Gilles Le Guen, ce djihadiste breton

Gilles Le Guen a été capturé par les forces françaises il y a quelques jours.
Gilles Le Guen a été capturé par les forces françaises il y a quelques jours. © Capture Sahara media
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et Didier François, avec AFP , modifié à
PORTRAIT - Ancien officier de la marine marchande, il vivait à Tombouctou depuis 2010.

La personnalité. Gilles Le Guen est un "cas particulier". Ce djihadiste français arrêté dans le nord du Mali par les forces françaises il y a quelques jours n’a pas le profil typique des combattants d’Al-Qaïda. Ce Breton, né à Nantes, a beaucoup voyagé dans la marine marchande. Installé à Tombouctou depuis 2010, celui qui se faisait appeler Abdel Jelil avait réussi à se fondre dans le décor.

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Une carrière dans la marine. Ce quinquagénaire a travaillé comme officier dans la marine marchande, puis pour Médecins Sans Frontières. Après avoir vécu au Maroc et en Mauritanie, Gilles Le Guen s’installe à Tombouctou en 2010 avec sa deuxième épouse, une Marocaine. Vivant chichement, parlant la langue locale, il devient rapidement connu de tous. Il s’occupe de la distribution d’électricité et élève des chèvres. D’après L’Express, Gilles Le Guen, père de cinq enfants, assure s’être converti à l’islam en France, en 1985.

Il devient Abdel Jelil. Quand les djihadistes s’emparent de Tombouctou, Gilles Le Guen se métamorphose. Le Breton se fait appeler Abdel Jelil et poste une vidéo sur Internet dans laquelle il menace la France. Il va jusqu’à offrir sa fille de 12 ans en mariage à un djihadiste tunisien. Un peu avant l'intervention française au Mali, il s'était confié à L'Express, se présentant comme un "marginal" rejetant "l'impérialisme et la société de consommation". "Je suis le chemin tracé par Oussama ben Laden", ajoutait-il. Pour le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, invité mercredi d'Europe 1, Gilles Le Guen n'est autre qu'un "paumé qui devient terroriste". "C'est une dérive individuelle de fanatisme", souligne le ministre.

"On a affaire à un Breton". "C’est un cas particulier parce qu’on a affaire à un Breton et pas à un Français originaire de banlieue ou issu de la deuxième ou de la troisième génération d’immigration", note sur Europe 1 Eric Denécé, spécialiste du renseignement. "Le processus de radicalisation est tout de même assez similaire : c’est ce qu’on appelle la radicalisation par proximité, ou par perméabilité", décrypte-t-il, expliquant : "petit à petit, il est dans le contexte, entouré d’individus radicaux, et ce système finit par se substituer au sien".

Emprisonné par les djihadistes. Paradoxalement, Gilles Le Guen prend la défense des femmes de Tombouctou et reproche à ses nouveaux alliés d’appliquer trop strictement la charia. Il ose s'opposer aux émirs sur l'ouverture d'une prison pour femmes. Ce qui lui vaut d’être emprisonné, car les islamistes le prennent pour un espion français. Son opposition lui vaut aussi la reconnaissance des habitants de Tombouctou, qui l'aident à fuir à l'arrivée des troupes françaises. Abandonné par les islamistes, Gilles Le Guen quitte la ville, seul, dans un 4x4. Avant d’être retrouvé et arrêté par les militaires français.