Florence Cassez, six ans de cauchemar

Florence Cassez sera fixée sur son sort mercredi.
Florence Cassez sera fixée sur son sort mercredi. © REUTERS
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avec AFP , modifié à
La Française, arrêtée en 2005 et condamnée, n’a jamais cessé de clamer son innocence.

Le feuilleton judiciaire touche-t-il à sa fin ? Mercredi, la Française Florence Cassez, emprisonnée au Mexique depuis 6 ans, verra son cas examiné par la Cour suprême du pays, qui peut décider de sa libération immédiate. Condamnée à 60 ans de prison, notamment pour enlèvements, Florence Cassez, 38 ans, n’a cessé de clamer son innocence depuis le jour où sa vie a basculé.

Le 9 décembre 2005, des millions de téléspectateurs mexicains assistent, soi-disant "en direct" à l’arrestation de la jeune femme et de son ex-compagnon, Israel Vallarta, soupçonné d’être à la tête d’un groupe ayant commis plusieurs enlèvements et un meurtre. Florence Cassez et Israel Vallarta affirment avoir en réalité été arrêtés la veille et dénoncent une mise en scène préparée pour la télévision.

"Florence la diabolique"

Pour les Mexicains, Florence Cassez, originaire de Béthune, dans le Nord, devient "Florence la diabolique". Cette jeune femme aux yeux verts est arrivée au Mexique en 2003 pour rejoindre son frère, Sébastien, qui lui présente Israel Vallarda. Florence Cassez s’installe avec cet homme pendant un an, dans son ranch de Las Chinitas, près de la capitale mexicaine.

Aux enquêteurs, elle explique n’avoir jamais rien su des liens qu’entretenait son ex-compagnon avec les milieux criminels. Celui-ci assure qu’elle est innocente. Le 27 avril 2008, Florence Cassez est tout de même reconnue coupable de quatre enlèvements, d’association de malfaiteurs et de possession d’armes, et écope d’une peine de 96 ans de prison.

Le soutien d’un ancien ministre

Un an plus tard, la jeune Française, qui a fait appel, voit sa peine passer à 60 ans d’incarcération. Dans la foulée, la question d’un transfèrement est évoquée lors d’une visite officielle de Nicolas Sarkozy dans le pays. Mais quelques semaines plus tard, l’idée, très impopulaire dans la presse mexicaine, est rejetée par le président Felipe Calderon.

Florence Cassez se dit "anéantie" par cette décision, rapporte Libération. Ses avocats déposent un pourvoi en cassation, qui est rejeté début 2011. Entre temps, un ancien ministre de la Justice du pays se dit "convaincu" de l’innocence de la jeune femme, qui reçoit aussi le soutien de l’Eglise catholique mexicaine.

Brouille entre Paris et Mexico

L’affaire tourne à l’incident diplomatique en mars 2011, quand l’année du Mexique en France est annulée. Mexico ne supporte en effet pas que Paris souhaite "dédier" la manifestation à Florence Cassez. Au même moment, l’avocat mexicain de celle-ci tente un ultime recours et demande à la Cour suprême du Mexique une révision pour inconstitutionnalité du procès.

Dans le pays, le vent commence en outre à tourner. Un temps vue comme la "Française diabolique", Florence Cassez devient peu à peu un cas emblématique des dysfonctionnements de la justice au Mexique et reçoit de nouveaux soutiens de la part d’éditorialistes, de juristes et d’intellectuels, comme l’écrivain Carlos Fuentes.

Pour la première fois, un espoir

"J’ai envie d’y croire", confiait-elle en janvier à Europe 1. Le 7 mars dernier, l’affaire connaît un nouveau rebondissement, pour la première fois favorable à la jeune femme : le rapporteur de la Cour suprême mexicaine, Arturo Saldivar, propose sa libération "immédiate et absolue". Il estime en effet que les droits de Florence Cassez n’ont pas été respectés durant l’instruction et que la procédure entière a été viciée.

Pour la jeune femme, rien n’est encore gagné, puisque qu’elle doit encore recueillir trois voix, sur les cinq juges de la première chambre. "La seule sortie possible, c’est maintenant par le haut", confiait-elle à l’Agence France-Presse en décembre, attendant "une main qui viendrait [la] sortir de là, la main de la vérité".