Le Canada tremble face à l’arrivée des jeunes Français

Le Canada fait rêver de plus en plus de jeunes Français.
Le Canada fait rêver de plus en plus de jeunes Français. © Maxppp
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Damien Brunon
Samedi, ils seront des dizaines de milliers à réclamer leur place dans le programme “vacance-travail” proposé sur le site de l’ambassade canadienne.

L’INFO. Ils seront près de 40.000 pour un peu plus de 2.000 places. Samedi, des cohortes de jeunes Français seront derrière leurs ordinateur pour tenter d’obtenir leur place pour le programme “vacance-travail” (PVT) au Canada. Lors de la première session d’admission début février, ils étaient tellement nombreux que les serveurs de l’ambassade n’ont pas résisté. Beaucoup de demandeurs ont été éjectés du site et ont insulté l’ambassade sur les réseaux sociaux.

Un PVT, c’est quoi ? Les programme “vacance-travail” (PVT) sont des accords que la France entretient avec un petite dizaine de pays dans le monde (Canada, Australie, Japon, etc). De jeunes Français obtiennent un visa qui leur permet à la fois de travailler et de voyager pendant une année dans ces pays. Ces programmes sont particulièrement prisés pour passer des années sabbatiques à l’étranger.

Une histoire de quota. Pour la plupart des pays, il n’y a pas de limite imposée par les administrations sur le nombre de personnes à accueillir. Mais le Canada fait partie des rares Etats à toujours avoir fixé des quotas qui, dans l’histoire, ont oscillé entre 6.500 et 7.000 personnes par an.

“Chaque année, des ententes sont conclues entre la France et le Canada sur le nombre de place disponible”, détaille Sébastien Francoeur, conseiller à l’immigration à l’ambassade canadienne à Paris, à Europe1.fr. Les candidats doivent constituer un dossier avec lettre de motivation, CV, mais aussi un chèque de quelques centaines d’euros.

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Engouement pour le Canada. Le problème, c’est que depuis quelques années, le nombre de Français qui veulent traverser l’Atlantique explose. Ainsi, en 2010, pour trouver les fameux 7.000 candidats au PVT, l’ambassade canadienne à Paris avait mis 36 jours. Trois ans plus tard, elle avait reçu 10.000 candidatures moins de 48 heures après l’ouverture des candidatures.

Moderniser le système. Avant la session 2014, tous les dossiers étaient gérés manuellement, envoyés par la poste. Les premiers dossiers reçus étaient les premiers traités et donc potentiellement les premiers acceptés. Mais à force de voir les foules de dossier de Français remplir sa boîte aux lettres, l’ambassade s’est décidée à moderniser son système.

“L’ambassade du Canada s’est dit qu’il fallait trouver une nouvelle solution pour gérer les demandes, explique Julie Meunier, cofondatrice du site spécialisé PVTiste.net, à Europe1.fr. C’était un peu moyenâgeux les dossiers papier”. L’administration canadienne a donc appliqué au PVT un logiciel qui avait fait ses preuves pour d’autres procédures.

Les serveurs plantent. Concrètement, on peut remplir un dossier sur le site de l’ambassade en avance. Dès que l’ouveture officielle des candidatures est lancée, on se connecte à son compte et on remplit un formulaire d’inscription.

Problème : lors de l’ouverture des 2.250 premières places de PVT le 1er février dernier, ce sont plus de 41.000 personnes qui se sont connectées au site. “Ca a été une horreur”, confie Sandrine, à Europe1.fr. Cette voyageuse, qui a déjà fait un programme similaire en Australie, pensait qu’elle pourrait s’inscrire sans difficultés.

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En vain, comme énormément d’autres internautes, elle a été tout bonnement éjectée du site de l’ambassade. Elle et son compagnon n’ont jamais pu se reconnecter au serveur. “On a essayé pendant près d’une heure, jusqu’à ce qu’ils envoient un mail pour dire qu’il n’y avait plus de place”, se désole-t-elle.

“On était sur deux ordinateurs branchés à la même connexion Internet. Le site a planté sur l’ordinateur de mon épouse, moi j’ai réussi a m’inscrire”, se rappelle de son côté Fabrice, interrogé par Europe1.fr. Avec sa femme et ses deux enfants, ce trentenaire se voyait bien poursuivre son tour du monde au Canada.

La colère des demandeurs. Au final, beaucoup ont été déçus dans les rangs français. Sur les réseaux sociaux, certains ont déchargé leur haine contre l’ambassade canadienne.

Il faut dire que la frustration est extrême pour ceux qui se sont préparés depuis plusieurs mois à ce voyage et dont l’inscription est bloquée par un bug informatique. “Ca fait quelques années que j’y pense, mais je n’avais pas passé le cap de lancer ma candidature”, détaille Sandrine. Les PVT étant disponibles de 18 à 35 ans pour le Canada, c’est l’une des dernières chances pour cette trentenaire d’obtenir une place dans le fameux programme.

Deux nouvelles chances. Cette année le pays à la feuille d’érable a décidé d’étaler les PVT sur trois distributions. Comme pour la première session début février, l’ambassade a prévenu les candidats sur son site et sur les réseaux sociaux seulement deux jours avant l’ouverture des inscriptions.

Pour se préparer à l’échéance, certains vont chez leurs amis pour profiter d’une meilleure connexion Internet, d’autres demandent conseils à des amis informaticiens. “On n’a pas la pression, on l’a eu la première fois. On avisera s’il n’y a qu’un seul de nous deux qui a le visa”, relativise Fabrice.

Du côté de l’ambassade, on a en tout cas fait tout ce qui était possible pour que les serveurs soutiennent le poids des demandes cette fois-ci. “Les techniciens ont travaillé sur les serveurs et ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour que les inscriptions se passent le mieux possible”, explique Sébastien Francoeur. Cela dit, il ne peut pas promettre qu’il n’y ait aucun problème : “est-ce qu’il pourrait y avoir un ralentissement des serveurs? Ca se pourrait”.

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Trop peu de Canadiens en France. Quoi qu’il arrive, il y aura de toute façon des déçus. Vus les quotas et le nombre de connexion lors de la première session, on peut imaginer que seulement un peu moins d’un candidat sur cinq obtiendra le graal.

Au delà des problèmes techniques, c’est la question des quotas qui est posée. “Les PVT sont un programme basé sur la réciprocité”, explique le conseiller immigration à l’ambassade du Canada à Paris. Si plus de Canadiens venaient en France, cela pourrait peser dans les négociations annuelles entre les deux Etats à propos du programme. Problème : selon les estimations des spécialistes et de l’ambassade, outre-Atlantique, ils sont entre quatre et dix fois moins à être intéressés par l’Hexagone.