La place Tahrir est en ébullition

Des centaines de milliers de manifestants réclament le départ du pouvoir des militaires au Caire, sur la place Tahrir.
Des centaines de milliers de manifestants réclament le départ du pouvoir des militaires au Caire, sur la place Tahrir.
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et François Clauss , modifié à
Les manifestants réclament le départ des militaires, à la tête du pays depuis la révolution.

Des centaines de milliers d'Egyptiens continuent d'affluer place Tahrir au Caire vendredi. Ils réclament le départ des militaires qui ont succédé à Hosni Moubarak à la tête du pays, depuis la révolution de février dernier.

Mohamed El Barradeï, probable candidat à la présidentielle, et plusieurs personnalités sont venus leur prêter main forte. Les troupes des Frères musulmans sont également venus grossir les rangs des manifestants vendredi à l'occasion de la grande prière.

'Les militaires dans les casernes"

Tous sont unis autour d'un seul mot d'ordre : "Les militaires dans leurs casernes". "On a vu que les militaires contrôlent tout ce qui se passe dans le pays", témoigne Mohammed au micro d'Europe 1. "On veut une vie civile, pas un pays militaire", ajoute le jeune homme, âgé de 19 ans.

Derrière cette unité de façade, la place Tahrir est cependant traversée par de profondes divisions. "Nous avons gagné notre droit au vote, prenons-le", disent les plus jeunes, soutenus pas les Frères musulmans. Ces derniers, sûrs de leurs force, sont persuadés qu'ils seront les grands vainqueurs des élections législatives organisées lundi.

"La crainte d’une démocratie mascarade"

En revanche, le noyau de la révolution, composé d'intellectuels plus âgés et d'artistes est lui nettement plus méfiant face au scrutin. Ils redoutent une démocratie "mascarade" dans un scrutin où sont encore représentés massivement les anciens dignitaires du pouvoir.

En gage de sa volonté de participer à la transition démocratique, le Conseil suprême des forces armées  a annoncé vendredi matin la nomination de  Kamal Ganzouri à la tête d'un "gouvernement de salut national". Ancien Premier ministre d'Hosni Moubarak, il doit remplacer le cabinet d'Essam Charaf, qui a démissionné lundi après les manifestations contre l'armée.

Kamal Ganzouri, qui a indiqué disposer de plus de pouvoirs que ses prédécesseurs, a affirmé que le nouveau gouvernement ne serait pas annoncé avant le début lundi des élections législatives.

L'entrée du siège du gouvernement bloqué

Vendredi dans l'après-midi, des centaines de manifestants hostiles au pouvoir militaire ont bloqué l'entrée du siège du gouvernement afin d'empêcher le nouveau Premier ministre Kamal el-Ganzouri d'y pénétrer. Une nouvelle manière de protester contre l'hégémonie de l'armée qui a nommé comme Premier ministre un ancien chef de gouvernement sous Hosni Moubarak.