans son bus, sachant que la police était sur le point d'arriver. "J'ai vu une voiture de police et ils ont tiré dans les jambes", a-t-elle confié au Guardian. "Quand les tirs ont commencé, je n'avais pas peur. Mais beaucoup de gens hurlaient et criaient dans le bus", a-t-elle précisé. Elle conclut : "je suis contente d'avoir réussi à faire quelque chose qui a permis d'éviter d'autres problèmes. Je me sens bien maintenant mais je suppose que le choc arrivera plus tard".