Japon: les hommes ont moins d'argent de poche

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avec AFP

La politique de relance du Premier ministre japonais Shinzo Abe a fait le bonheur des boursicoteurs, mais pas encore celui des salariés nippons toujours soumis au régime de rigueur de leur épouse, souligne une étude. Bien que les hommes soient souvent seuls à travailler à plein temps au sein des couples japonais, nombre d'entre eux versent l'intégralité de leur salaire à leur épouse qui gère les comptes familiaux.

Armée de sa calculette, l'épouse rend une fraction de cette paie à son mari sous forme d'argent de poche. Ce phénomène est courant dans l'archipel au point que les économistes utilisent l'évolution moyenne de cette somme comme une variable statistique. D'après une étude effectuée auprès de 1.000 hommes âgés de 20 à 59 ans par la banque Shinsei, l'argent de poche versé en moyenne mensuellement aux maris japonais au début 2013 a baissé à son plus bas niveau depuis 1982.

Ils ont perçu en moyenne 38.457 yens (un peu moins de 300 euros), précise cette enquête annuelle réalisée depuis 1979.  Cette somme a baissé de 3,2% en un an et, surtout, représente moins de la moitié du pécule record reversé par les Nippones à leur époux à la fin des années 1980, en pleine euphorie de bulle financière.

Afin de s'adapter à cette rigueur, les Japonais se sont mis à la diète le midi (518 yens par repas, soit 4 euros en moyenne). Ils ont revanche trouvé un peu de réconfort dans l'alcool en augmentant de plus de 10% leur budget de consommation de bière à l'extérieur après le travail. Cette étude a été publiée au moment où les marchés japonais - mais aussi une frange importante de la population - saluent les efforts de relance du Premier ministre conservateur, Shinzo Abe, une politique surnommée "Abenomics".

"Les Abenomics contribuent à l'amélioration des résultats des entreprises et font grimper les cours des actions en Bourse, mais les hommes salariés, eux, n'ont toujours pas les poches plus remplies", a résumé la banque. Les épouses ne sont toutefois pas les seules à blâmer, car les employeurs de ces messieurs n'ont pas non plus augmenté les salaires, même si le Premier ministre les y incite.

Depuis son retour au pouvoir en décembre, M. Abe a lancé trois "flèches" économiques: des dépenses publiques, un assouplissement monétaire considérable via la banque centrale du Japon et une stratégie de croissance destinée à favoriser l'investissement. Cette politique a pour but de débarrasser le pays de la déflation qui entrave l'économie depuis une quinzaine d'années. Elle a suscité les louanges de responsables étrangers, notamment d'hommes politiques français, opposés à une rigueur jugée excessive.