Berlusconi plonge l'Italie dans une nouvelle crise

Silvio Berlusconi, qui avait indiqué quelques minutes plus tôt avoir demandé aux ministres PDL d'envisager une démission immédiate, juge qu'Enrico Letta a enfreint le "pacte de coalition" unissant le Parti démocrate (centre gauche, dont Letta est issu) et Peuple de la liberté.
Silvio Berlusconi, qui avait indiqué quelques minutes plus tôt avoir demandé aux ministres PDL d'envisager une démission immédiate, juge qu'Enrico Letta a enfreint le "pacte de coalition" unissant le Parti démocrate (centre gauche, dont Letta est issu) et Peuple de la liberté.
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Charles Carrasco avec agences , modifié à
Les ministres membres du parti de l'ancien président du Conseil ont démissionné samedi.

L'INFO. L'Italie est à nouveau plongé dans une crise politique. Les ministres appartenant au parti Peuple de la liberté (PDL) de Silvio Berlusconi ont démissionné à sa demande du gouvernement de coalition que dirige Enrico Letta, a annoncé samedi le vice-président du Conseil et dirigeant de PDL Angelino Alfano, cité par l'agence de presse italienne Ansa. Ils ont jugé "inacceptable" et "irrecevable" "l'ultimatum" du président du Conseil Enrico Letta, qui avait demandé vendredi une clarification devant le Parlement au sujet du soutien du centre-droit à son gouvernement de coalition, a indiqué le porte-parole de Angelino Alfano.

Silvio Berlusconi, 930

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Le "Cavaliere" critique l'action d'Enrico Letta. Silvio Berlusconi, qui avait indiqué quelques minutes plus tôt avoir demandé aux ministres PDL d'envisager une démission immédiate, juge qu'Enrico Letta a enfreint le "pacte de coalition" unissant le Parti démocrate (centre gauche, dont Letta est issu) et Peuple de la liberté. Il lui reproche notamment d'avoir réclamé un vote de confiance au Parlement et d'avoir gelé dans l'intervalle toutes les décisions du gouvernement.

Le geste "fou" de Berlusconi. Cette nouvelle crise, cinq mois à peine après la naissance au forceps d'un gouvernement de large entente, est le produit de la possible éviction de Berlusconi du Sénat à la suite de sa condamnation définitive, prononcée en août par la Cour de cassation, pour fraude fiscale dans l'affaire Mediaset. Une commission sénatoriale doit se réunir le 4 octobre pour se prononcer sur une éventuelle déchéance du "Cavaliere". Samedi, ce démocrate de gauche qui dirige depuis cinq mois une improbable coalition droite-gauche, a qualifié la décision de ces ministres de "geste fou et irresponsable, entièrement destiné à protéger les intérêts personnels" de Silvio Berlusconi.

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Opposition sur la TVA. Vendredi, Enrico Letta, rentré précipitamment de New York pour affronter la crise politique, avait convoqué un conseil des ministres pour tenter d'obtenir des ministres PDL qu'ils entérinent des mesures budgétaires, au nombre desquelles un relèvement du taux de TVA de 21 à 22%. Cette hausse de la TVA, décidée par le gouvernement précédent, devait entrer en vigueur au 1er octobre, mais les ministres membres du PDL, qui a mené campagne contre le relèvelement de la TVA, ont maintenu leur opposition.  A l'issue du conseil des ministres, Enrico Letta a annoncé que toute décision sur les mesures budgétaires était suspendue en l'attente du vote de confiance.

Que va-t-il se passer ? Dans la soirée, l'ancien président du Conseil Mario Monti -dont le mouvement appartient à la majorité-  a assuré Enrico Letta qu'il l'aiderait à trouver des "solutions crédibles". Beppe Grillo, l'ancien comique qui dirige le mouvement anti-partis "Cinq étoiles", a pour sa part souhaité de nouvelles élections, et réclamé la démission du président Giorgio Napolitano, qui a donné mandat à Enrico Letta pour un gouvernement alliant la gauche au milliardaire qui conditionne la vie politique italienne depuis près de vingt ans.

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Les jeux politiques sont ouverts et incertains : Enrico Letta pourrait tenter de former un deuxième gouvernement, en comptant sur des défections diverses et des soutiens dans les formations à gauche de l'échiquier politique. Mais sa majorité risque d'être fort réduite. Les marchés pourraient réagir négativement à l'évolution de la troisième économie de la zone euro, qui peine à sortir de la crise. Le Fonds monétaire international (FMI) avait estimé vendredi que l'instabilité politique en Italie constitue "un grand risque" pour sa croissance.

L'hypothèse de nouvelles élections est improbable car un nouveau scrutin risque d'aboutir à une impasse aussi grande, faute d'une modification de la loi électorale. Le rôle de Giorgio Napolitano, comme arbitre de la crise, sera essentiel dans les prochains jours. "Nous n'avons pas besoin de campagnes électorales en jet continu, nous avons besoin d'un parlement qui discute et travaille", avait-il déclaré samedi avant l'annonce de la démission des ministres.