Ce qu’on sait des exactions au Mali

© REUTERS
  • Copié
avec Reuters , modifié à
Deux ONG publient un rapport, trois semaines après l’arrivée des forces françaises au Mali.

RESUME. Les ONG Amnesty International et Human Rights Watch accusent l'armée malienne d'avoir procédé à des exécutions sommaires lors de la poussée des forces djihadistes vers le sud du Mali et de la contre-offensive engagée le 11 janvier par la France. Elles imputent également des exactions aux groupes islamistes armés qui s'étaient rendus maîtres du Nord-Mali au printemps dernier.Qu'y-a-t-il dans ces rapports ? Europe1.fr fait le point.

Des civils tués à Kona. Amnesty International dit avoir réuni des preuves établissant qu'au moins cinq civils, dont trois enfants, ont trouvé la mort lors d'un bombardement aérien mené le 11 janvier à Kona dans le cadre de l'opération conjointe menée par les forces françaises et maliennes, sans pouvoir préciser quelle armée en porte la responsabilité.

Un responsable du ministère français de la Défense a indiqué à Amnesty que les frappes françaises n'avaient pas débuté avant 16h30 ce 11 janvier. Mais un représentant de la mairie de Konna et un colonel de l'armée malienne ont déclaré pour leur part que l'opération commune franco-malienne avait débuté dans la matinée du 11 janvier.

Amnesty demande donc à ce qu’une enquête soit ouverte pour savoir qui a mené cette attaque.

Des corps jetés dans un puits. Selon les enquêteurs d’Amnesty International, qui se sont rendus dans les villes de Ségou, Sévaré, Niono, Konna et Diabali, le 10 janvier, à la veille du déclenchement par la France de l'opération Serval, l'armée malienne a arrêté et exécuté une vingtaine de civils, principalement dans la ville-garnison de Sévaré, près de Mopti. Plusieurs corps auraient été jetés dans un puits, ajoutent ces témoins, ce que disent également les habitants interrogés par Human Rights Watch (HRW). Selon HRW, au moins 13 personnes ont été exécutées sommairement et cinq autres ont disparu entre le 9 et le 18 janvier à Sévaré, Konna et dans les villages environnants.

Les deux organisations réclament l'ouverture immédiate d'une enquête indépendante et impartiale.

Des soldats exécutés par les islamistes. Les rapports mettent également en exergue des exécutions extrajudiciaires commises par les islamistes armés. HRW assure que des groupes islamistes armés à Konna ont exécuté au moins sept soldats maliens, dont cinq étaient blessés, et forcé des enfants à combattre. A Diabali, près de la frontière mauritanienne, des combattants islamistes sont accusés d'avoir exécuté sommairement les 14 et 15 janvier cinq soldats maliens blessés dans les combats ainsi qu'un civil, selon Amnesty International.

Le recrutement d’enfants-soldats. Des enfants âgés pour certains de dix ans ont été recrutés de force et HRW cite, dans son rapport, des habitants de Konna selon qui au moins trois enfants enrôlés par les islamistes ont été tués pendant les affrontements.