La fillette virtuelle "Sweetie" fait condamner un pédophile

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Cette fillette virtuelle avait piégé plus de 1.000 personnes sur internet. Une première condamnation a été prononcée dans cette affaire.

Elle a beau ne pas exister, la petite Sweetie, neuf ans, a permis de faire condamner au moins un pédophile, en Australie. L’ONG Terre des hommes a confirmé mardi l’information à Europe 1. Cette association de défense des enfants avait créé de toute pièce une petite fille virtuelle pour jeter la lumière sur le nombre de prédateurs sexuels agissant en toute impunité sur le web.

En novembre 2013, la branche néerlandaise de l'association suisse Terre des hommes avait révélé avoir identifié plus de 1.000 pédophiles présumés à travers le monde en les appâtant sur des forums de discussion avec l’avatar d’une fillette virtuelle, originaire des Philippines.

Scott Robert Hansen, un délinquant sexuel déjà repéré par la justice australienne, faisait partie des pédophiles piégés, comme le rapporte la BBC. Il a plaidé coupable auprès de la cour de Brisbane. Au cours de son procès, le pédophile a admis avoir envoyé des photos obscènes à Sweetie, ainsi que posséder des photographies d’abus sexuels sur mineurs sur son ordinateur. L’homme a écopé de deux ans de prison, mais sera dispensé de peine après huit mois passés en détention provisoire.

Une conversation glaçante. La BBC a pu se procurer la conversation que Scott Robert Hansen a eue avec Sweetie. Après s’être assuré que la fillette avait bien 9 ans, il lui écrit immédiatement : "J’aime les filles asiatiques, es-tu … un peu d’action" (sic). Rapidement, il continue : " je suis nu, déjà vu un mec nu ?", avant de se livrer à des actes sexuels devant une webcam, alors qu’il pense être observé par une enfant.

L’ONG Terre des hommes, qui a mené cette action sur internet, a livré toutes les conversations à Interpol. Les autorités australiennes ont donc mené une enquête qui a débouché sur cette toute première condamnation. Le juge Ryrie a souligné "l’intérêt prolongé" de Scott Robert Hansen à "viser des enfants de plusieurs manières".

Une victime virtuelle. Et peu importe que Sweetie n’existe pas dans la réalité : "Si vous croyez qu’il s’agit réellement d’une fillette de neuf ans, alors la loi s’applique, ça suffit", a estimé le juge au cours du procès. Hans Guyt, qui a mené le projet Sweetie pour l’association Terre des hommes aux Pays-Bas, se félicite pour Europe 1 qu’il "soit enfin reconnu qu’une fausse petite fille est suffisante pour mettre quelqu’un en prison si elle est approchée par des prédateurs sexuels".

Cette différence est importante, selon l’ONG, puisqu’elle ouvre la porte à une évolution de la loi, "cela crée un précédent", dont on ne sait pour autant pas s’il influencera des juges ailleurs qu’en Australie. Dans de nombreux pays, les forces de police n’ont pas le droit de travailler sous couverture pour des enquêtes sur internet, où se déroule une part importante de la pédophilie dans le monde. Les Pays-Bas sont d’ailleurs entrain de modifier ses textes sur ce sujet.

Selon Terre des hommes, des enquêtes sont en cours en Pologne et aux Etats-Unis, auxquelles collabore l’association. En France, 11 pédophiles présumés ont été identifiés lors de l’opération Sweetie.