Égypte : "On ne veut pas de l'armée"

La mobilisation place Tahrir entame son dixième jour
La mobilisation place Tahrir entame son dixième jour © Reuters
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avec François Clauss , modifié à
A la veille de l'élection législative, la place Tahrir réclame toujours le départ de l'armée "corrompue".

"L'armée dehors" scande la place Tahrir. Les héros d'hier, grâce à leur bienveillante neutralité, qui ont aidé à la chute du despote, Hosni Moubarak, sont devenus la cible à abattre. A peine vingt-quatre heures avant le lancement du premier scrutin législatif en Egypte, les appels à manifester se sont multipliés. La mobilisation promet d'être au rendez-vous.

"En tant qu'ancien militaire je peux vous dire que c'est l'institution la plus corrompue du pays. Des budgets opaques, trafiqués qui n'ont rien à voir avec la réalité. Il faut sortir de ce système", insiste sur Europe 1, Mourad qui a passé 14 ans dans l'armée de l'air.

"Il faut sortir de ce système":

Mais, le peuple de la place symbole du Caire, ne fait pas d'amalgame.

"On ne combat pas l'armée. On combat le Conseil suprême de l'armée qui n'est pas l'armée. L'armée elle-même fait partie du peuple égyptien. On ne rejette pas du tout l'armée. On veut que l'armée reste mais pas qu'elle soit au pouvoir", poursuit un Cairote. 

Des millions détournés

Financée grâce au 1,3 milliard de dollars que verse chaque année l'allié américain, les officiers supérieurs et le clan Moubarak durant en 30 ans ont détourné des millions. Réinvestis dans le tourisme et l'énergie, ils possèderaient aujourd'hui 40% des richesses du pays. Jamais le budget de l'armée n'a été soumis au parlement.

"Que les membres du conseil suprême des forces militaires veillent se placer au dessus de la constitution, c'est la preuve qu'ils sont corrompus", accuse un manifestant de la place Tahrir.

C'est tout l'enjeu de la révolution : faire émerger un nouveau pouvoir civil pour contrôler et redistribuer les richesses d'un pays de 84 millions d'habitants.