Farc : dans les coulisses des négociations

Une nouvelle brigade de l'armée colombienne chargée de lutter contre les Farc.
Une nouvelle brigade de l'armée colombienne chargée de lutter contre les Farc. © REUTERS
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Charles Carrasco , modifié à
Ces discussions, déjà retardées, sont lancées dans la discrétion et la confusion la plus totale.

L'incertitude place toujours autour de cette négociation. Les membres de la délégation du gouvernement colombien et ceux représentant les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) ne sont toujours pas arrivés, lundi, à Oslo, la capitale norvégienne qui doit accueillir la quatrième tentative d'accord de paix de la rébellion marxiste. "Pour l'instant, il n'y a de communication officielle sur rien", a simplement déclaré une source gouvernementale.

• Les acteurs officiels retardés. La délégation du gouvernement colombien, menée par l'ancien président Humberto de la Calle, qui devait partir de Colombie lundi, a pris du retard. La raison officielle serait des pluies torrentielles qui ont frappé le pays et qui ont perturbé le trafic de l'aéroport El Dorado de Bogota.

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La date d'arrivée de la délégation des Farc est toute aussi incertaine. Avant de partir pour Oslo, leurs membres se retrouvent à la Havane, la capitale cubaine, pour prendre un avion commun à destination de la capitale norvégienne. Selon les médias colombiens, ce retard peut s'expliquer par le fait que la situation judiciaire de chaque guérillero doit être examinée par les autorités colombiennes et norvégiennes. Le gouvernement du président Santos a d'ores et déjà levé les éventuels mandats d'arrêt qui pèsent contre certains d'entre eux. Mais d'autres craindraient d'être capturés lors de ce voyage.

Le chef des Farc, Timoleon Jimenez alias "Timochenko", a déploré des "retards imprévus" liés aux mandats d'arrêt visant toujours, selon lui, les représentants de la guérilla attendus à Oslo. Il a toutefois assuré sa volonté de maintenir les négociations, qualifiant ce processus de "réalité" en vue de la "réconciliation entre les Colombiens". "Nous allons à Oslo ou ailleurs pour installer (la table de négociations) avec l'émotion de donner un nouvel élan plus fort au dialogue", a insisté le chef des Farc.

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L'invité surprise ? Autre raison avancée pour expliquer le retard de la délégation des Farc : "l'ajout au dernier moment d'un nom sur la liste des négociateurs de la guérilla", précise El Espectador. Il s'agit de Tanja Nijmeijer, une Hollandaise, qui est la seule membre européenne connue de la guérilla colombienne. Selon le quotidien colombien, son nom aurait été rajouté sur la liste, contre l'avis du gouvernement colombien, par Ivan Marquez, le chef des négociateurs et numéro deux dans l'organigramme du groupe armé.

Un absent ? L'un des guérilleros, Ricardo Palmera, alias "Simon Trinidad", qui fait partie de l'équipe de négociateurs des Farc, purge actuellement une peine de soixante ans aux Etats-Unis pour séquestration. Il pourrait être absent physiquement des négociations. Sa présence dépend des autorités américaines qui pourraient lui proposer des moyens de téléconférence afin de participer aux débats mais seulement à une "étape ultérieure", relate El Pais.

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Le savoir-faire norvégien. La Norvège est un habitué des négociations délicates. Elle a accueilli des pourparlers dans les conflits israélo-palestinien, soudanais ou guatémaltèque. Ce savoir-faire et la discrétion qui entourent ces négociations constituent d'ailleurs des éléments très "positifs", selon El Pais. "Le secret est l'une des composantes essentielles des négociations. A chaque fois que nous interrogeons les officiels sur les discussions qui doivent avoir lieu à Oslo, la réponse tombe, toujours identique : pas de commentaire", a constaté le quotidien espagnol, qui précise que ce silence montre que "quelque chose de sérieux se déroule".

Le lancement de la négociation. Les réunions doivent se tenir dans un lieu lui aussi tenu secret, à environ une heure trente d'Oslo. Une seule déclaration publique est prévue mercredi. Elle se tiendra en présence du ministre des Affaires étrangères norvégien ainsi que des délégués du Venezuela, de Cuba et du Chili. Elle devrait avoir lieu dans un hôtel en présence d'une cinquantaine de journalistes. Cette déclaration devrait véritablement lancer le processus de paix qui se poursuivra plus tard à Cuba. Selon El Espectador, les deux parties ne devraient pas "poser" ensemble lors de cette déclaration et devraient faire une conférence de presse séparée.