Fukushima, un "désastre créé par l'homme"

Le 11 mars 2011, un tsunami provoqué par un séisme submergeait la centrale de Fukushima au Japon.
Le 11 mars 2011, un tsunami provoqué par un séisme submergeait la centrale de Fukushima au Japon. © REUTERS
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Sandrine Cochard avec AFP , modifié à
Le rapport officiel sur la catastrophe accable notamment le gouvernement et l'opérateur Tepco.

L'accident nucléaire de Fukushima aurait-il pu être évité ? La question est implicitement posée par le premier rapport officiel sur la catastrophe publié jeudi. "L'accident est le résultat d'une collusion entre le gouvernement, les agences de régulation et l'opérateur Tepco, et d'un manque de gouvernance de ces mêmes instances", épingle ainsi la commission d'enquête mandatée par le Parlement et composée de 10 membres de la société civile (sismologue, avocats, médecins, journaliste, professeurs) .

"Un désastre créé par l'homme"

Un rapport accablant pour Tepco et le gouvernement. Selon ses conclusions, l'ensemble de la catastrophe est "un désastre créé par l'homme" et non pas simplement provoqué par le séisme et le tsunami géant. "Ils ont trahi le droit de la nation à être protégée des accidents nucléaires. C'est pourquoi nous sommes parvenus à la conclusion que l'accident a été clairement créé par l'homme", poursuit le long document de 641 pages.

"Logiques eronnées". "Nous pensons que les causes fondamentales sont les systèmes d'organisation et de régulation qui se sont basés sur des logiques erronées dans leurs décisions et leurs actions, et non pas un problème de compétence d'un individu en particulier", poursuit le rapport, accablant pour le gouvernement et Tepco. La compagnie d'électricité japonaise est même explicitement montrée du doigt.

Tepco sévèrement épinglée

Retards. "La direction de Tepco était consciente des retards dans les travaux antisismiques et des mesures contre les tsunami et savait que Fukushima Daiichi était vulnérable", a souligné la commission.

Il s'agit de la troisième enquête menée sur cette catastrophe. Un précédent rapport, mandaté par Tepco, avait disculpé la puissante compagnie d'électricité de toute responsabilité, en affirmant que la puissance du séisme et l'ampleur du tsunami dépassaient toutes les prévisions et ne pouvaient pas être raisonnablement envisagées. "Cela ressemble à une excuse pour échapper à ses responsabilités", a répliqué la commission.

"Pas réagi suffisamment vite"

D'importants manquements. "Bien qu'ayant eu de nombreuses occasions de prendre des mesures, les agences de régulation et la direction de Tepco n'ont délibérément rien fait, ont reporté leurs décisions ou ont pris des mesures qui les arrangeaient", a-t-elle ajouté. Une précédente enquête avait ainsi épinglé l'absence de plan de catastrophe tandis qu'une enquête détaillée effectuée par des experts de l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA) avait souligné plusieurs manquements, que ce soit avant ou après le tsunami qui a endommagé la centrale voici trois mois.

Le rapport d'enquête reproche également à l'opérateur de ne pas avoir réagi suffisamment vite dans les premières heures de l'accident."Cela ne doit pas être attribué à des problèmes d'individus sur le site, mais à des problème structurels de Tepco", a-t-il relevé.

L'ex-Premier ministre auditionné. Présidée par le professeur Kyoshi Kurokawa, la commission a interrogé les principaux acteurs de l'époque et mené des investigations depuis décembre 2011. Le Premier ministre au pouvoir au moment des faits, Naoto Kan, a ainsi reconnu lors de son audition en mai la responsabilité de l'Etat dans la catastrophe, mais a défendu la façon dont il a géré la crise tout en admettant quelques cafouillages.